SOIREE N°2 • "au bal masqué, ohé ohé"

Maxyne appréciait fortement d'être entourée d'une si jolie jeune femme et d'un si séduisant jeune homme. On ne pouvait rêver à un meilleur encadrement. Lorsque la femme féline lui demanda si elle l'avait mise mal à l'aise, Maxyne trouva le moyen de ne point répondre, reportant son attention sur le nouvel arrivant. N'en délaissant cependant pas son interlocutrice, Maxyne lui adressa un franc clin d'oeil, censé lui faire comprendre qu'elle n'était pas si gênée qu'elle semblait l'être. Puis, alors que Maxyne plongea son regard dans celui du jeune homme qui les avait rejoint à l'instant, celui-ci lui demanda si une présence masculine la dérangait. Maxyne laissa échapper quelques petits rires puis s'exclama : « Le jour où je refuserai la compagnie d'un si bel homme ... C'est que je serai devenu totalement sénile. » Elle adressa aussitôt un sourire à ses deux camarades, mais une nouvelle annonce du Maitre vint bouleverser la suite de la soirée.

Le nom du candidat qui recevrait le privilège mis en jeu allait tomber. Sans tarder, celui-ci se fit connaitre : Apollinaire. Maxyne chercha le jeune homme du regard, cherchant tout simplement un masque assez classe pour avoir été élu plus beau masque de la soirée. Lorsqu'elle pensa l'avoir enfin reconnu, elle réalisa que ce privilège tombait plutôt mal pour elle. Offrir au jeune homme la possibilité d'obtenir trois indices sur le secret de la personne de son choix risquait de la placer dans une mauvaise posture. Rien ne garantissait qu'Apollinaire la désignerait, mais il fallait être logique : elle avait vidé sa cagnotte en découvrant son secret, il serait donc logique qu'il veuille lui rendre la pareille. C'est donc légèrement tendue que la jeune femme attendit le nom de la personne qu'Apollinaire citerait finalement.

Embrasser tout en portant un masque était loin d'être chose facile, mais je ne préférais pas l'enlever pour l'instant. Je savais qu'une fois que ma protection de tissu ne recouvrirait plus mon visage, je reviendrais cette petite chose torturée entre deux hommes, ne sachant pas profiter de son aventure, et surtout des merveilleux mâles s'y trouvant. Pour le moment, j'étais sous la couverture de "l'amante trompant son fiancé", et le mystérieux jeune homme, "le fiancé volage". Tout était parfait, tellement parfait que je ris de sa remarque... Un abonnement ? Ce n'était pas une mauvaise idée. D'autant plus que je pris grand plaisir à entrouvrir sa chemise, bouton par bouton, commençant par le haut. Mes gestes lents n'eurent d'effet que de me consumer petit à petit. Au fur et à mesure de mon évolution, j'avais entendu qu'au salon l'annonce du vainqueur du concours avait été effectuée. Je n'avais entendu qu'un Apol... mais il n'y en avait pas trente-six. Apollinaire. Félicitations à lui, il devait sans doute le mériter. Encore fallait-il que je l'eus reconnu... Mais mes pensées étaient pour l'instant toutes concentrées sur lui. Sur l'homme. Savait-il qui j'étais ? Avait-il vraiment conscience de ce que nous étions en train de faire ? Je ne le saurais pas, mais pour l'instant mes paumes pouvaient apprécier pleinement la chaleur de son torse nu. Je me mordis la lèvre à mon tour, tic qui semblait récurrent chez nous deux. Le rouge commença à me monter aux joues... Pas que je me sente coupable, oh non. Mais la soirée m'aurait emportée avec elle. Je n'attendais plus qu'il me mette à nue également, mais peut être devrions-nous continuer cette petite scène... hors des caméras ? Je ne saurais lui proposer maintenant, nous étions si bien.

Alors qu’il flirtait avec sa cavalière, le maître refit son apparition. Apparemment, il comptait annoncer le grand gagnant du privilège. Jusqu’à maintenant, Apollinaire ne s’en était pas soucié une seule seconde. Il était venu ici dans l’esprit de casser une image alors réfléchir au privilège avait été loin, très loin de son esprit. Mais c’est bien son prénom que le maître prononça. Il mit un certain temps avant de comprendre les choses. Quand ce fût chose faite, il arrêta de danser mais garda sa cavalière près de lui. A dire vrai, les choses étaient maintenant étranges. On savait parfaitement qui il était puisqu’il devait faire un choix. Il préféra ne pas y penser, pour l’instant. « Maxyne, bien évidemment. » répondit-il. Si il y avait un quelconque moyen de reprendre son argent, il devait sauter sur l’occasion. Il se retourna aussitôt vers sa cavalière, qui maintenant avait vent de son identité.

Walter observait depuis un bon moment déjà. Il fallait dire que le londonien n'avait pas grand chose d'autre à faire, étant donné que personne n'avait daigné l'approcher et jouer les avenants à l'égard de personnes qui ne l'intéressait pas, c'était pour lui jouer les hypocrites, soit, c'était impensable ! Il se demandait en fait où il y avait eu un malentendu entre le maître du jeu et les candidats. Ils étaient tous en train dse s'embrasser et se bécoter dans tous les coins de la pièce, définitivement, le brun avait réellement du mal à comprendre le but qu'ils s'étaient fixés en participant à cette émission, de plus, ils avaient de bien spéciales manière de s'amuser, heureusement que Walter se respectait assez pour ne pas s'afficher en train de prêter ses lèvres à l'une de ces détraquées en manque d'amour ou de sexe, c'était selon. C'était tout du moins l'image qu'elle faisaient passer et le londonien était le mieux placé pour le constater, il était le seul dans l'assemblée à s'être positionné en tant que spectateur. Plus les minutes passaient, plus l'envie de traduire le fond de sa pensée oralement le démangeait d'autant. Entre temps, Apollinaire gagnait trois indices à propos d'un seul et même secret mais c'était si peu important par rapport aux embrassades et au rentre-dedans des joyeux-masqués-dévergondés. Blasé, il prit finalement la parole, pensant plus tout haut qu'autre chose : « Personnellement, je ne trouve aucune concordance phonétique entre bal masqué et club échangiste mais il doit bel et bien y avoir eu un malentendu, qu'on se le dise. » Ensuite, toujours au summum de la nonchalance, Walt croisa les bras.

Au moment où le Maitre annonça qu'Apollinaire avait remporté le privilège mis en jeu, une certaine appréhension s'empara de Maxyne. La jeune femme craignait d'être désignée par le jeune homme afin qu'il reçoive trois indices concernant son secret. Elle qui est d'habitude plutôt joueuse voyait cela d'un mauvais oeil. Mais passons. Alors qu'elle croyait avoir encore un infime chance d'échapper à cela, elle entendit son nom retentir de la bouche du concerné. Et voilà. La jeune femme poussa un lourd soupire. N'importe qui n'aurait pas sauté de joie si il avait été à sa place, c'était normal de réagir ainsi, non ? La jeune femme se résigna finalement à accepter son sort, elle ne pouvait rien faire contre de toute manière. Et si ces indices amenaient Apollinaire à la buzzer, et bien soit, qu'il en soit ainsi. La jeune femme avait assez confiance en son secret pour penser que trois minables indices ne suffiront pas à le percer à jour, même pas un garçon aussi futé qu'Apollinaire.

La scène lui plaisait. Ces quelques mots sonnaient comme une évidence, ce n’était pas pour rien que Ginger l’avait titillé à ce propos. Le candidat semblait vouloir entrer dans le jeu de la coiffeuse, puisqu’il n’hésita pas une seule seconde à engager la séduction. Qu’importe l’identité du candidat, Ginger s’en fichait plutôt pas mal, après tout la plupart des hommes du château était plus qu’agréable à regarder. « Ne le sois pas trop. Je ne change guère ma façon de voir les choses : miss yeux bleus m’a imposé ta présence. Mérite la mienne. » lâcha-t-elle, toujours aussi provocante. Maxyne ne refusa pas sa compagnie, bien heureusement, c’était elle qui l’avait invité à se joindre à elles, sans guère demander l’avis de Ginger. Toujours la main sur la nuque du candidat, elle se recula lorsque le Maître apparut à nouveau sur le grand écran. Le nom du gagnant tomba : Apollinaire. Ginger en était ravie, mais montrer sa joie ficherait en l’air tout ce petit manège. Son identité devait rester secrète jusqu’au bout, même si elle n’était pas bien difficile à reconnaître. Lorsque Apollinaire annonça le prénom de Maxyne, Ginger ne put s’empêcher de dire à ses deux compagnons de soirée. « Y’en a une pour qui ça chauffe fortement maintenant. » Puis, soudainement, un candidat, Walter sans nul doute, prit la parole suffisamment fort pour que Ginger l’entende. Elle se tourna alors vers l’assemblée, plus qu’étonnée par de tels propos. C’est alors qu’elle remarqua le déroulement de la soirée chez les autres candidats. Par deux, par trois, les candidats s’amusaient à flirter. Une idée semblable à celle qu’avait eu Ginger en provoquant Maxyne. Haussant les épaules, elle n’accorda guère plus d’importance aux propos de Walter. Qui dit mystère, dit apprendre à connaître l’autre. Et la séduction était un moyen comme un autre de tester son compagnon pour mieux trouver son identité.

Apollinaire a écrit:

Sa cavalière entra dans son jeu, à la lisière du flirt. Elle ne semblait pas s’offusquer de la tournure que prenait cette danse et c’était tant mieux. Il ne ressentait donc aucune gêne à jouer ainsi, à faire sortir une autre facette de lui qu’il ne connaissait pas. La pire des choses auraient sans doute été de constater que la candidate ne souhaitait pas jouer avec lui, même pour une soirée. Elle lui avoua être intriguée, Apollinaire en fût ravi. Il avait généré chez elle ce sentiment qui ne ferait qu’attiser à peu plus sa curiosité à son égard. C’est-ce qu’il voulait. La faire se questionner sur celui qui menait les pas de danse. Lui. Il se perdit un instant dans le regard de sa cavalière, sourire aux lèvres. Elle n’avait encore rien vu, c’était certain. « Capturer tes lèvres serait un bon remède.. » répondit-il, sans baisser les yeux. Il voulait voir sa réaction. Si Apollinaire allait trop loin ? Il n’en avait pas conscience. Et ce n’était pas le but de cette soirée après tout ? Il remonta ses doigts le long de sa colonne en l’effleurant juste, en continuant de danser. Il se fichait bien de savoir qui gagnerait le privilège, comme il se fichait de ce qui l’entourait.

" Je préfère te laisser imaginer le goût de mes lèvres " lui répondis-je tout bas. Peu après, William apparut sur l'écran, annonçant le nom du grand gagnant. Apollinaire était donc celui qui avait le plus beau masque puisque William annonça son prénom. Intriguée, je me mis à le chercher dans la pièce jusqu'à ce que mon cavalier ne réponde à William. Ainsi, le "mystérieux" inconnu était Apo. C'est pas plus mal. De mon côté, je préférais qu'il ne sache pas qui j'étais mais je me permis de lui dire un petit " Félicitation mon beau " avant de l'embrasser sur la joue. Sans surprise, il demanda à avoir des indices sur le secret de Maxyne. C'est vrai qu'elle avait trouvé son secret et surement voulait-il se venger.

Fondant sous les paumes de Lucy, Gabriel n'écouta aucune annonce du Maître dont la voix semblait bien lointaine. Les masques n'aidaient pas vraiment, mais une chose parvint à l'esprit du jeune homme qui se demandait si Lucy était véritablement sûre de ce qu'elle entreprenait ; après tout, cette volupté était loin d'être son genre. Quoi que, si elle s'y adonnait, c'était que cela devait faire partie d'elle, au fond. Mais une chose était certaine pour lui ; la jeune femme regretterai qu'ils allaient plus loin, même si l'influence du masque lui faisait penser le contraire. Il était temps pour lui de la mettre face à la réalité de ses actes -bien que cela lui fende le cœur, lui qui prenait vraiment goût à ce jeu d'identités cachées et de caresses sensuelles. Les yeux fermés, Gabriel déposait un nouveau baiser sur les lèvres de Lucy ; ses mains, elles, s'attelaient à ôter le masque de la demoiselle. Cette caresse terminée, il mit le masque de la jeune femme entre les mains de celle-ci. Il se redressa, et dévoila son propre visage. Avant qu'elle ne réagisse, Gabriel lui adressait un clin d'oeil. Sur ce, il l'embrassa une dernière fois, et l'abandonna ici. Il en avait terminé avec cette soirée.