ENTRÉE DES CANDIDATS - [27/06 - 19H30]

Au début, il la suit la môme. Il a ses mains plongées dans les poches de son jeans dégueulasse en comparaison des tenues plus recherchées de ses camarades, mais ce qui est bien avec Lajak, c’est qu’il n’est jamais mal à l’aise. Il regarde les colonnes. C’est sympa. Les autres candidats aussi c’est sympa à observer. Il phase quelques secondes sur une vieille dame, se demandant s’il n’y a pas eu une erreur. Normalement, dans les émissions de télé-réalité, ça grouille toujours de gonzesses qu’on peut foutre en bikinis sans complexe. Il y a aussi une proportion requise minimale d’abdominaux au mètre carré, alors il la juge pas, parce que lui non plus il n’a pas la gueule de l’emploi avec les poils qui ornent son menton et qui ne sont pas fichus de pousser d’une manière régulière. Il est derrière Nour, mais à un moment elle s’éclipse en accélérant le pas. Il est tenté de la rejoindre au buffet, mais il abandonne en cours de route parce qu’il y a un groupe de participants qui en bloque l’accès et que l’idée de jouer des coudes l’a déjà découragé. Elle l’a peut-être fait exprès la môme. Lui aussi il se sèmerait s’il le pouvait. C’est pas faute d’avoir essayé, mais il y a tout un problème physique qui l’empêche de s’abandonner. A la place il attrape son briquet pour le laisser glisser entre ses doigts déjà prêt à sortir dehors pour se griller une clope. Fumer, c’est tout un concept chez Lajak. Tellement, que ça a presque viré à l’état perpétuel en ce qui le concerne.

Je venais donc de terminer ma coupe, me préparant d'ores et déjà à me resservir lorsqu'une annonce raisonna entre les murs de la pièce. Il semblerait que cette histoire de chiffres demandés soient en réalité notre combinaison personnelle, et qu'il faille démasquer celles des autres pour tenter de les piéger et de prendre une avance sur eux. C'était assez cruel toute cette histoire, mais je ne pouvais malgré moi m'empêchais de trouver ça assez intéressant. Enfin, il y avait de quoi se faire des ennemis assez rapidement avec ce genre de combine, cela dit, suffisait que les nominations de chacun soient dévoilées pour créer toute une zizanie au sein du château. Enfin, du village, de ce que j'avais compris. Mon alcoolique de partenaire semblait être perdue dans ses pensées, alors je préférais prêter attention au monde qui m'entourait, avant qu'une voix finisse par me rappeler à la réalité. Une gamine qui venait de trouver ma remarque sur la consommation un peu trop prévisible d'alcool de la russe assez amusante. J'aimais plaire, comme n'importe quel être humain, alors forcément, ça me faisait automatiquement sourire, bien que sa réaction me semblait un peu trop excessive. Elle s'appelait donc Nour, et je la saluais d'un geste de tête avant de lui répondre. « Enchanté, moi c'est Shannon et elle, c'est Anastasia. » c'était tout de même étrange que de croiser quelqu'un seul dans le coin, tout le monde semblait être accompagné d'au moins une personne. « Qu'est-ce que tu as fait de ton partenaire d'entrée de jeu, Pocahontas ? » Je trouvais cela un peu étrange de laisser quelqu'un derrière après seulement une poignée de minutes dans le jeu, mais peut-être avait-elle de bonnes raisons après tout, j'avais encore bien du mal à situer l'intégralité des visages peuplant l'aventure.

Je n'avais pas réellement apprécié que Gabin se prenne pour ma voix. Mais je n'allais pas non plus lui en vouloir, d'ailleurs je ne l'avais montré que très modérément parce que ce n'est pas si grave finalement, même si franchement je préférerais qu'il s'abstienne. Je fais comprendre à Mo que je sais lire sur les lèvres, chose que ne pouvait deviner Gabin. Alors y aura pas de soucis et monsieur semble soulagé, je souris légèrement alors qu'il me dit que j'aurais dut le dire tout de suite. Je rigole même face à cette phrase un peu bancale. Je lui fais oui de la tête que j'ai bien compris ce qu'il voulais dire, y a de soucis bro. Je suis assez perdue par rapport au prime. Je ne sais pas du tout ce qu'il se passe, je ne sais pas si on parle de choses importantes que je devrais connaître. C'est déjà pas mal compliqué de trouver ma place dans toutes ces conversation. Ce petite groupe me semble déjà pas mal, alors si en plus je dois m'occuper du prime... Oh la la, je crois que ça va être vraiment, mais vraiment très compliqué tout ça. C'est l'heure de se présenter. Gabin fait la révérence, il marrant lui, c'est bon il est dans un château et monsieur se prend pour un prince. Je lui souri légèrement, complice. Je lui dis que je suis Iris, d'abord en signe mais bon malheureusement ils n'ont pas tous comme Gabin des notions de langue des signes. Heureusement finalement parce que ce serait inutile de venir ici du coup. Je l'écris donc sur l'étiquette de ma bière, c'est simple et comme ça je n'aurais plus qu'à la montrer si jamais on me demande encore mon prénom. Il s'extasie devant mon prénom, qu'il trouve magnifique. Je suis surprise, positivement. Je souris, mon regard semble dire merci. Ce que je fais ensuite en approchant ma main de ma bouche et en la retirant progressivement. Le signe pour dire merci. Il me demande ensuite si je suis contente d'être ici. Je sais pas, je loupe le match de l’Angleterre, là ça me tue. Angleterre Canada quoi, quart de final. Rien que d'y penser je pourrais pleurer. Mais je lui fais oui de la tête, parce que ce serait un peu compliqué de lui expliquer là tout de suite. Gabin nous demande ce qu'on fait dans la vie, je regarde les autres, et me concentre sur James qui répond le premier. Fleuriste, je comprends pourquoi mon prénom lui plaît autant. Je souris légèrement. Je lève le pouce en l'air quand il me parle des jardins, mais moi c'est plus parce que j'espère qu'il y a assez de place pour se faire un match, les fleurs je m'en tape un peu. Mo parle d'un boulot au guichet d'un musée, boulot qu'il a certainement perdu aujourd'hui puisqu'il n'a pas prévenu de son départ pour Thrown Dice. Je ris légèrement. Il s'inquiète pas trop de la situation ! A mon tour. Lentement je passe mes doigts de ma main droite entre ceux de la gauche, le signe pour football. Mais puisque je doute que ce soit assez parlant une fois de plus je donne un coup de pied dans un ballon imaginaire. Et puis au cas où ce serait pas encore suffisant, je note le mot « footballeuse » sur l'étiquette de ma bière déjà bien remplit de gribouillis.