SOIREE N°1 • "soirée couples"

Blaze était du genre borné et surtout il aimait débattre, c'est un goût qu'il avait toujours eu pour les longues discussions sans fin ou chacun exprimait son avis sans en démordre tout en faisant preuve de respect pour celui des autres. C'est pour cette raison qu'il n'attaquait pas Maxyne sur son opinion mais ne faisait qu'expliquer son point de vue personnel en retour. « Ce que je veux te faire comprendre Maxyne c'est que quitter l'aventure ne me fait pas peur. Je sais que mon avenir ici ne tient qu'à un fil, nominé ou pas nominé, et je suis venu là pour vivre quelque chose de différent. Alors certes, obtenir un privilège et ne pas pouvoir s'en servir parce qu'on est ensuite éjecté de l'aventure c'est dommage, mais c'est comme ça. Et puis c'est le principe d'un ultimatum. Il faut que le prix à payé soit proportionnel au prix à gagner sinon ce n'est pas intéressant. Et puis, j'ai aussi la folie d'avoir confiance en l'avis du public pour me permettre de continuer l'aventure si je suis nominé. Dans tous les cas je n'aurais aucun regret. Je suis venu pour jouer, pas pour me montrer frileux et prudent. »

Je désespérais du moment où ces petits joueurs comprendrait qu'on est dans un jeu. Bon, personne ne semble être d'accord, tout le monde veut avoir le privilège et je suis sûre que même en discutant toute la nuit, on ne trouvera aucun accord. Il faut que certains laissent bomber mais qui ? Telle est la question. " Franchement, moi je suis là pour joueur et pas pour poser mon cul sur le fauteuil du salon toute la journée donc je ne me désiste pas, j'ai envie de prendre des risques et d'ailleurs c'est le but du jeu donc voilà. On peut en discuter mais à part créer des tensions, je pense que ça ne servira pas à grand chose : tout le monde va rester sur ses positions "

Maxyne comprenait une nouvelle fois le point de vue de Blaze, bien qu'elle le trouve légèrement imprudent. Après tout, que pouvait-elle faire si la plupart des candidats étaient prêts à jouer leur place pour un simple privilège, aussi inestimable soit-il ? Qu'ils s'y précipitent sur le banc des nominés, qu'ils fassent donc à leur guise ! Mais qu'ils ne viennent pas à se plaindre, par la suite, lorsqu'ils seront priés de rassembler leurs bagages et de quitter l'aventure. Ils feraient bien de se poser les bonnes questions pour une fois. « D'accord, je comprend ce que tu veux dire. Je pense juste que de jouer aux héros pourrait en perdre certains. Mais ce n'est que mon avis, ça va de soi. Personnellement, je ne me risquerais pas une nouvelle fois à être soumise au vote du public, en admettant que je reste demain soir bien entendu. Mais je ne retiens personne de prendre le risque, au contraire. Au risque de jouer ma Jaelynn, ça donnera plus de chances à ceux qui restent de remporter l'aventure si vous vous jetez tous dans la gueule du loup. »

« Il n'y a rien d'héroïque dans ce geste. Au contraire, il n'y a rien de plus égoïste. On ne pense qu'à nous en prenant cette décision puisqu'elle n'engage que notre avenir dans l'aventure et ne prend en aucun cas compte des autres candidats. Et j'ai pour principe de ne jamais avoir de regrets dans la vie, donc si je me vois nominé et éliminé et bien je me contenterai de partir en gardant un bon souvenir de ce que j'ai vécu ici et surtout sans avoir le sentiment d'être passé à côté de quelque chose. » Il adressa un sourire à Maxyne. Ils étaient vraiment très différents, ce débat venait le prouver. Ce qui ne changeait rien à leur relation ou ce qu'il pensait d'elle. Les différences ne menaient pas à être ennemis. « Et puis même s'il faut savoir voir les conséquences néfastes d'un tel choix on peut aussi rester optimiste et envisager les bonnes non ? A savoir être nominé d'office mais être sauvé par le public et avoir bénéficié d'un privilège considérable. Tout n'est noir dans ce tableau. »

Maxyne ne veut pas prendre le risque d'une deuxième nomination... Je la comprends, mais suis contente, ça fait déjà plus de chances d'être retenues. J'écoute tout le monde parler, sans intervenir, mais une fois que Blaze a fini de nous exposer ses idées, je me lève et dis : J'comprends ta position Maxyne, c'est vrai que tu sais ce que ça fait d'être sur la sélette. Sauf que nous, nous ne le savons pas. Et nous sommes prêts à relever ce défi. Vous savez quoi ? Malgré tout ce qu'on peut dire, on est pas chez les bisounours ici. Faut savoir mouiller sa chemise de temps en temps. Et puis, j'veux dire... En s'inscrivant à Thrown Dice, on savait bien où on mettait les pieds. En tout cas, je le savais. Franchement, pour une fois qu'on a une opportunité de cette importance, moi j'la saisis. Vous m'entendez ? Oui, j'suis prête à risquer ma peau, mais j'veux pas rester à me terrer dans un château avec cette possibilité sous notre nez alors qu'on est là pour jouer, au fond. Et moi j'vous dis, on a plutôt intérêt à se décider, sinon non seulement on aura plus de privilège, mais en plus, y'aura des nominés. .
Je me rassois, doucement et lisse ma jupe. Je jette un coup d'oeil à Ronnie et Bianca, esquissant un clin d'oeil. Je compte bien me battre jusqu'au bout.

Maxyne ne changerait désormais plus d'avis. Pour elle, c'était trop risquer, à ce stade du jeu, de mettre en jeu sa place dans l'aventure pour un privilège dont personne ne sait d'ailleurs rien. La jeune femme s'exclama donc, plus déterminée que jamais. « Bon, bref. Moi je m'y refuse. C'est décidé. » Puis, s'adressant à nouveau à l'ensemble de ses camarades, visiblement décidés à tout tenter pour un simple privilège : « Cette situation, c'est le naufrage du Titanic. Beaucoup d'animation pour une fin qui semble destinée à tourner mal, du moins je pense. Donc, faites ce que vous voulez, moi personnellement, j'assure mes arrières et j'embarque dans un canot » Certes, cette métaphore n'était peut être pas la meilleure façon de convaincre ses camarades mais puisque ces derniers semblaient buttés comme pas possible, Maxyne tentait le tout pour le tout pour essayer d'en raisonner certains. Et tant pis si, à ce moment précis, elle passait pour la rabat-joie de service. Elle, au moins, était assez logique pour se rendre compte que certains risques valaient la peine d'être pris ... tandis que d'autres, non.

Maxyne venait d'intervenir, de façon très sage. Elle voulait nous éviter l'élimination, c'était très gentil à elle. Mais j'avais beau être très amie avec Julia, n'étant pas dans son équipe elle commençait à me taper sur le système... Je comptais me battre jusqu'au bout, et tout faire pour qu'elle oublie ce privilège. Quitte à être désagréable vis à vis d'elle, c'était le prix à payer. « Julia, t'as rien compris ! Il ne s'agit pas de savoir mouiller sa chemise ! Là, je vois bien que tout le monde serait prêt à agir en héros, et se faire nominer ! Il ne s'agit plus de trouver quelqu'un capable de prendre un gros risque, il s'agit de trouver des gens qui ne veulent pas prendre ce risque ! Qui préfèrent être en sécurité pour continuer l'aventure. Et puis tu dis qu'il faut décider, mais ne rêve pas, on est tous aussi bornés que toi. Alors ma grande, tu peux toujours parler, mais aujourd'hui, pour déterminer quel couple aura droit à ce privilège, ce sera do or die. Je ne compte pas me laisser marcher sur les pieds... Alors maintenant, ferme-la si tu veux vraiment agir raisonnablement. » Mon dieu. C'était moi, ça ? Qui venait de sortir tant de haine ? Je n'en revenais pas.

Avec le jeu, les masques tombent, les personnalités se dévoilent. Plus d'hypocrisie, plus de lèche cul, c'est œil pour oeil, dent pour dent. Même Lucy, la bisounours n'hésite pas à marcher sur les pieds de son ami. Enfin la preuve que l'amitié, dans ce jeu, c'est rien du tout. On pense plus à sa gueule qu'au autre et j'espère que Julia l'a compris aujourd'hui. Je m'adressais à Lucy, car je ne compte pas lui laisser notre honneur, je suis aussi têtue qu'elle et son petit discours de femme qui s’assume enfin me fait plus rire que peur. " Tu préfères intimider une personne sensible comme Julia plutôt que négocier ? Je trouve ça minable. Tu parles de trouver des gens qui ne veulent pas prendre ce risque mais je ne vois pas pourquoi ce sera nous et pas toi. Tu crois peut-être être la seule à vouloir jouer ? tu es bien naïve ma pauvre. " J'étais têtue comme une mule et prête à tout pour arriver à avoir ce que je veux. Le risque ? Je m'en fous. Sortir ne me fait pas peur du tout.

Visiblement, Lucy n'est pas d'accord avec moi. C'est un peu normal, nous sommes toutes deux aussi bornées l'une que l'autre. Ronnie prend notre défense, et je l'appuie en répondant à Lucy avec force, mais sans agressivité : Alors, de une, il est hors de questions que je me la ferme. On est pas là pour ça je te rappelle. Et puis de deux, qui a parlé de raison là ? C'est tout sauf une décision raisonnable. La plupart d'entre nous ici, veut cette place. Il ne s'agit pas de jouer les héros comme tu dis, mais c'est une histoire de confiance en soi et de détermination. On est quatre teams. Au final, une de celles ci sera nominée d'office. Reste à savoir si elle aura un privilège, ou non. Donc va falloir qu'on se bouge et qu'on trouve une solution, parce que c'est pas en s'engueulant toute la nuit qu'on prendra une décision. On veux tous jouer, et on jouera tous. Maintenant reste à savoir qui sera le grand gagnant... ou le grand perdant. Une chose et sure, on va pas lacher l'affaire si facilement.

Ronnie venait de m'attaquer. Je n'avais pas grande envie de riposter, surtout que son comportement avait le don de me dégouter et me rendre électrique. « Julia, la ferme. Ta formation de psy t'aura servi à rien, tu vas juste vouloir nous raisonner pour avoir cette foutue place. Raté, ma fille ! Mais vous savez quoi ? Plutôt que de se bouffer les uns les autres, on ferait mieux d'aller se coucher. Cela dit, je vous conseillerais bien de garder un œil ouvert, cette nuit, et le bon. On ne sait jamais ce qui peut arriver, quand on dort à poings fermés... Surtout quand un privilège est en jeu, et que personne n'est prêt à le laisser aller. » Se furent mes dernières paroles avant que je tourne le dos, décidée à les laisser discuter. La guerre était déclarée, et seul un cesser-le-feu pourrait la stopper. Le vrai jeu venait tout juste de commencer, ils ne connaissaient pas la vraie Lucy, jusque là. Pacifiste, amoureuse, certes. Mais déterminée et menaçante, tout autant. Et ce n'était qu'un début. Je disparus dans la chambre des filles en claquant violemment la porte. « Bordel de merde ! »