SOIRÉE N°1 : RECEPTION MONDAINE

Ce soir, le Maître vous a réuni pour une première soirée au sommet. En effet, alors que le salon s'est vu agrémenter de dorures et autres décorations d'une élégance suprême, un air de jazz vous plongera sans mal dans l'ambiance d'une réception mondaine du milieu des années 20, avec ses buffets raffinés et ses invités triés sur le volet. Car pour l'occasion, vous faites tous partie de la haute société, ayant été conviés par un hôte richissime et particulièrement désireux d'exposer ses plus beaux effets. Les hommes tiendront alors d'une main une coupe de champagne pleine à ras bord et de l'autre le meilleur cigare qu'ils aient probablement eu l'occasion de goûter, tandis que les femmes, elles, s'essaieront assurément à quelques pas de charleston, à l'image d'une certaine Joséphine Baker, dont les prouesses sont ce soir sur toutes les lèvres. Coiffes, robes à sequins, bandeaux à plumes, colliers de perles et boas seront les accessoires indispensables pour ces demoiselles, quand ces messieurs opteront le plus souvent pour des costumes trois-pièces d'une sobriété toute relative et des derbies impeccablement vernies.

Ici, les styles les plus extravagants définiront les rois de cette société prospère et au sein de laquelle chacun aspire à s’élever. Car c'est parfois en parlant à la bonne personne que l'on s'ouvre un maximum de portes, ainsi les plus ambitieux n'hésiteront pas à fréquenter du beau monde entre deux petits fours. A ce propos, les buffets vous en proposeront de toutes sortes, que vous soyez plutôt sucré ou salé. Il y en aura pour tous les goûts, de même du coté des boissons, où l'alcool coulera bien évidemment à flot, ça va sans dire.

Cette toute première soirée sera alors pour vous l'occasion de nouer quelques liens tout en profitant d'un cadre idyllique. Le Maître espère que vous saurez saisir cette occasion, ce ne sera pas tous les jours que le salon prendra des airs de réception mondaine, soyez-en sûrs ...

Moi qui n'ai pas encore eu le temps de voir The Great Gatsby, la soirée aurait pu quand même mieux tomber... Mais bon, ce n'est pas grave, c'est déjà sympa que nous ayons une soirée, ça va pouvoir nous permettre de rencontrer ceux à qui nous n'avons pas encore parlé. Je reste quelques minutes plantée devant les portants que l'ont nous met à disposition afin que chacun et chacune puisse être dans le thème, et finalement opte pour une tenue des plus sobres, mais très représentative de l'époque. Un bandeau de dentelle noire passe sur mon front et ma chevelure blonde est attachée en un lâche chignon bas. Enfin, je me pare d'un sautoir blanc et d'un faux porte-cigarette. Enfin, faux... C'est peut être un vrai, mais on s'en fiche un peu vu que de toutes façons je ne l'utiliserai pas pour de vrai.
Je pénètre ensuite dans le salon, et n'y trouve qu'un candidat. Un que je n'ai pas encore rencontré. Je crois. J'espère, sinon c 'est pas bon signe ! Un petit sourire sur les lèvres, je dis : Bonsoir.

Je ne suis pas fan des soirées mondaines. Disons que je n’ai pas quitté ce milieu par contrainte mais plutôt par choix. Y revenir ne me fait pas plaisir, au contraire, mais le contexte des années vingt change la donne et efface ce côté dédaigneux. Dans une robe à sequins sombre agrémentée d’une espèce de turban qui me fait le tour de la tête, mes cheveux maladroitement attachés en chignon fébrile au-dessous, j’ai sûrement l’air de la sauvageonne de l’époque. Pourvu que personne ne me demande mon prix et tout ira bien. J’ai piqué l’un des fume-cigarette de la salle où étaient exposés tous les costumes, ce sera le prétexte parfait pour fumer en compagnie de mes comparses sans que personne ne me fasse de réflexion. Je l’ai d’ailleurs brandi fièrement devant Hiroo, mon petit camarade de couche, lors de ma trouvaille. Un précieux. Le fume-cigarette, bien sûr.  Arrivant dans la salle, je tire déjà une latte de ma cigarette au préalable allumée et me dirige vers l’une des fenêtres en saluant les autres afin d’admirer un peu la vue. Sympathique ma foi.

Thais entre dans la pièce juste après moi. La pauvre petite est nominée. Je ne sais pas comment je l'aurais vécu personnellement... Heureusement que j'y ai échappé cette semaine, mais enfin, ce n'est que partie remise. Notre échange au prime n'était que très bref mais pourtant il m'a laissé un bon souvenir de la jeune femme et il est vrai que je serais contrariée de la voir éliminée face à des gens avec qui je n'ai que peu d'affinités. No offense, bien sur, et c'est probablement parce que je ne leur ai jamais parlé, d'ailleurs, mais quoiqu'il en soit, je compatis avec la grecque. Elle nous complimente sur nos costume et je réponds : Ta robe en jette, je suis jalouse... La mienne n'est peut être pas si mal que ça, au fond, mais de toutes façons il est impossible de le savoir, coincée dans ce fauteuil, ça donne toujours un effet moins glamour que sur de longues jambes fines et galbées par des talons aiguille. Elle décide d'aller boire pour les nominations. Pour les oublier, sûrement. Pour une fois je ne dirai rien sur l'alcool, elle doit probablement en avoir besoin en ce jour. Je fais non de la tête, car jamais je ne déroge à ma règle, mais dis à la place, en ouvrant mes bras pour qu'elle s'y blottisse : Allez, viens là ...

La première soirée est organisé dans le chateau de William. Le thème de celle-ci me plait beaucoup, j'ai toujours été fasciné par les robes des années folles. Je trouve que les femmes avaient beaucoup de classe dans ces années-là, beaucoup de prestance et je suis ravie "d'interprêter" l'une de ces jeunes femmes ce soir, en tout cas, ravie de porter cette magnifique robe qui semble m'être destinée. Ma taille, une couleur que j'adore, elle est parfaite. Avec soin, je boucle mes cheveux et y ajoute un bandeau à plumes pour être encore plus dans le thème. Il ne me faut pas bien longtemps avant d'être prête et de pouvoir rejoindre les autres dans le salon. J'suis d'ailleurs époustouflée par le décors de celui-ci. Quand-est-ce que la production a eu le temps de faire tout ça ? Enfin, je suis assez émerveillée de toute cela. Je slalome dans la pièce jusqu'aux candidats déjà présents. « J'ai pas l'habitude de fréquenter ce genre de soirées mais j'en suis déjà folle. » que je lâche alors avant d'aller chercher une coupe de champagne. J'suppose que maman ne dira rien si je ne fais pas d'excès. De toute façon, elle n'est pas là.

Voilà ce qu’elle n’aime pas plus que ça. Les soirées. Des soirées où il faut se montrer et discuter. Ou, où il faut s’habiller d’une certaine manière pour suivre un thème. C’est couper la créativité des hôtes et leur style. Elle ne se pliera pas à cette idée de costume. Pour son honneur également. Elle porte mal le costume, sauf le traditionnel japonais. Alors elle se contentera de passer une robe noire. Décorée de broderie, couvrant ses épaules blanches. Elle porte des talons, au bout de ses longues jambes. Elle ne sait pas bien comment agir. Si elle doit être en retard ou en avance. Attendre de voir passer des autres, assez, pour faire son entrée. Mais finalement, elle ne pourrait pas attendre et risquer d’être justement en retard et se faire remarquer. Non elle ne se fera pas remarquer c’est certain. Elle pénètre alors dans la salle, regardant autour d’elle par de petits regards succins et timides. Il y a bien un petit groupe qui s’est formé et qu’il serait tentant de rejoindre, mais elle ne s’y sent pas. Oh non, le choc des générations risque d’être trop brusque. Et ils ont l’air d’être déjà bien ensemble, alors elle reste dans son coin. Son corps droit comme d’habitude. Ses yeux maquillés de noir. Ses lèvres masquées de rouge. Ses cheveux ramenés en amas dans son cou.

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