Evelyne pense avoir découvert le secret d'Ismaël

Visiblement, Evelyne était particulièrement réfléchie. Il s'était attendu à une idée quelques peu saugrenue, voire tout bonnement farfelue, mais voilà qu'elle lui faisait part d'un raisonnement détaillé et on ne peut plus cohérent qui, entre nous, le faisait même doucement douter. Autant dire qu'elle était impressionnante. Il lui fit alors savoir qu'elle l'épatait, ce qui était tout à fait sincère. Sa camarade le fit alors rire légèrement de par sa réplique. Effectivement, William serait bien capable de mettre fin à cette entrevue, et ce serait bien dommage. Sa camarade lui posa alors une première question, qu'Ismaël prit naturellement le temps d'analyser dans son esprit, afin de lui fournir une réponse claire et précise. « On peut dire que c'est le but d'un défi, oui » résuma-t-il dans un premier temps, avant de poursuivre. « C'est en quelques sortes pour cette raison, effectivement. Et j'ai pu constater, au fil des années, que je n'avais plus aucune limite. » C'est le cas de le dire.

Elle prit le temps d'analyser sa réponse avant de poser une nouvelle question. "Si je te suis tu montes le niveau à chaque défi pour tester tes limites ? C'est par goût du risque ou parce que tu as simplement envie de voir jusqu'où tu peux pousser ton corps ?" Elle fronça les sourcils tachant de rendre plus claire ses questions dans son esprit. "Je suppose que tu as du finir à l'hôpital plusieurs fois mais cela ne semble pas te freiner. Pourquoi ? La plus part des gens ne supporteraient pas de voir des expériences dégénérer au point de finir dans un lit d'hôpital."

L'heure des questions avait donc sonné. Ismaël s'y était préparé. Il savait quoi répondre, il connaissait les pièges à éviter. Aucun risque qu'il en dise trop, ou qu'il se montre trop peu précis pour que sa camarade ne puisse pas le comprendre. « Je pense que je suis un peu plus imprudent à chaque fois. Si j'agis de cette manière, c'est par inconscience. Donc je pense que les deux raisons que tu as évoqué s'appliquent à mon cas. » Il appréciait le goût du risque et se plaisait effectivement à tester son corps. Il y avait d'autres choses, mais celles-ci étaient bel et bien véridiques. « Je suis un habitué des hôpitaux, oui. Et je ne suis pas comme la plupart des gens, tu dois t'en douter. Donc ça ne me freine pas, non. » Il ne prétendait pas être au dessus de ses semblables. Simplement, il était bien plus inconscient que ces derniers. Et là était toute la différence.

Elle croisa à nouveau les jambes et se pencha légèrement vers lui. "Je ne peux vraiment pas te pincer pour être sûre de moi n'est-ce pas ?" Elle réfléchit quelques secondes avant de continuer son petit interrogatoire. "C'était toi sur la photo du gamin sautant d'une dune ? Depuis tout petit tu as pris des risques, tu l'expliques comment ? Je veux dire... C'était toujours là en toi tout ce temps ?"

Les questions s’enchainaient et Ismaël restait calme et particulièrement détendu. Sa camarade semblait profiter de son buzz pour se laisser aller à une curiosité naturelle, ce qu'il trouvait logique dans le sens où elle voulait probablement être fixée sur certains points. Alors, dans une grande honnêteté, il répondait à ses questions. Il lâcha soudainement un rictus à la remarque de sa camarade. « Ce serait idiot. Si je souffre d'asymbolie à la douleur, comme tu le penses, je vais naturellement être tenté de faire comme si j'avais mal. A l'inverse, si je ressens une quelconque douleur, je vais sans doute essayer de ne rien laisser transparaitre, simplement pour t'inciter à confirmer ton buzz. Dans tous les cas, ça ne t'aidera pas à être fixée, bien au contraire. » Mais si elle y tenait vraiment, qu'elle le pince, pour voir. « Je ne vois même pas de quelle photo tu veux parler » fit-il, honnêtement, après un instant de réflexion. « Oui, même gamin, j'étais particulièrement inconscient. Je pense que ça a du commencer vers l'âge de dix ans. Au départ, ça devait être pour m'occuper, m'amuser. Et puis j'ai grandi, et mon imprudence aussi. » Il n'allait pas lui raconter sa petite enfance en long et en large. Il y avait simplement certaines choses qui pouvaient être dites.

"Je suis plutôt douée pour savoir quand les gens font semblant ou non, je travaille dans le milieu du spectacle, un vrai nids de menteurs entre nous." Elle sourit pour adoucir sa pique envers son milieu d'adoption. "Tu n'as jamais peur ? Quand tu braves des défis vraiment ... dangereux ? Je veux dire, rien ne semble t'arrêter quand tu relèves un défi alors ... Même pas peur ?" Elle joua avec le pendentif dans l'encolure de son haut attendant sa réponse.

Evelyne disait donc être douée pour se rendre compte de lorsque les gens jouaient la comédie. Elle justifiait ses paroles par le fait de travailler dans le milieu du spectacle. Un sourire intéressé naquit alors sur les lèvres d'Ismaël. « Je bosse dans des foires depuis que je suis adolescent. Je suis marionnettiste, mais j'ai été formé en magie. Si ton univers est peuplé de menteurs, le mien est peuplé d'escrocs, de manipulateurs, de charlatans des plus malhonnêtes. Alors, crois-moi, tu n'aurais aucun moyen de savoir si je fais ou non semblant. » Il disait cela sans prétention aucune. Simplement, il était devenu lui même un mystificateur talentueux. C'était désolant, mais véridique. « Je suis humain, Evelyne. Et même si j'aime penser que je suis insensible, il m'arrive évidemment d'avoir peur. Simplement, je ne laisse jamais cette peur dicter ma vie. Je préfère penser qu'elle n'existe pas, même si elle peut me paralyser pendant une ou deux seconde(s). J'aime trop le danger pour me laisser freiner par mes craintes. » Voilà pourquoi il ne laissait jamais tomber un défi, quel qu'il soit.

"Umh... Tu me ferras un tour ? Pas faire disparaître mon soutient gorge, ça ne compte pas." Elle réfléchit à ce qu'il venait de lui dire, elle doutait de sa théorie, un élément ne concordait pas avec son idée, le Diane, qu'on leur avait offert au prime, elle n'arrivait pas à le faire cadrer avec le reste, voilà pourquoi elle hésitait. "Je t'envie, la peur a souvent dicté mes choix, j'aimerais avoir cette impudence parfois. Je suppose que tu ne me dira pas si j'ai tords au raison quoi qu'il en soit... Je crois que tu as répondu à mes questions. Je vais te libérer. Et évite de faire disparaître quoi que ce soit pendant que je ne suis pas là. Merci d'avoir été honnête."

Il avait visiblement suffi qu'Ismaël évoque sa formation en magie pour que sa camarade désire qu'il lui montre prochainement de quoi il était capable. Un sourire amusé ne tarda pas à naitre une fois de plus sur les lèvres du jeune homme. « Si tu es sage, tu auras droit à une petite démonstration. » Il ne disait pas quand, ni comment, mais il tiendrait sa promesse. Après tout, il était plutôt fier de ses quelques talents en magie. Il était encore loin d'avoir le niveau d'un certain Copperfield, mais il s'en sortait plutôt bien. La confrontation prit alors fin, après que sa camarade lui ait adressé quelques paroles. « Crois-moi, je ne suis pas normal. Il ne faut surtout pas avoir envie de me ressembler, je suis loin d'être un exemple à suivre. » Au moins, on ne pourrait pas lui reprocher d'essayer de pervertir la jeunesse, puisqu'il reconnaissait ne pas être un modèle. « J'espère avoir pu t'éclairer. » Et maintenant, il attendait que William le chasse d'ici.

Ismaël, je t'invite à quitter le confessionnal. Evelyne, tu as maintenant le choix : tu peux confirmer ton buzz et ta volonté de révéler l'éventuel secret d'Ismaël, auquel cas tu engageras 5000£ de ta cagnotte personnelle ; ou bien tu peux te rétracter, et dans ce cas tu ne mettras aucune somme d'argent en jeu. Je te rappelle que si tu valides, et qu'il s'agit du véritable secret d'Ismaël, tu remporteras la totalité de sa cagnotte. En revanche, si il s'avère que tu t'es trompée, Ismaël remportera les 5000£ que tu avais mis en jeu en validant ton buzz.

Evelyne, je t'écoute, que décides-tu ?