Ismaël pense avoir découvert le secret d'Alileo.

Ismaël se mit alors a expliquer que, oui, c’était a cause du château – entre autres – qu’il m’avait buzzé. Je tiquai cependant sur une chose, une chose qu’il avait le droit de savoir puisque j’avais déjà délivré cette information à un autre candidat. « Mon secret concerne mon pays, oui. » Il avait le droit de le savoir après tout, je n’étais pas une menteuse et je n’allais pas mentir pour protéger mon secret. Cependant je ne lui donnais pas non plus raison, je ne faisais que confirmer une de ses pensées. Finalement il m’ordonna presque de parler de ma famille, je fis la moue et le fit patienter un peu, je déteste les ordres, que ce soit clair. Finalement j’ouvre la bouche pour répondre. « Mon grand-père est celui qui a fait bouger notre famille en Suisse, il y a… une soixantaine d’année, je pense… Enfin soit. Lui et ma grand-mère sont partis avec leurs fils, dont mon père. Plus tard, mon père a rencontré ma mère, une italienne venue faire ses études en Suisse. Ils se sont mariés assez vite, ils s’aimaient et, ça tombait bien, ils étaient du même milieu. Quelques années plus tard je suis née dans une vaste demeure, en Suisse. J’ai vécu treize ans là-bas, j’ai appris l’italien à la maison avec mes parents, on ne parlait que cette langue mais une fois dehors, je parlais français. Et anglais à l’école. Quand je suis revenue en Italie mes parents ont récupérés le château de mon grand-père, mon oncle, sa femme et ses enfants vivaient avec nous. Je suis partie parce que je ne supportais pas ce monde. Je n’ai jamais été dégoutée par ma fortune, chacun a une place sur cette terre et celle de ma famille, c’est celle-là. » Je hausse les épaules, j'aime ma famille, ma mère en particulier, mais ils ne m'ont jamais compris. J’ai terminé mon discours, à lui de voir maintenant si il a encore quelques questions où si il va me congédier pour qu’il puisse confirmer ou non son buzz.

Cette confrontation était sa première mais Ismaël estimait s'en sortir relativement bien. En somme, on ne lui demandait pas grand chose, si ce n'est de suivre un schéma aussi con que Tommy : révéler l'intitulé qu'il pensait être celui du secret d'Alileo, expliquer pourquoi il pensait qu'il en était ainsi, refaire la même chose une fois l'arrivée de la candidate et maintenant tâcher de creuser en lui posant des questions. Mais avant qu'il ne lui en pose une, justement, voilà que sa camarade se mit à réagir à son petit discours. Elle lui faisait savoir que son secret concernait effectivement son pays, donc l'Italie logiquement. Est-ce qu'il était censé la croire ? Ou au contraire, est-ce qu'il valait mieux qu'il se méfie de ce genre de déclarations ? Et bien, s'il s'agissait de quelqu'un d'autre, il aurait probablement douté, mais étant face à Alileo, c'était quelques peu différent disons. « Je te crois. Je suis certain que tu dis vrai. » Parce qu'il avait confiance en elle, parce qu'elle était son alliée, et parce qu'elle ne lui mentirait pas. Il le savait. Par la suite, il lui demanda donc - enfin, ordonna plutôt - de parler de sa famille, ce qu'elle fit sans tarder. Attentivement, il écouta ses paroles et tenta d'en analyser la plupart. Elle semblait détendue. Sans doute était-elle sereine. « Ma culture historique est pour le moins limitée mais je crois savoir que l'Italie n'est plus une monarchie depuis une certaine époque. Peut être bien une soixantaine d'années, en fait. Ma question est la suivante : que sais-tu de l'Italie royale ? » Elle pourrait lui dire qu'elle n'en savait pas grand chose. A lui, dans ce cas, de deviner de s'il s'agissait d'une vérité ou d'un mensonge.

« Je te crois. Je suis certain que tu dis vrai. » Je hoche la tête, satisfaite de sa réponse. Je savais qu’Ismaël avait confiance en moi et j’avais moi aussi relativement confiance en lui, dans la mesure du possible, parce qu’on ne pouvait pas non plus me demander de remettre mon sort entre ses mains en fermant les yeux, ça par exemple, je ne le ferais pas. Finalement je répondis à sa question, après tout j’étais là pour ça mais si ça me brulait les lèvres de lui ‘ordonner’ de le demander et pas de finir sa phrase sur l’intonation d’un ordre. « Ma culture historique est pour le moins limitée mais je crois savoir que l'Italie n'est plus une monarchie depuis une certaine époque. Peut être bien une soixantaine d'années, en fait. Ma question est la suivante : que sais-tu de l'Italie royale ? » Je soupire et lève les yeux au ciel avant de les reposer sur lui. « J’ai fais des études d’histoire, Ismaël. » Enfin, histoire de l’art, mais l’histoire de mon pays avait été un cours assez important à la fac. « Je sais que le dernier roi s’appelait Umberto, qu’il a effectivement quitté le trône il ya soixante… ou septante ans… » Je ne sais pas exactement, en fait. « Que sa femme était très aimée des italiens…» Ce n’était pas une italienne. Mais elle avait du sang assez noble pour être la femme d’Umberto. « Il a quitté le trône car le peuple ne voulait plus de lui, pire, le peuple ne voulait de toute cette famille en Italie. » Malgré le fait qu’ils aiment la reine, ils avaient voulu voir Umberto et ses enfants quitter le pays, ce qu’il avait fait bien sur, car il n’avait pas le choix. « C’est tout. » Je lève les yeux vers lui.

Il savait qu'elle disait vrai. Parce qu'il savait qu'Alileo n'oserait pas lui mentir. Sans trop de prétention, Ismaël avait tendance à penser que cette jeune femme lui mangeait quelques peu dans la main depuis leur alliance. Bien sûr, elle devait avoir une confiance relative en lui, mais c'était déjà bien plus que bien des personnes dans ce château. Entre nous, beaucoup devaient le craindre, penser qu'il valait mieux ne rien lui confier, ne pas lui donner le moindre pouvoir parce qu'il risquerait de jouer au con et de la leur faire à l'envers. Bon sang, qu'ils étaient malins tout compte fait. Finalement, Ismaël posa une nouvelle question à Alileo. Cette question - quelques peu hésitante, il est vrai - concernait alors l'Histoire de l'Italie, et la période monarchique de ce pays. Parce qu'Ismaël avait peut être séché plus de cours qu'il y avait assisté, mais il était presque certain de tenir un truc là. Ouais, sans déconner. Mais voilà que mademoiselle s'offusqua gentiment en lui rappelant qu'elle avait fait des études d'histoire. Ah euh ... ouais, c'est vrai. Mais, comment dire, est-ce que ça l'intéressait, là tout de suite ? Non, pas vraiment. « Au temps pour moi » répondit-il alors. Bon, ça n'était certainement pas le moment de la vexer, hein. Sa camarade poursuivit alors et il fit preuve - là encore - d'une grande attention. « J'aime bien ton "c'est tout", alors que t'en sais plus sur Umberto et compagnie que je n'en saurais jamais. » Ismaël se mit alors à réfléchir à une possible nouvelle question. Il n'allait quand même pas la laisser filer aussi rapidement. Bah non. « Je me demandais, est-ce que tu as conscience de l'image que tu renvoies ? Je veux dire, tu as peut être fui ton milieu, mais tu restes très maniérée. » Il ne disait pas cela pour la vexer, c'était d'ailleurs plus une constatation qu'une question franchement utile. « Est-ce que ton rôle lors de la dernière soirée a pu te troubler ? Tu incarnais une reine, est-ce que tu étais à l'aise dans un tel rôle ? » Que sa réponse soit positive ou négative, en soit, il saurait l'utiliser. Parce que les deux réponses pourraient l'aider à y voir plus clair, en fait.

« J'aime bien ton "c'est tout", alors que t'en sais plus sur Umberto et compagnie que je n'en saurais jamais. » L’évidence même. « J’en sais en effet plus que toi. Mais tu pourrais en savoir autant si tu t’y intéressais un peu. » Et pas spécialement beaucoup en plus, puisque j’avais une maitrise d’histoire de l’art et non d’histoire, du coup je ne connaissais pas l’histoire de mon pays dans les détails. « Je me demandais, est-ce que tu as conscience de l'image que tu renvoies ? Je veux dire, tu as peut être fui ton milieu, mais tu restes très maniérée. » J’allais lui mettre une claque, je vous jure que j’étais à deux doigts de me lever pour lui en mettre une mais au lieu de ça je lui offris un joli petit sourire qui voulait dire qu’il pouvait aller se faire voir mais genre, bien quoi. « Je me fou de ton avis sur ma personne, Ismaël. Y’en a qui sont éduqués… » Je lui lance un regard dé dégout. « Et d’autre pas. » Espèce de chien galleux. Il allait le payer et pas qu’un peu. « Est-ce que ton rôle lors de la dernière soirée a pu te troubler ? Tu incarnais une reine, est-ce que tu étais à l'aise dans un tel rôle ? » Je comprenais sa question. Mais selon moi ma réponse ne voudrait pas dire que je suis princesse d’Italie hein mais je comprenais sa question et j’allais y répondre. « Je me suis sentie… On ne peut mieux. Mais c’était moins parce que j’étais une reine que parce que j’étais Ann Boleyn. » Ouais mais Ann, il sait pas qui c'est. « Mais je me doute que tu ignores tout de cette reine, puisque tu es de toute évidence un ignare en la matière. » Oui, je l’avais vraiment mal prise sa précédente réplique.

Dites donc, comment se faisait-il que miss Alileo avait soudainement basculé dans une mauvaise humeur quelques peu surprenante ? Parce qu'autant sa première remarque - où elle lui faisait comprendre qu'il ne s'intéressait pas à l'Histoire - avait tendance à l'amuser, autant le reste le faisait plus sourciller qu'autre chose. Donc déjà, pour commencer il lâcha un petit rire. Effectivement, il ne s'intéressait pas à grand chose. « Sauf erreur de ma part, nous ne sommes pas ici pour parler de moi » notifia-t-il simplement. Sauf qu'elle se mit subitement à devenir mauvaise. Mais pourquoi tant de haine ? Qu'avait-il bien pu dire ou faire qui la mettait dans un tel état ? Il n'en était pas sûr, mais sans doute cela avait-il un rapport avec sa remarque au sujet des "manières" de l'italienne. Parce qu'en plus, elle devenait vexante, méchante et ... ouais bon, il s'en foutait très légèrement, mais tout de même, qu'elle se calme. « Hm, d'accord, visiblement tu as mal pris ma remarque ... Donc, excuse moi, ça n'avait absolument pas pour but de te vexer. » Parce qu'ils repartaient dans le même cirque que la dernière fois, ils n'étaient franchement pas dans la merde hein. Notez tout de même qu'il s'excusait, chose qu'il lui était commune de faire ces temps-ci, bizarrement. Finalement, mademoiselle prit tout de même la peine de répondre à sa question, sauf qu'elle ne manqua pas de le tacler gentiment - et une fois de plus - sur la fin. Sympathique également. Bien, bien. « C'est surtout que ça n'est pas le sujet. C'était une simple question, je ne vois pas tellement l'intérêt d'imiter Goran, là tout de suite. » C'était bien lui, après tout, qui se plaisait généralement à le faire passer pour un sombre idiot. Lui rendait-elle un hommage ? Peut être bien, allez savoir. Quoi qu'il en soit, l'italienne semblait contrariée, alors Ismaël en vint à penser qu'ils devraient sans doute en rester là. « Bon, arrêtons-nous là. Je n'ai plus de question. » Autrement dit, l'irrésistible bouclé pouvait revenir. Quant à mademoiselle, elle n'aurait bientôt plus qu'à lui cracher dessus et à se tirer.

Alileo, je t'invite à quitter le confessionnal. Ismaël, tu as maintenant le choix : tu peux confirmer ton buzz et ta volonté de révéler l'éventuel secret d'Alileo, auquel cas tu engageras 5000£ de ta cagnotte personnelle ; ou bien tu peux te rétracter, et dans ce cas tu ne mettras aucune somme d'argent en jeu. Je te rappelle que si tu valides, et qu'il s'agit du véritable secret d'Alileo, tu remporteras la totalité de sa cagnotte. En revanche, si il s'avère que tu t'es trompé, Alileo remportera les 5000£ que tu avais mis en jeu en validant ton buzz.

Ismaël, je t'écoute, que décides-tu ?

Vraiment, ça n'avait pas été dans les intentions d'Ismaël de vexer sa camarade. Mais si celle-ci prenait la mouche pour rien, ça n'était pas tellement son problème à vrai dire. Quoi qu'il en soit, et maintenant que la jeune femme avait déserté le confessionnal, il était libre de communiquer sa décision à William. Car il va de soi qu'elle était prise depuis le début de cette confrontation. Il n'avait même jamais songé à en changer, en fait. Ainsi donc ... « Je confirme ce buzz. » Car il était là pour jouer, pour prendre des risques, et que 5000 livres ne représentaient rien comparé à la satisfaction de jouer convenablement. C'est tout.

Très bien, décision validée. Ismaël, tu sauras demain, lors d'une annonce faite dans le salon, s'il s'agit bel et bien du secret d'Alileo. Tu peux maintenant quitter le confessionnal. Le Maître te remercie.