papyrus ☻ vers 16h

ft. Raphaëlle
Je m’installe sur l’un des sièges de la salle d’attente et je prends l’un de ces magazines bien féminins -pour pas dire chiants- posés sur la table. Le genre de magazine avec ce mannequin dessus qui te pousse à l’acheter dans l'unique espoir de lui ressembler sans même avoir pris conscience de son contenu. Les trois quarts du temps c’est un magazine bidon, avec des trucs qu’on lis et on relis partout. C’est pas mon truc ce genre de recueil pour la débilité mais là je me fais chier et j’ai pas trop le choix, on va dire. Je préfère un bon magazine sur les tatouages, ou un truc bien trash sur la mode mais bon, on s’adapte et on fait avec ce qu’on a. C’est un peu comme le déo que tu choppes aux toilettes pour lire ses composants histoire de faire passer le temps pendant que tu chies, alors que t’en a rien à branler qu’il soit à base d’isobutane ou de chlorhydrate ou je sais pas quoi. En plus avec ce magazine à la main, j’ai l’impression d’attendre mon tour chez le dentiste ou le gynéco, sauf qu’ici la seule différence c’est que l’attente est horrible, voir quasi interminable. Je contemple la première page et je commence à rêver comme une débile, avec le filet de bave en moins, sur la perspective d’être un jour aussi l’égérie d’une marque de parfum célèbre, ou sur la tête de fiche d’un magazine de mode comme celui-là. Je me dis que bon, c’est faisable, et c’est pour ça que je suis ici dans cette émission, mais je crois qu’il est temps que j’arrête de délirer et je case mes rêves dans un coin de ma tête pour feuilleter un peu le magazine et m’occuper du mieux que je peux. Y’a que des pubs pour produits cosmétiques bidons, des trucs de santé&bien être que j’aurais vraiment occulté en temps normal, mais là je me retrouve à lire chaque phrase de chaque texte comme si je m’y intéressais réellement. Bon y’a quand même des trucs intéressants dans tout ça, mais j’ai pas le temps de finir que je me retrouve avec Raphaëlle à mes côtés « merde tu m’as fais peur ! » je m’étais un peu trop plongée dans cette lecture que je l’avais pas vu venir, mais je regagne la planète terre aussitôt et je prends tous mes esprits, un léger regard vers elle pour constater que c’est effectivement elle. J’esquisse naturellement un sourire. Mine de rien ça me fait plaisir de revoir sa blondeur par ici parce-que bon avec toutes ses têtes que je vois défiler sans arrêt au milieu de ces quatre mûrs, Raphaëlle me fait du bien  « tu vas bien ? » je prends un peu de ces nouvelles avant de reposer mes prunelles sur mon magazine « tu veux qu’on fasse un quizz ensemble ? » bah ouais mine de rien ça peut nous faire passer du temps « je te laisse même choisir celui que tu veux … » ouais je suis gentille, mais voilà j’arrivais pas à choisir de mon côté non plus parce-que ça me disait pas grand-chose tout ça. Mais j’allais pas faire ma difficile, ça pouvait être amusant mine de rien. « alors t’as … 1)Quelle jalouse êtes vous ? … 2)Connaissez-vous les nouveaux mots du sexe ? ou bien … 3)Suis-je amoureuse ? ... alors ma belle qu’est-ce que tu choisis ?» ouais c’est tout ce qu’il y’a sur ce magazine, hm. Ça vole pas haut mais j’y peux rien, c’est tout ce qu’on a sous la main. Donc je repose mon regard sur elle, attendant qu’elle choisisse celui qu’elle aimerait faire. Et qui sait, je pourrais en apprendre plus sur elle…

Faut avouer j’ai légèrement sursauté quand elle s’est posé à mes côtés tellement j’étais absorbée par le contenu de ce magazine. Bon c’est que Raphaëlle donc c’est une bonne nouvelle, en soi. Elle se lève même pour commencer à marcher comme une mongolienne devant mes yeux ce qui a le don de me faire éclater de rire un court instant. « nan là c’est encore pire ! » car bon une démarche comme ça n’inspire pas vraiment confiance. « Viens t’asseoir ici grosse débile » ouais elle m’a bien fait rire, pour le coup. « J’ai pas encore songé à passer la porte de l’abandon donc je pense que ça va, je tiens le coup » ouais pour moi, c'est le plus important : ne pas flancher mentalement pour ensuite abandonner. Ça serait un aveu de faiblesse. Quelqu’un de vraiment mal au point voudra se barrer et en finir pour de bon. Ça sert à rien de se torturer ici, mais pour ma part, même si ça me fait chier de rien foutre les trois quarts du temps, je tiens bon. Et mine de rien je suis soulagée que tout va bien de son côté aussi. Parce-que bon perdre Raphaëlle serait une petite catastrophe à vrai dire. Surtout pour moi, c’est devenu un repère maintenant. Je reprends mon sérieux, réajustant mes lunettes à la Shannon façon grand énarque et intellect prétentieux. A force de le côtoyer j’ai l’impression de commencer à lui ressembler dans ses gestes. Je croise les jambes et je dépose une nouvelle fois mes prunelles sur mon magazine. Elle hésite entre les deux derniers. M’ouais le premier je connaissais déjà la réponse : Je suis une grosse jalouse dans le genre qui peut commettre de gros meurtres passionnels pour pas grand-chose. Donc ça me va aussi qu’elle ait choisi le dernier, je vais pouvoir aussi connaître ce qui se passe dans la tête de la petite Raph. « avec celui-là je sens venir des surprises, ouais » parce-que franchement, je me suis jamais posé la question tellement ça me paraissait second et facultatif, en fait. « Bon on commence ? » Je réajuste une nouvelle fois mes lunettes qui glisse constamment pour me concentrer sur la première question « alors question n°1 - Là tout de suite, vous pensez à : 1)Quelqu’un en particulier 2)la tonne de boulot qui vous attend demain ou 3)ce que vous allez manger ce soir ?» mmmh bon on pouvait pas dire qu’on avait du boulot à faire ici donc on pouvait en éliminer une d’officie. Je pivote pour recueillir un peu les réflexions de Raph, un sourire malicieux sur les lèvres « alooors ? » haha ouais accouche ma chérie, on s’est embarquée dedans donc on a plus trop le choix maintenant. Je sors mon stylo pour cocher nos réponses au cas où, et mine de rien, je sens qu’on va bien s’amuser avec ce quizz, hm.