broken road. le 13 mars à 23h15

FT SHEM.




Je vais chercher Shem. On décide de s’isoler cette nuit car la présence des autres m’est parfois difficilement supportable, apparemment pour lui aussi puisqu’il est d’accord. Pour une fois que nous allons dans la même direction, c’est assez rare pour le souligner. D’ailleurs, nos deux chambres sont bien trop peuplées pour que nous puissions parler en toute tranquillité. Sachant que je ne dors peu, les savoir à un mètre de moi lorsque je vais m’adresser à lui à tendance à me bloquer, juste un petit peu quoi. Honnêtement, parfois, c’est un peu pesant ce climat. Mais tout à fait supportable, hein. Du coup, on prend des mesures assez radicales. On ne peut avoir aucune intimité ici, il y en a toujours un qui débarque au mauvais moment, c’est agaçant. Bon ok, ce n’est pas comme si nous n’étions jamais que tous les deux, mais quand même. On mange rapidement avec les autres, ceux faisant parti de mon écosystème réduit, c’est-à-dire ... Levi, évidemment, il n’y a pas foule et tant mieux, j’ai envie de dire. On finit rapidement notre repas avant de s’éclipser discrètement tous les deux, montant dans le grenier. Enfin c’est plutôt moi traînant Shem par la main, ce qu’il peut être lent, parfois. Je pousse la porte du repère et je vérifie qu’il prenne bien soin de la fermer. J’esquisse un léger sourire lorsque j’en suis sûre et certaine, je pousse un léger soupir de satisfaction avant d’aligner quelques pas dans la pièce, sereine. J’attends qu’il pose son fessier pour en faire de même. Je m’assois sur une chaise, à l’opposé de lui car je sais que lorsque je suis un peu trop près de lui, j’ai tendance à me laisser aller, et mon esprit divague un peu trop à mon goût, parfois. Mon cerveau s’en retrouve parasité et je n’arrive pas à me concentrer d’où la pseudo distance entre lui et moi, quelques mètres, à peine.  Je laisse tomber mes ballerines sur le sol. « Tu penses qu’on a changé ? » je finis par lui demander, de ma voix cristalline en plantant mes prunelles azurées dans les siennes. Simple question mais qui me tracasse depuis quelques jours. Changés par rapport à nos buts qu’on s’était fixé au départ, par exemple j’étais la première à dire que je ne me rapprocherais jamais d’un candidat comme cela, mais je l’ai pourtant fait. J’ai fait complètement l’inverse.  Je n’arrive pas à savoir si c’est bien ou mal. J’aimerais son avis, c’est un peu le seul qui compte à mes yeux, ici.

L’idée de se retrouver seuls, juste tous les deux, juste eux, dans cette pièce réservée qu’à une infime partie des candidats l’avait quelque peu séduit. Juste l’idée de se retrouver avec elle l’avait séduit, pour tout dire. Qu’importe ce que les autres pouvaient penser de cela. Ainsi il se laissait emmener par la jeune femme. Traversant les couloirs, grimpant marche après marche, main dans la main, sans même se soucier des regards des autres. Ils rendirent rapidement à l’endroit tant convoité par les deux jeunes gens. Le repère des tourtereaux. Lorsqu’ils eurent rentré dans la pièce en question, Shem prit la peine de bien refermer la porte derrière lui. Sait-on jamais. Il ne manquerait plus qu’un petit malin se soit amusé à les suivre. Ils ne pouvaient pas dire que ce château leur offrait souvent une intimité. Clairement non. Les caméras, les candidats. Entre ceux qui pouvaient surprendre une conversation, ou d’autre voir quelques gestes, sans compter ceux qui se mettaient entre eux pour les priver d’un moment l’un à côté de l’autre. Ils n’avaient pas d’intimité. Alors ce soir-là, ils s’octroyaient un moment privilégié. Rien que tous les deux. Il n’y aurait qu’eux. Juste eux. Shem finit par s’asseoir sur l’une des chaises. Posant son regard en direction de Théodora qui fit de même. En face de lui. Il ne savait pas trop pourquoi elle s’assit si loin. Il la détailla un instant du regard. Un silence. Puis elle prit la parole. Elle lui posa une question. Une question pour le moins surprenante. Avaient-ils changé ? Pensait-il qu’ils avaient changé. Il haussa vaguement les épaules. Changer. Le changement. Ce n’était qu’une notion vague. Changement physique, changement psychologique, etc. Physiquement, ils n’avaient clairement pas changé. Si ce n’est que Shem s’était retrouvé dépourvu de barbe, quelques jours. Cette nouvelle barbe naissante tardait à apparaitre. Il ne pensait pas que lui avait changé dans sa personnalité. Il avait toujours été fidèle à lui-même. Il n’avait pas remarqué de grand changement chez la jeune femme depuis le premier jour. « Non. » répondit-il brièvement dans un premier temps. Il passa sa main sur son menton. Réfléchissant encore à la question. « Tu parles de nous ? » reprit-il. Nous. Eux. Lui et elle, en somme. « De notre relation ? » souffla-t-il sans même lui laisser le temps de lui répondre. Il n’y avait que cela qui avait pu… changer entre eux. Changer. Il aurait plutôt dit évoluer. Changer, ce mot avait une connotation stigmatisante, dévalorisante. « J’imagine qu’elle a pris le chemin qu’elle devait prendre, notre relation. » affirma-t-il brièvement. Aucun des deux n’avait voulu forcer un coup du destin. Non. Aucun. Tout s’était passé si… si naturellement, si simplement entre eux. Il baissa la tête quelques secondes. Il réfléchit. A sa question. Encore. Il tendit légèrement la main vers la jeune femme, pour attraper la sienne. Il porta son regard dans l’azur dans les yeux. Ses doigts vinrent caresser ceux de la belle brune. Silence. « Ca te fait peur ? » lui demanda-t-il alors. Ce chemin que leur relation avait pris, en avait-elle peur ? Y avait-il quelque-chose d’autres dont elle avait envie de partager avec lui ? De lui confier ? Il l’écouterait. Il écouterait parler son cœur, quoiqu’elle lui dise.

Je me place bien en face de lui, mes prunelles bleu glacé le scrutant avec une certaine attention lorsque j'attends une réaction de sa part. Barbu ou non, la réaction de Shem reste toujours la même, une main traînant sur sa joue ou son menton, au choix, ça m'arrache un léger sourire. Au moins sa réponse est directe. Non. C'est presque rassurant sachant que j'accorde bien plus de crédibilité à une remarque spontanée qu'à une remarque un peu trop réfléchie qui pourrait presque paraître calculée, au final. Il me demande si le changement nous concerne tous les deux, ensemble, oui, cela me semble évident. « Oui » je parle de nous. J’acquiesce. « Tu penses que ça allait finir par arriver ? » je lui demande alors, d'une voix claire alors que je me courbe pour attraper sa main tendue. J'en profite, pour une fois que c'est moi qui pose les questions et non l'inverse. A force de traîner ensemble longtemps, d'être l'un sur l'autre, en fait, pas dans le premier sens, je me comprends quoi. Est-ce qu'on peut dire que c'était inévitable ? Non ? Il enchaîne rapidement. Si j'ai peur ? Non. J'ai tendance à foncer tête baissée et de me rendre compte qu'après des conséquences. Je ne suis pas sûre que cela soit la bonne technique. Je n'ai pas peur, je suis seulement inconscience. Je n'ai pas peur de la vitesse, juste de la durée, qu'une fois sortis d'ici on se rende compte qu'on a fait une connerie. Ce n'est même pas de la peur, juste de l'appréhension en fait. « Je ne crois pas » je réponds simplement. « Mais si ça foire ... » je laisse entendre en haussant les épaules, ok, je pense déjà à la fin alors qu'on n'a même pas commencé. Mais bon il faut bien dire que tout ce que l'on entreprend ici n'est pas forcément une réussite  soyons honnête et que l'on perdra tout ce que l'on avait avant. C'est un risque non ? Je finis par me lever de ma chaise, pour le rejoindre, en prenant place sur ses genoux. Je m'installe confortablement. L'un de mes bras se glisse autour de son cou. Je sens son regard peser sur moi, j'esquisse un sourire avant que mes lèvres ne glissent délicatement sur les siennes pendant un court instant.

Ni l’un ni l’autre n’avait changé au fil des semaines. Ou tout du moins, lui n’en avait pas conscience. Peut-être que des regards extérieurs seraient capables de pointer chez chacun des deux jeunes gens leurs changements. Il n’avait pas assez de recul pour en être capable. Être capable de pointer leurs changements, leurs évolutions, leur métaphores… si ce n’est leur relation. Cette relation qui était basée sur un respect, une complicité, une interaction forte entre eux. Dès le début, il l’avait apprécié. Il avait été quelque peu séduit par sa personnalité. Séduit, non pas dans ce sens fort qu’on pouvait apposer à ce mot. Leur relation de prime abord avait tout pour dessiner une belle amitié. Une amitié qui avait pris un autre tournant depuis quelques jours. Sûrement était-ce ce chemin qu’ils devaient emprunter tous les deux. Peut-être. Cette relation. Ou plutôt leur relation avait choisi son chemin. Le bon. Il haussa vaguement les épaules lorsqu’elle lui posa une nouvelle question. Est-ce qu’il pensait que ça allait finir par arriver. « Tu sais, je n’étais pas venu ici pour tomber amoureux, ni même de repartir avec une fille à mon bras. » souffla-t-il. Il l’avait clairement dit dans sa présentation. Il n’était pas venu dans ce jeu pour rechercher l’amour. « Je veux dire par-là… rien n’a été prémédité. J’imagine qu’à force de passer beaucoup de temps ensemble, il y a eu une certaine alchimie entre nous. Mais je ne le regrette pas. » énonça-t-il brièvement alors. Shem n’avait jamais orchestré sa vie amoureuse. La preuve en était, il n’eut qu’une seule petite-amie avec laquelle il eut une longue relation. Il ne se forçait pas à tomber amoureux, ou à être séduit par telle ou telle fille. Peut-être n’avait-il pas assez de recul sur eux, sur leur relation pour affirmer que tout cela arriverait à un moment donné. Certains le pensaient peut-être. Il ne sait pas. Mais une question le taraudait. Avait-elle peur ? Après tout, elle lui posait des questions… mais devait-il voir un signe de crainte ? Elle ne lui affirma que non. Ou tout du moins qu’elle ne le croyait pas. Il posa son regard, sans ciller. Il observa sa bouche s’articuler. De nouveaux mots s’échappèrent sur sa bouche. Mais si ça foire. Un léger rictus se dessina sur ses lèvres. Il se tut quelques secondes. Alors que ces derniers mots firent écho dans son esprit. « Ca ne foirera pas. » énonça-t-il alors, persuadé de ce qu’il venait de lui affirmer. Elle finit par savoir sur ses genoux. Il l’observa, la détaillant précieusement du regard. Elle vint l’embrasser. Il profita de ce doux moment qui ne dura que quelques secondes. Sa main vint caresser sa joue. Il plongea alors son regard dans le sien. « Fais-toi confiance, fais-moi confiance… fais-nous confiance, et laisse parler ton cœur. » lui dicta-t-il alors. Oui. Qu’elle laisse parler son cœur. Qu’elle lui dise ce qu’elle avait sur le cœur. Qu’elle lui dise ce qu’elle ressentait… ou juste un mot, ou trois. Trois petits mots qu’il voulait entendre de sa bouche. De la sienne, et pas de celle d’une autre. «Et tout ira bien » conclut-il.

Notre amitié s’était transformée, assez rapidement, en fait. Il tente de me rassurer comme il peut. J’esquisse un léger sourire. En venant ici, il ne comptait repartir avec quelqu’un, oui, c’est un peu le cas pour tout le monde, j’imagine ? « Oui, je sais » Je réponds simplement en me demandant si j’ai bien entendu le ‘tomber amoureux d’une fille’. Il vient vraiment de dire cela ? J’arque un sourcil tout en continuant de le dévisager pendant de longues secondes.  Il m’avance qu’il ne le regrette pas. Je lève les yeux au ciel. Heureusement sinon je m’interrogerais sur sa présence ici et tout ce qu’il va avec. J’espère bien qu’il ne le regrette pas. Il semble très sûr de lui quand il m’assure que cela va marcher. Au moins, il veut y croire, c’est déjà beaucoup. Cela ne va pas foirer. J’espère bien. « On verra » Je finis par dire, très simplement, en haussant les épaules. Je pense qu’on ne peut rien faire, si ce n’est essayer et voir comment cela se passe, c’est tout. Il faut que je lui fasse confiance. Nous faire confiance, c’est bien plus facile à dire qu’à faire. Je sais exactement ce qu’il veut. Je ne suis pas dupe et il a déjà pas mal insisté sur le fait que je devais m’ouvrir à lui pour partager ce que je ressens. Sauf que ... je suis pudique et encore plus devant lui. Je sais, c’est assez incompréhensible sachant qu’il sait déjà presque tout. Et puis je ne suis pas d’un romantisme fou et très sentimentaliste, j’imagine que cela ne doit pas aider non plus. Je n’aime pas me dévoiler, surtout devant n’importe qui, d’accord, Shem n’est clairement pas n’importe qui. Mais je suis gênée. Bref. Je laisse un silence s’installer pendant une poignée de secondes avant que je ne me décide de le briser. J’esquisse tout d’abord une moue contrariée avant de me lancer. « Cela t’apportera quoi que je confirme ce que tu sais déjà ? » je lance moqueuse. Il a besoin d’être rassuré ? Ou simplement de savoir. « Tu m’agaces » je commence simplement en poussant un soupir assez sec. Mon regard se braque droit devant moi. « Mais » je laisse planer, sans finir ma phrase, la laissant en suspens, un rictus naissant au coin de mes lèvres. Je croise brièvement ses prunelles claires. « σ 'αγαπώ » je balance en grec, s’il ne comprend pas et bien tant pis, je ne vais pas le répéter une nouvelle fois, c’est déjà assez pour moi. Je ne vais pas faire la traduction non plus.

Pour tout dire, ce n’était pas la première fois qu’il tentait de faire en sorte que la jeune femme se confie à lui. Chacune de ses tentatives s’était avérée être un échec total. Il réitérait alors une nouvelle fois, aujourd’hui. Un essai qui sera légèrement plus concluant que les précédents. Il l’espérait tout du moins. Après tout, l’espoir faisait vivre. En tout cas, ils le disent tous. Est-ce que l’espoir faisait concrètement vivre ? Tout n’était qu’une question de philosophie. Il posa son regard en direction du joli minois de la grecque. Il resta silencieux. Il attendit juste. Attendre qu’elle ne prenne la parole. Attendre qu’elle laisse parler justement son cœur. Elle prit la parole. Ce n’était clairement pas ce qu’il espérait écouter. Non. « Je ne suis pas devin. » répondit-il alors au tac au tac. Il n’était pas devin. Il l’aurait su depuis des lustres s’il l’avait été. Comment pouvait-il deviner ce que son cœur avait envie de lui dire ? Ou de lui confier. Oui. Il est vrai qu’il avait peut-être une idée. Une idée vague. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres lorsqu’elle lui confia son agacement. Il l’agaçait. La voix de Théodora s’éleva de nouveau. Il observa un bref instant ses lèvres en suspend. Qu’allait-elle lui dire ? Qu’allait-elle bien pouvoir lui dire ? Elle articula quelques sons. Elle venait d’énoncer quelque-chose dans une langue qui ne lui était pas familière. Pas encore pour le moment. En grec, certainement. Malgré sa méconnaissance langagière, il avait alors une vague idée sur la signification de ces quelques syllabes. Il espérait ne pas se tromper. Elle ne se serait tout de même pas permis de l’insulter. Son visage s’approcha alors du sien. S’approchant dangereusement. Son nez vint à la rencontre du sien, tant dit qu’un rictus épousa ses lèvres. « Ani ohev otakh » souffla-t-il dans un petit murmure. C’était tout de même bien plus beau et agréable à écouter lorsque c’était prononcé en hébreu, vous ne trouvez pas ? Il approcha alors sa bouche de la sienne, avant finalement de laisser lourdement retomber contre le dossier de la chaise. « Je crois qu’il est important que l’on instaure une règle. » lança-t-il alors. Instaurer une règle. Pour le bon fonctionnement de leur couple, peut-être. « Comme mon grec est archinul, tu n’aurais le droit de me parler en grec que lorsque tu m’auras appris… en attendant, tu devras me parler en anglais. ». Un sourire malicieux se dessina alors sur ses lèvres. « Sinon, je vais être obligé de te répondre en hébreu et on ne s’en sortira pas. Ca deviendra une vraie cacophonie. » qu’il conclut. Il ne la quitta pas du regard. Attendant alors sa réaction. Elle allait certainement refuser ce petit compromis. Ce n’était pourtant rien de compliquer. Interdiction qu’elle lui échange des mots en grec tant qu’elle ne lui avait appris. Il vint alors déposer un baiser sur les douces lèvres de la belle brune. « On peut commencer la leçon toute de suite, si tu le désires. » énonça-t-il d’un air badin, marquant alors une brève pause dans ce baiser.

J’ai le droit à un bisou esquimau de sa part, tiens, les rôles sont inversés cette fois. Je glisse mes petits bras autour de son cou et me laisse aller contre lui lorsqu’il s’affale sur le dossier de la chaise. J’écoute sa réponse ... en hébreu donc, et j’esquisse un doux sourire. « Elle est vraiment étrange, cette langue » Je ne peux pas m’empêcher de lâcher, par pure provocation, je l’avoue. Juste pour le plaisir de le contrarier sachant que l’hébreu fait bien plus doux niveau prononciation que le grec. Au moins, j’en ai conscience. « Ha non ! » je proteste alors lorsque j’entends le mot règle, chose que je ne peux supporter, en bonne chieuse de base que je suis. Il devrait pourtant le savoir. Rien qu’à l’entente de ce mot, tout mon corps se tend, enfin, j’exagère peut-être un peu mais l’idée est présente. « On ne va pas commencer comme cela » je balance. Parce que si au début on commence ainsi, c’est l’escalade. Autant prévenir dès le début. Il veut apparemment que je m’abstienne de parler grec en sa présence. Sourire moqueur aux lèvres, j’arque un sourcil, l’observant un long moment, sans rien dire avant que je ne secoue la tête de droit à gauche, je ne suis pas d’accord.  « Je comprends tout à fait ce que tu dis en hébreu » je conteste alors, en ronronnant, presque, lui signalant qu’il n’y a que lui qui ne pige rien à ma langue. En tout cas, là, je pense avoir saisi ce qu’il venait de me dire, à l’instant. Et en plus, il essaie de faire diversion en m’accaparant mes lèvres, comme si cela allait me pousser à dire oui, ou mieux encore, à traduire ce que je venais de lui dire en anglais. L’espoir fait vivre. Je l’ai déjà dit une fois, c’est suffisant. Il veut que la leçon commence maintenant. Oui, oui, bien sûr, on s’est isolé pour apprendre à parler grec, tout à fait, tout à fait. On risque de s’amuser comme des petits fous, je vous préviens.  C’est hors de question. Je secoue la tête négativement, lui signifiant que non, cela ne risque pas de se passer comme cela. En plus je n’ai pas la patience de lui enseigner, qu’on se le dise. Je me demande comment il a pu penser que j’allais accepter ce compromis, d’ailleurs, il essaie d’en faire un peu trop avec moi, parfois, je remarque. Je lui achèterais un bon petit dico et cela fera l’affaire.  « Ou la reporter à plus tard » Je lance en haussant les épaules, un fin sourire sur les lèvres avant que je ne les dépose sur sa mâchoire. Ce n’est qu’une proposition, bien évidemment.

Il partait d’un bon sentiment en énonçant cette règle. Surtout que ladite règle n’était pas juste une certaine ligne de conduite à suivre. Pour le bon fonctionnement de leur… couple. Couple, c’était bien ce qu’ils étaient à présents, n’est-ce pas ? Un couple. Elle ne semblait pas être en accord avec l’idée émise par l’israélien. Elle semblait s’opposer à cette règle l’interdisant de parler sa langue maternelle en sa présence. Tout du moins, pas temps qu’elle ne lui avait enseigné cette langue. Elle n’était pas si contraignante que cela cette règle. Et pourtant, elle trouvait redire. Ils n’allaient pas commencer comme ça. Quoi ? Il fallait bien qu’il y ait certaines règles, sinon ça deviendrait vite une sorte d’anarchie entre eux. Il lui lança un petit regard perplexe. Il ne dit rien. Il analysa l’expression du visage de la jolie brune. Elle reprit la parole en lui indiquant qu’elle, elle avait compris ce qu’il lui avait dit. Il leva les yeux doucement en l’air, observant quelques microsecondes le plafond blanc. Il devait se douter qu’elle ne jouerait pas le jeu de cette petite règle. Il la connaissait par cœur, ou presque. Connaître par cœur une personne… était-ce possible ? Il ne le savait pas concrètement, mais était-ce important ? Il la connaissait certainement mieux que quiconque au sein de ce château. Nul besoin de rappeler qu’ils partageaient beaucoup de moments ensemble, ici. Ils avaient tissé une certaine complicité et avaient appris à se connaître à leur façon. Un rictus amusé se peignit sur ses lèvres lorsqu’il lui demanda si elle désirait entamer ce cours improvisé. Il n’était guère sérieux en énonçant cela. Un sourire un peu plus large étira ses lèvres. Elle proposa alors de le reporter à plus tard. C’était une idée comme une autre, pour tout dire. Son regard rempli de malice se déposa sur le visage de la jeune femme. Il la couvrit de quelques regards avant qu’un sourire ne s’éprenne de nouveau de ses lèvres. L’un de ses sourires qui traduisait que son éclair de géni venait de frapper – ou non. L’une de ses mains se balada sur l’épaule de la jeune femme, jouant avec la bretelle de son haut. Son regard plongea dans le sien. « Je peux aussi t’apprendre le Shem language. » souffla-t-il alors. Il était certain que ça, elle ne le connaissait pas. Peu de personnes n’en avaient connaissance. Si ce n’est… personne. Il déposa sur ses lèvres. « Je peux t’offrir un cours particulier… très particulier. » renchérit-il, d’un ton faussement séducteur. Il se saisit de la jeune femme dans ses bras, non sans grande difficulté. Elle était un vrai poids plume. Son dos la remerciait grandement pour cela, d’ailleurs. Il se redressa en même temps puis il l’emmena en direction du lit. Elle ne semblait pas rechigner contre cette idée. Elle ne s’en débattait pas en tout cas. Lorsqu’il fut proche du lit, il la déposa délicatement sur les draps blancs qui couvraient le matelas. Il se débarrassa rapidement de ses chaussures et la rejoignit. Il s’allongea à ses côtés. « Ce serait con de ne pas tester la literie quand même. » commenta-t-il comme si de rien n’était. Il s’approcha alors de son visage, sa main vint caresser sa joue. Puis il redessina ses traits, comme s’il voulait s’en imprégner, comme s’il voulait se les mémoriser pour s’en rappeler à tout jamais. Ses lèvres vinrent alors capturer malicieusement les lèvres de la belle brune. L’une de ses mains se posa alors sur sa jambe nue, elle remonta doucement prodiguant sur son passage quelques caresses. Elle remonta curieusement et délicatement, cette main baladeuse.

Je préfère zapper l’option cours de langue pour ce soir, j’espère qu’il ne m’en voudra pas. Il veut m’apprendre le Shem langage, j’arque un sourcil lorsque je le vois s’amuser à faire glisser ma bretelle sur mon épaule. C’est nouveau, ça. « Ça m’intéresse déjà plus » je balance en levant les yeux au ciel, un sourire amusé au coin des lèvres. Bizarrement, il m’a captivé directement. Comme quoi, lorsqu’il y met sa bonne volonté, on peut arriver à quelque chose. Je suis apparemment une privilégiée car je vais avoir droit à un cours, le ton qu’il emploie m’arrache un rictus moqueur. En mode pseudo loveur. « Montre-moi » je balance très simplement, en attendant qu’il s’exécute. M’enfin. Je me sens rapidement soulevée dans les airs, m’accrochant temporairement à lui, je n’ai pas besoin d’être devin pour savoir où il risque de m’emmener. J’atterris dans le lit, doucement. Il nous faut tester le lit, bien évidemment, cela allait de soi. « Bien sûr » je me contente de répondre parce que je n’ai pas vraiment le temps d’en placer une autre puisque mes lèvres sont prises d’assaut par les siennes. Je sens l’une de ses mains qui se fait aventureuse sur ma jambe. Je le laisse faire alors que ma bouche s’accapare la sienne. Au bout d’un moment ma main finit par ralentir la sienne, la stoppant dans son mouvement, mes doigts s’entremêlant aux siens, pour la décaler d’un geste doux qui ne se veut pas repoussant pour autant, je pousse légèrement Shem pour que son dos cogne délicatement contre le matelas. Je grimpe sur monsieur, me positionnant à califourchon, on peut dire qu’ainsi, j’ai une vue d’ensemble et je commence à déboutonner tranquillement sa chemise. Je prends tout mon temps, je débute par le col avant d’arriver à la moitié. Je cale toute ma chevelure, essayant de la contenir sur une seule épaule, pour me faciliter la tâche. Mes lèvres partent à la conquête de son cou, je fais une pause. Je parsème sa peau de baisers lorsque, mes doigts agiles frôlent son torse à moitié nu pour reprendre là où je m’étais arrêtée. Je finis par en venir à bout, de sa chemise, une fois complètement ouverte, j’oblige Shem à se relever partiellement, redressant son buste pour se mettre quasiment à la verticale. Je me débarrasse de son bout de tissu que je laisse tomber rapidement sur le sol. Mes bras se nouent autour de sa nuque alors que je l’attire un peu plus contre moi.

Etrangement, l’optique de ce nouveau cours semblait intéresser la jeune femme. Un sourire malicieux se dessina alors sur les pulpeuses de l’israélien. Il ne pouvait pas s’empêcher de jouer faussement l’homme séducteur, en position de force face à sa proie séduite. Il s’en amusait. Il n’était pas comme cela. Il était loin d’être le garçon qui se prenait pour le plus grand des séducteurs. Il avait un certain potentiel, certes. Mais il ne l’utilisait pas n’importe quand, ni n’importe où et encore moins avec n’importe qui – ce serait un coup à se retrouver avec n’importe qui (ou même quoi) dans son lit. Il lui proposa ainsi un cours particulier. Vraiment particulier. Il ne se permettrait pas une telle leçon (oui, appelons cela ainsi) avec une autre femme qu’elle. Il n’y avait plus qu’elle qui comptait à présent à ses yeux. Elle et rien d’autres. Elle voulait qu’il lui montre. Elle n’avait même pas à lui demander, il en avait bel et bien l’attention. L’attention de lui montrer ce Shem language. Il vint à la transporter jusqu’au lit. Il faut bien qu’ils l’essaient après tout. Ils n’étaient certainement pas venus s’isoler ici pour converser autour d’une table, boire un jus de fruit, faire une partie de cartes… ils auraient très bien pu s’installer dans le salon pour cela. Il l’embrassa. Profitant de ce délicieux échange pour caresser la jambe nue de la belle. De sa belle ( ?). Rapidement la main de Théodora vint stopper la baladeuse – peut-être la jugeait-elle trop curieuse, la baladeuse. Elle vint alors le faire basculer à la renverse, son dos venant épouser la forme du matelas. Confortable le matelas (oui, ce détail avait son importance. Il n’accepterait pas de dormir dans n’importe quel lit quand même.). Son regard se posa sur le visage de la jeune femme qui était alors concentrée à déboutonner un à un chaque bouton. Elle marqua une pause dans son déboutonnage, venant déposer un chaleureux baiser dans le cou du jeune homme. Il en sourit. Alors que ses veines se gonflaient d’une certaine envie, d’un certain désir. Elle déposa de nouveaux baisers sur sa peau se réchauffant petit à petit d’un désir qui lui brulait les bouts des lèvres. Il la laissa finir de s’occuper du sort de sa chemise qui finira sa soirée sur le parquet de cette pièce. Il passa ses bras autour de la taille de la demoiselle, l’attirant alors un peu plus vers lui. Il tenta de lui attraper ses lèvres en déposant un nouveau baiser, tant dit que ses mains descendirent petit à petit. Elles suivirent les courbes ondulées et gracieuses de la jeune femme, elles s’arrêtèrent un bref instant au niveau de ses fesses. Elles s’attardèrent un court instant sur cette partie. Pendant son temps, il continuait à l’embrasser. Ses doigts vinrent tirer la jupe de sa robe. Lorsqu’il réussit à se saisir du bout de tissu, il recula légèrement et l’aida alors à se débarrasser de son habit. Lorsqu’elle se trouva dénudé de sa robe, il fut une boule avec le vêtement et le lançant à travers la pièce. Il ne s’intéressait à l’endroit où il atterrirait. C’était le cadet de ses soucis à ce moment précis. Il avait d’autres préoccupations qu’un simple habit. Il lui lança un regard complice. Elle en avait certainement envie. Tout autant que lui. Il se redressa légèrement, alors que ses mains se baladèrent sur le corps quasi-nu de la belle. Elles déposèrent sur son passage quelques caresses. Ses mains se glissèrent dans son dos, jusqu’à s’arrêter à son soutien-gorge – pourquoi en mettait-elle un ? Franchement. Il le désagrafa avec une certaine aisance. Lorsqu’elle se trouva débarrasser de ce surplus vestimentaire, il déposa un baiser sur son petit sein. Sein gauche. Il put sentir quelques battements de son cœur. Un rictus épousa ses lèvres. Ses lèvres remontèrent légèrement. Un baiser dans le cou. Un baiser à la commissure de ses lèvres jointes. Un baiser sur ses lèvres. Il la couvrit de tendres baisers.