When everything's meant to be broken ♢ 23.07 à 02h36

Pour ceux qui pensaient que les journées dans le château pouvaient être longues et répétitives, voilà qui était une sacrée leçon de vie. Le temps qu'ils passent dans la salle d'attente est ridiculement chiant. Ça en arrive à un point où même les nerfs plutôt solides d'Isidore commencent à s'échauffer. Ils sont là depuis quoi ? Deux ? Trois jours ? Et déjà il a envie de péter un câble. Cette pièce est trop petite pour vingt-et-une personnes. C'est trop petit pour douze personnes ! Même six finiraient par s'entretuer. Alors il prend sur lui, il fait semblant de dormir la journée pour qu'on le laisse tranquille et passe ses nuits à lire dans la pièce commune loin, enfin loin façon de parler, du campement. C'est ridicule. Franchement ridicule. Il a rien fait pour mériter ça, que certains aient déconné, il veut bien le croire les gens ont tendance à foutre en l'air les opportunités qu'on leur tend, mais lui ? Lui il a été aussi exemplaire que possible. Et ça lui casse les couilles, pour parler franchement, de devoir se coltiner cette pièce matin, midi et soir. Alors quand les gens sont endormis et qu'il est sûr d'avoir un moment à lui, il se lève, comme les nuits précédentes et se dirige vers le seul endroit qu'il soit sûr de trouver vide. Les chiottes. Quelle honte de devoir se planquer dans des chiottes. À peine la porte de la chambre fermée, il craque complètement. Ce qui ne lui arrive jamais soyons clairs. Ses yeux s'embuent de larmes, c'est pas de la tristesse, c'est de la rage et un peu de frustration. Ok beaucoup de frustration. Il s'assoit par terre de se mord la lèvre, il ne peut pas pleurer. Le monde entier est en train de regarder et s'il pleure on va le prendre pour un faible. Aussitôt a-t-il pensé ça qu'une larme, bien traitresse, vient rouler sur sa joue. FUCK ! Et son regard est attiré par un mouvement à gauche. Iris ? Oh great ! Fallait que ça tombe sur lui d'être pris en flagrant délit de pétage de plombs. « T'avais raison lors du prime. Cette semaine est bien merdique. » qu'il signe sans parler pour ne pas attirer l'attention d'un ou deux rapaces dans la pièce d'à côté, avant d'essuyer la larme à la con qui lui brûle la peau.

Il a craqué deux fois en trois jours. Bon cette fois il a carrément versé une larme -ce qui est carrément la honte pour lui le mec costaud que tout le monde croit dur comme la pierre à commencer par lui-même- alors c'est pire que lundi avec Shannon, mais finalement ça le dérange peut-être un peu moins que ce soit devant Iris. Probablement parce qu'il sait qu'elle aurait plus de mal à faire circuler le ragot si elle le voulait -pas qu'il soupçonne Iris ou Shannon de vouloir se foutre de sa gueule de la sorte- mais aussi parce que c'est une fille. Aussi con que ça puisse paraître à cet instant précis il aimerait entendre la voix grinçante de reproche de sa chère maman, un sentiment qu'il n'avait pas eu depuis des années, le son strident et désagréable lui tirant des grimaces alors même qu'il vivait encore chez eux. Iris voit le verre à moitié plein et il sourit tristement parce qu'elle a raison. Ou presque. « Le pire ce serait qu'ils nous renvoient chez nous samedi soir. Là on aurait été emprisonnés pour rien. T'imagines ? » Oui ce serait bien pire comme ça. Si leur passage ici s'avérait inutile Isidore n'aurait fait que pourrir l'image plutôt cool qu'il avait jusque là réussit à entretenir. Il serait à jamais dans l'histoire de Thrown Dice le mec qui pleurniche quand on l'enferme dans une pièce avec ses vingt-et-un colocataires. Si c'est pas le délire ça ! La main qu'Iris passe dans ses cheveux est agréable, surprenante et déstabilisante certes, mais agréable. Mais ce n'est que lorsqu'elle l'embrasse sur la tempe qu'Isi soupire. On sent qu'elle n'est pas un pro à ça, mais elle se donne du mal et pour être honnête elle est plutôt douée. C'est peut-être la chance de la débutante mais qui ça intéresse de définir si c'est bien le cas ? Isidore se sent mieux, l'objectif est atteint. Il tourne la tête vers elle et murmure un « Merci. » souriant. Elle sait lire sur les lèvres alors vue la position dans laquelle ils se trouvent il ne va pas signer. Ça voudrait dire briser l'étreinte tout de suite et il n'en a vraiment pas envie. Il laisse une minute ou deux passer, silencieux, parfaitement bercé par le son de leurs deux respirations et apaisé par les bras d'Iris. Et puis il sort un paquet de cigarettes à moitié déformé d'être resté trop longtemps dans sa poche et recule un peu. « On fume une clope ? » qu'il demande sans vraiment attendre de réponse dégainant déjà deux cigarettes et se rappuyant contre le mur, le briquet crachant sa petite flamme pour venir lécher le bout de la Lucky Strike. Il inspire lentement et longuement avant de souffler un fin nuage et de passer le briquet à sa copine. « Même le jardin virtuel me manque. » qu'il signe tant bien que mal la clope à la main. Il irait pas jusqu'à parler du train fantôme ça restait une expérience pas spécialement plaisante, mais le jardin virtuel inutile et moche, ça il peut.