Tommy pense avoir découvert le secret d'Ismael

Non mais, n'importe quoi franchement. Il suffisait qu'Ismaël fasse une insinuation un tantinet douteuse pour que Tommy marche à fond. Franchement, il ne parviendrait bientôt plus à le surprendre, celui-là. Et s'il croyait vraiment que Clyde serait disposé à participer à cet hypothétique plan à quatre, il se trompait. Parce qu'honnêtement, Ismaël n'avait pas la moindre envie de se montrer généreux. « De coté, ouais. Je ne prête pas, c'est tout » répliqua-t-il alors, en parfait petit égoïste qu'il était. Attention, cela ne signifiait pas pour autant qu'il considérait que son camarade lui appartenait. Simplement, s'il y a bien quelqu'un qu'il ne prendrait jamais le risque de mêler à ce genre de conneries - même simplement rêvées - c'était bien Clyde. Son camarade lui fit ensuite part de sa théorie au sujet de son secret. Une théorie intéressante et tout à fait plausible, c'est certain. En tout cas, Ismaël était effectivement à la recherche de ses parents biologiques, ou plus précisément de celle qui l'avait mise au monde puis abandonnée. Son père, il ne l'intéressait pas autant, disons. Tommy développa un peu son raisonnement, faisant légèrement sourire Ismaël. « Avoue-le, tu n'es pas très sûr de toi » fit-il alors, un brin provocateur. Parce qu'il semblait douter de son idée, à peine celle-ci énoncée. Et connaissant Tommy, ça ne lui ressemblait pas tellement. « Une bonne raison, dis-tu. Mais peut être n'y en a-t-il tout simplement pas ? » reprit-il, toujours en souriant légèrement. Après tout, peut être n'était-il qu'un petit inconscient, et puis voilà. Tommy posa alors une question un peu trop personnelle à son goût. Pourtant, il se sentait presque obligé d'y répondre. « C'est indiscret comme question. Mais ... je dirais que c'en est nul part, étant donné qu'elle est introuvable, mais qu'en admettant que je puisse un jour retrouver sa trace, elle ne voudra assurément pas me voir. » Et c'était compréhensible. Son bâtard, elle n'en voulait assurément pas le moins du monde. Vraiment, tout à fait compréhensible.

« De coté, ouais. Je ne prête pas, c'est tout » Mais quel égoïste dites moi. Et puis lui il pouvait ce que bon lui semblait, pendant que ce cher Clyde devait sagement l’attendre ? Halala. Bon évidemment tout ceci n’était que pures fantasmes. Personne n’avait rendez vous avec les animatrices de l’émission. Je ne répondis rien, on allait ne pas continuer pendant trois heures sur ce sujet non plus. On n’était pas là pour ça après tout. Place à son secret. « Avoue-le, tu n'es pas très sûr de toi » Non sans blagues ? « Comment veux tu que je le sois ? T’es indéchiffrable, et probablement un très bon manipulateur » Je n’allais pas mentir et dire que j’étais sur de moi, de toute façon il ne m’aurait surement pas cru. Il pourrait profiter de cette information pour me foutre le doute encore plus, et tout, mais peut importe, puisque de toute manière je ne changerais pas de ligne directrice. « Une bonne raison, dis-tu. Mais peut être n'y en a-t-il tout simplement pas ? » J’hochai la tête. « T’es peut être qu’un crétin inconscient aussi c’est vrai, mais j’aime à croire qu’il y a plus » Je lui demandais alors où s’en était de ses recherches concernant sa mère biologique. C’était indiscret oui, mais bon, son secret l’était surement alors…Il fallait bien. Mais bon de toute manière, rien ne l’obligeait à me répondre ou me dire la vérité. Ça ne dépendait que lui, bien que j’aimerais qu’il soit honnête. « C'est indiscret comme question. Mais ... je dirais que c'en est nul part, étant donné qu'elle est introuvable, mais qu'en admettant que je puisse un jour retrouver sa trace, elle ne voudra assurément pas me voir. » J’en étais désolé pour lui. Tout le monde mériterait de connaître ses géniteurs. Ne serait ce que pour leur foutre un coup de poing dans la gueule pour être des salauds, oui oui. « Tu la recherche tout seul ? Ou t’as de l’aide ? Et dis moi…pourquoi t’as fais cette émission ? Ce n’est pas quelque part un moyen qu’elle puisse reconnaître son fils à la télévision ? »

Autant ne pas s'étendre sur ce sujet un peu douteux. Ça n'était ni l'endroit ni le moment de se laisser aller à tant de bassesse. Vraiment, quelle mauvaise influence avait Tommy sur ce pauvre Ismaël, qui était pourtant connu pour être d'une vertu implacable. Il allait vraiment falloir qu'il pense à changer de fréquentations, parce que ça ne pouvait clairement plus durer ainsi. Mieux valait donc parler du buzz, ou disons de l'intitulé buzzé par Tommy. Ce dernier avait de la suite dans les idées, et réfléchissait visiblement bien plus que ce que l'on pouvait penser en le voyant se prendre pour le mec le plus séduisant sur cette terre. Parce qu'Ismaël avait longtemps cru qu'il était un kinder surprise sans le petit jouet à l'intérieur, tant il semblait être creux. Visiblement, il s'était trompé. « Je prends tout cela comme des compliments. » Être dit indéchiffrable et manipulateur, ça avait effectivement tendance à lui plaire. Parce qu'il se voyait également de la sorte, et que cette part de sa personnalité lui plaisait. Aussi, Tommy semblait désireux de connaitre la raison du comportement d'Ismaël, sans même envisager qu'il puisse tout simplement ne pas y en avoir. Ismaël lâcha un petit rictus face aux dires de son camarade. Il ne répondit rien et passa à la suite. Une suite peu plaisante, et clairement gênante. Car parler de ses parents biologiques n'était pas évident pour l'anglais, qui avait été abandonné tout bébé. Donc forcément, la question de Tommy l'embarrassa quelques peu, mais il tâcha de ne pas trop le montrer. Mais tandis qu'il répondit à Tommy, voilà que celui-ci se montra encore plus curieux. Oula, ça faisait beaucoup de questions. « Ma tante maternelle, qui est la sœur de ma mère biologique et que j'ai retrouvé assez facilement, m'aide dans mes recherches. Elle n'a plus de nouvelles de sa sœur depuis de nombreuses années, mais on ne désespère pas de la retrouver un jour ... » Ne serait-ce que pour lui faire comprendre qu'elle avait bousillé son existence, hm. « Parce que tu crois qu'après vingt-trois ans, elle saurait reconnaitre celui qui n'était encore qu'un bébé lorsqu'elle l'a abandonné ? Tu crois peut être qu'elle pense à moi, qu'elle ne m'a pas oublié ? Erreur. Cette femme a pris la décision de me chasser de sa vie le jour du début de la mienne. Elle a du se marier, fonder une deuxième famille ... Alors non, elle n'a rien à voir avec ma participation à ce programme. Je suis ici pour jouer, simplement pour jouer. » Et là tout de suite, il avait envie d'étrangler Tommy. Par sa faute, il se sentait très mal.

« Je prends tout cela comme des compliments. » Si ça lui faisait plaisir, alors qu’il le prenne comme tel. De toute manière ce n’était pas non plus dis comme une critique. Ni l’un ni l’autre. J’exposais juste les faits. Et il est vrai qu’il était indéchiffrable, et manipulateur. Bien plus qu’on ne devait s’en douter d’ailleurs. J’évoquais ensuite sa mère biologique. Pas son sujet favoris a priori. J’appris ainsi qu’avec l’aide de sa tante maternelle qu’il avait retrouvé, il cherchait ainsi sa mère. Bien que ça ne l’enchantait guère, il me répondait au moins. De manière honnête j’osais l’espérer. Si je pensais qu’elle pourrait le reconnaître ? Et pourquoi pas ? Il pourrait très bien ressembler physiquement à son père, ou son grand père, allez savoir. Et qu’elle pourrait se reconnaître dans l’histoire…. Comme peut être qu’elle s’intéressait à lui, ou qu’elle ne l’avait pas oublié. Tout était possible ? « Peut être qu’elle ne t’as pas oublié, et qu’elle pense souvent à toi, qu’est ce que j’en sais ? Et à l’évidence tu ne peux pas le savoir non plus. » Puisqu’il ne l’avait pas retrouvé. Bon, je sentais qu’à l’instant présent, il aimerait bien me refaire le portrait. Valait peut être mieux changer de sujet. « Et sinon, tu restes souvent au même endroit, dans une même ville ? »

Oui bon, cela avait tendance à quelques peu embarrasser Ismaël d'être amené à évoquer celle qui avait jugé bon de l'abandonner le jour de sa naissance, comme si elle avait cherché à le ramener au magasin mais que son achat n'avait été ni repris, ni échangé, ni remboursé. Elle s'était débarrassé de lui, et l'adulte qu'il était aujourd'hui trouvait ça profondément dégueulasse. On lui avait raconté que sa mère avait été très jeune au moment de sa grossesse, mais à ses yeux ça n'excusait rien. Parce que par sa faute, et parce qu'elle avait pris cette décision profondément égoïste de l'abandonner et de le refiler indirectement à un foyer où peu d'amour avait jamais circulé, Ismaël s'était senti profondément malheureux. Au fond, elle aurait mieux fait de le tuer, et ça personne ne parviendrait à le lui retirer de la tête. « Soyons sérieux, elle a probablement honte de cet accident de parcours que je serai assurément pour toujours à ses yeux. Alors si elle ne m'a pas oublié, je pense qu'elle préfère faire comme si c'était le cas. Et je peux la comprendre, dans le sens où ça ne doit pas tellement la tenter de voir un jour débouler la petite merde qu'elle avait décidé de laisser de coté vingt-trois ans plus tôt, hm. » Excusez-le d'être amer, mais il ne parvenait pas à prendre tout cela autrement. Et à cet instant précis, il en venait à se demander pourquoi diable il se confiait autant. C'était un buzz, merde. Heureusement, Tommy lui posa une question un tant soit peu utile. « Je bouge rarement de Londres, en fait. Je me déplace beaucoup à l'intérieur de la ville, au sein de ses quartiers notamment, mais rarement en dehors. » Il aurait pu ajouter qu'il était souvent amené à changer de lieu de vie également, dans la mesure où il n'avait pas tellement les moyens de payer un loyer durablement. Mais franchement, il était suffisamment pathétique comme ça, non ?

Ismaël était très amer. En même temps ça pouvait se comprendre, sa mère l’avait abandonné, elle ne voulait pas de lui… « Si tu veux la retrouver, c’est que quelque part t’as quand même un espoir qu’elle ne t’ai pas oublié. » Je ne pouvais croire le contraire. Il aura beau dire qu’il n’attendait strictement rien de cette femme, forcément dans le fond il devait espérer quand même. Qui ne le ferait pas à sa place ? Bref, je déviais du sujet, pour parler de sa mobilité. Ainsi donc il quittait rarement Londres, ok. Je ne savais pas trop si je devais le croire ou non, mais d’accord. « Bon, je pense que je t’ai assez accablé comme ça, alors ça sera tout pour aujourd’hui, tu peux disposer » Et mettre un terme à ses souffrances.

Bon, il serait peut être temps - disons, éventuellement - de cesser d'avoir ce genre de conversations, hm. Parce que déjà qu'Ismaël avait l'impression d'être devenu un peu trop sensible en compagnie de ses camarades - sans doute la plupart d'entre eux avaient-ils réveillé une part de son humanité - il ne fallait tout de même pas abuser en allant jusqu'à le pousser à parler de la chose la plus douloureuse à ses yeux : l'abandon de sa mère biologique. Parce qu'à la rigueur, il se carrait pas mal de savoir qui était son vrai père, étant donné qu'il n'avait du être qu'un acteur figurant dans la scène de sa conception. Sa mère, par contre, avait eu un rôle majeur. Elle l'avait eu en elle pendant des mois - neuf, si ce qu'il avait vaguement entendu dire était vrai - et l'avait mis au monde. Sauf que cette garce l'avait ensuite refilé à on ne sait qui, qui lui même l'avait refourgué à une sorte d'orphelinat bien suspect, où deux glands coincés du cul avaient cru amusant de l'adopter. Et voilà le résultat : Ismaël en voulait à la terre entière parce qu'une petite conne de seize piges avait du se faire engrosser à l'arrière d'une Daimler XJ40. Tss, chienne de vie. « Si je veux la retrouver, c'est pour lui cracher à la gueule, Tommy. » Okay, peut être pas uniquement pour ça, mais il est clair qu'il ne manquerait pas de faire savoir à sa génitrice qu'elle aurait mieux fait d'avorter plutôt que de pondre la merde qu'il était aujourd'hui. Finalement, Tommy le Grand en vint à parler d'autre chose, qui se rapportait davantage au buzz. Ismaël lui fit alors savoir qu'il ne quittait presque jamais Londres, mais qu'il bougeait beaucoup au sein de la capitale anglaise. pure vérité. C'est alors que Tommy décida de le libérer. « Tu me feras le plaisir d'oublier cette conversation. » Et maintenant, si William voulait bien se ramener, hm ...

Ismaël, je t'invite à quitter le confessionnal. Tommy, tu as maintenant le choix : tu peux confirmer ton buzz et ta volonté de révéler l'éventuel secret d'Ismaël, auquel cas tu engageras 5000£ de ta cagnotte personnelle ; ou bien tu peux te rétracter, et dans ce cas tu ne mettras aucune somme d'argent en jeu. Je te rappelle que si tu valides, et qu'il s'agit du véritable secret d'Ismaël, tu remporteras la totalité de sa cagnotte. En revanche, si il s'avère que tu t'es trompé, Ismaël remportera les 5000£ que tu avais mis en jeu en validant ton buzz.

Tommy, je t'écoute, que décides-tu ?

Pour lui cracher à la gueule, ouais c'est ça. Comme si c'était la seule chose. Mais bon, c'était plus facile de se persuader qu'il n'attendait rien d'elle. Ce que je pouvais comprendre. Il déclara alors qu'il fallait que j'oublie cette conversation. Ouais bah elle resterait quand même ancré dans ma mémoire. Il quitta finalement le confessionnal, me laissant seul avec Willy. Ou du moins sa voix. Si je voulais confirmer ? " Je valide ". Je n'étais pas sur de moi, a vrai dire, il y avait de fortes, très fortes chances que j'ai tort, mais comme j'étais un joueur. Hors de question de me rétracter. Puis ça fera toujours une idée en moins, a rayer de ma liste.

Très bien, décision validée. Tommy, tu sauras demain, lors d'une annonce faite dans le salon, s'il s'agit bel et bien du secret d'Ismaël. Tu peux maintenant quitter le confessionnal. Le Maître te remercie.