six feet apart (lundi, 10h50)

Si en ouvrant un œil il avait oublié le temps d'une seconde qu'il avait atterri à cent kilomètres d'Hallstatt après que le prime d'hier ait connu un retournement de situation inattendu, ce matin Gianni avait tâché de mettre son temps à profit pour se familiariser avec son nouvel environnement, entre deux corvées partagées avec Santo et des ressentis un peu contradictoires au sujet de cette situation. Sur le papier, ça lui plaisait bien de voir son petit monde chamboulé en deux-deux parce qu'il n'avait jamais aspiré à rester dans sa zone de confort et que la routine, c'était ce qui lui faisait le plus peur lorsqu'il avait posé un pied dans le chalet la première fois. C'était pas un petit challenge de devoir renoncer à leurs repères après s'être probablement un peu trop reposés dessus depuis un mois, et il n'allait pas non plus cracher sur ce nouveau panorama et le fait qu'ici, c'était quand même un peu plus vivant et sans doute ce qu'il recherchait inconsciemment en quittant son sud. Seulement, devoir composer sans une partie des relations qu'il avait noué jusqu'ici, ça lui faisait prendre conscience qu'il s'était pas mal habitué à la présence de certains candidats et les circonstances faisaient aussi qu'il aurait aimé pouvoir échanger quelques mots de plus avec eux. Il comptait sur l'idée d'avoir une conversation avec Roma à l'issue du prime, sans imaginer qu'on les collerait dans un avion à peine l'élimination d'Ashley encaissée, et compte tenu du fait qu'elle n'avait déjà pas semblé passer une très bonne fin de soirée ça lui inspirait d'autant plus de regrets. Mais l'italien s'était très vite reconcentré sur les enjeux de cette semaine et l'idée que cette nouvelle dynamique lui permettrait d'approfondir certains liens, de découvrir plus précisément des candidats avec qui il avait eu moins l'occasion de discuter jusqu'ici. C'était une bonne chose et son petit groupe lui plaisait bien pour ça, parce qu'il les imaginait partager la même vision des choses et qu'à eux sept ils ne devraient pas s'ennuyer. Affairé à se préparer son deuxième café de la matinée, il en prépara un second au moment de prendre la direction de l'étage et du balcon, où il lui avait semblé apercevoir Cami quelques instants plus tôt. « Ristretto. » Il annonça dans un sourire, déposant une tasse devant elle et s'installant à ses cotés. C'était franchement pas le pire spot où se détendre un moment. « Je savais pas si ça rentrait dans la liste de nos corvées de la semaine, mais pour ma coloc' je l'ai fait de bon cœur. » Il s'amusa, non sans une allusion à la chambre qu'ils partageaient cette semaine et au fait que ça lui convenait amplement, bien qu'ici il n'y ait personne avec qui ça l'aurait emmerdé de passer les six prochaines nuits. « Il te manque pas trop ? » Gianni prit un air entendu, un plus petit sourire au coin des lèvres, sans avoir besoin de préciser le fond de sa pensée parce que ça paraissait plutôt évident. Il s'intéressait pas mal à son binôme avec Louis depuis le départ et que le public ait l'air de vouloir les voir ensemble, ça ne l'étonnait pas et ça rejoignait ce que tout le monde ici devait en penser à les voir aussi proches.

Les opales perdues dans le vide, la clope fumante coincée entre son index et son majeur, le fil rouge de ses pensées est interrompu par Gianni qui débarque avec ce qui sera son deuxième café de la matinée. « Merci » glisse l'israélienne en attrapant la tasse avant qu'il n'évoque rapidement le français. « On est lundi matin » elle répond dans un sourire à Gianni. Lundi matin plus précisément, ils se sont quittés il n'y a pas même pas 24 heures. Il lui a demandé de survivre peu importe ce qu'il se passerait, c'est exactement ce qu'elle fait. « J'ai appris à vivre sans lui » elle dit à l'italien en haussant les épaules. Cami, elle s'est fait plus de six mois en solo à Paris à tenter de prendre son indépendance en commençant pour un vrai taff, celui qui comptera sur son CV malheureusement. Elle n'est plus à quelques jours près dans son attente ou son manque. « C'est lui qui me l'a demandé » précise la môme. Certes ça l'emmerde mais Cami n'a pas envie de geindre toute la journée à qui veut l'entendre, ce serait à son sens perdre un temps trop précieux dans ce jeu. Surtout qu'il serait bien capable de retourner son attitude contre elle, encore une fois. Néanmoins Cami a bien compris que cette séparation semblait être vécu comme un déchirement concernant certains potentiels love interest alors qu'il n'est question que de quelques jours. Cami, ça la surprend d'être la plus pragmatique en apparence du lot, elle veut bien que le huis clos tape façon soleil trop fort sur la tête, mais quand même. « C'est simplement pour une semaine, on va tous arriver à dealer avec sans trop drama j'pense » elle glisse dans une certaine apparence nonchalante. Cami, elle se sent fraiche du début de sa semaine. Ses opales croisent quelques secondes le regard de Gianni et elle décide de concrétiser ses interrogations. Elle se dit que Gianni lui posant très régulièrement des questions sur Louis, il ne lui en voudra pas si elle fait de même. C'est de bonne guerre. « Toi avec Roma, t'en es où ? » demande la parisienne plus frontalement, parce que sa copine montre des signes de fébrilité depuis qu'elle a découvert une partie de son secret, donc forcément, elle se sent concernée par son bien être. « Tu sais ce que tu veux ? » elle précise tout simplement avant d'avaler sa première gorgée.

Son regard balaya l'horizon, peinant encore un peu à s'habituer au paysage après avoir passé un mois à contempler les montagnes d'Hallstatt. Il trouvait pas ça déplaisant, cela dit, parce que la seule chose qu'il ait vraiment redouté en se lançant dans l'aventure c'était l'idée qu'il tournerait potentiellement en rond après plusieurs semaines à voir et faire les mêmes choses. Nul doute que la production n'avait pas ce genre d'intérêts à l'esprit quand elle avait décidé de les faire changer de décor, mais lui se concentrait sur les bons cotés plutôt que sur le fait d'avoir été arraché à une partie de ses repères. C'était le début de la semaine, Cami avait raison, même si ça ne l'empêchait pas de se demander comment elle se sentait à l'idée de cette séparation avec Louis. Avec ses deux fratelli, ils étaient sans doute ceux que la situation impactait le plus, et c'était sa manière de s'assurer qu'elle se sentirait libre de lui en parler. « Mais tu seras quand même contente de le retrouver dimanche. » Il glissa dans un sourire, imaginant mal Cami le détromper quand bien même il n'était pas toujours sûr de les suivre, tous les deux, et attendait encore d'y voir plus clair. Il avait bien compris en effet qu'ils avaient l'habitude d'être séparés, même sans connaître tous les détails de cette histoire, et peut être que ça tendait à rendre ça plus facile. Il acquiesça à ce qu'elle releva ensuite, aussi d'avis qu'une semaine c'était peu de choses à l'échelle de leur aventure, et encore davantage quand on considérait qu'ils se connaissaient pour la plupart depuis un mois. Ça comptait forcément, mais ça remettait aussi certaines choses en perspective et avec les départs qui seraient de plus en plus difficiles, tous savaient que la bulle dans laquelle ils vivaient éclaterait tôt ou tard. « De notre coté, ça fait aucun doute. Je nous imagine pas terminer la semaine autrement qu'atour d'un bon repas à base de bières et pizzas, qui dégénérera en pool party sous l'initiative de Santo. » L'idée lui tira un sourire amusé, parce que plus le temps passait et plus il se laissait attendrir par la personnalité du jeune napolitain, dont la fougue lui donnait envie de le suivre dans n'importe quel délire tout en sachant que c'était plus forcément de son âge. « Les autres par contre, je me demande si ça risque pas d'être un peu plus électrique. » Il songea, repensant au fait qu'une partie du secret de Carl avait été dévoilée et que c'était pas forcément le meilleur timing pour l'isoler en petit comité avec une Rosamie probablement refroidie. Gianni ne savait pas trop comment c'était susceptible de se passer à Graz, il espérait juste que ça irait. Évidemment il pensait au fait que Roma aussi avait vu son secret être à moitié découvert et à tout ce que ça soulevait de son coté comme interrogations et comme craintes, qui plus est après le prime d'hier, et sans qu'il ne puisse rien faire en étant ici. Pour autant il n'avait pas l'impression que c'était ce que Cami avait nécessairement en tête en lui posant sa question. « Actuellement, ça me fait chier de pas pouvoir être là après la façon dont le prime a eu l'air de l'avoir affectée. Y'a aussi sa révélation et le fait que je pensais avoir toute la semaine pour m'assurer qu'elle allait bien. Bref, c'est rageant. » Et un échec cuisant autant qu'une frustration personnelle, même s'il ne doutait pas qu'il y avait aussi des personnes vers qui elle pouvait se tourner à Graz. « Mais j'ai le sentiment que c'était pas le sens de ta question. » Il reprit, d'un air entendu. Il commençait à bien la connaître et disons qu'il ne serait pas surpris qu'elle ait peut être une idée en tête en la lui posant. « Qu'est-ce que tu veux savoir, exactement ? » Il s'était toujours montré franc avec Cami et il comptait continuer. Simplement sa dernière question lui paraissait plutôt vaste et bien qu'il ait une petite idée de ce qu'elle cachait, il ne voulait pas se contenter de faire l'idiot comme avec Jill en faisant semblant de pas comprendre si une partie de Cami se faisait du souci pour sa copine.

L'israélienne hoche la tête dans une certaine vigueur. « Bien évidemment » elle se marre. Car même s'il se refuse ce rôle ici, Louis reste un de ses piliers et aussi le seul à pouvoir anticiper ses réactions pour l'apaiser ou mettre fin à ses caprices à sa manière. « Je serai la première à lui sauter dessus dimanche » car elle sait qu'elle trépignera d'impatience à l'idée de le retrouver sur le prime. En attendant, elle préfère laisser le manque se faire sans se montrer trop démonstrative au risque d'en agacer plus d'un. Cami, elle veut ni s'imposer ni s'exposer de cette façon. La parisienne est d'accord avec l'italien pour concéder que leur groupe est très chill et conciliant dans sa globalité. « Tu penses que ça peut partir en vrille suite à la demi révélation du secret de Carl ? » glisse simplement Cami en croisant le regard de Gianni. Elle pense que Rosamie aura des trucs à redire sur son attitude envers elle forcément, c'est normal surtout maintenant des mots concrets sont posés dessus mais Cami imagine mal que ça parte en super grosse embrouille ayant déjà eu un aperçu des caractères de chacun. Le ton s'élève peu cette saison. Bref, Cami élude pour tenter de le ramener vers l'essentiel : Roma. Elle écoute d'une oreille attentive la réponse de Gianni qui contourne à son sens la chose. Ses opales croisent les siennes quelques secondes, un sourire s'étire sur ses pulpeuses. « Je veux savoir si elle te plait » demande concrètement la môme. « Autrement qu'amicalement » précise Cami histoire d'être suffisamment cash avec lui pour éviter qu'il ne s'esquive. « Elle n'est pas très bien Roma en ce moment » avance la parisienne, il s'en également rendu compte lors du prime avec son air éteint. La môme lui avait offert un sourire de loin, fomentant dans sa tête un rdv pour une petite discussion entre elles qui n'a jamais pu avoir lieu à cause des lubies de la production. Cami, elle a capté que Roma et Gianni entretiennent une relation plutôt mature et posée, elle ne sait pas trop ce que la candidate attend de lui mais ça la ferait un peu chier qu'il se joue d'une ambiguïté avec sa copine pour passer le temps par exemple alors que ce n'est pas vraiment le moment. « Je ne sais pas si tu as vu mais son mari a posté sur son RS » elle veut attirer son attention sur ce point qui est très problématique dans l'esprit en bordel de la candidate qui a surtout remarqué l'absence de réaction de sa copine sur le sujet. Elle a très bien imprimé dans son esprit le prénom de celui qui a partagé sa vie il y a quelques années. « Et elle n'a pas répondu » c'est surtout ça qui craint. Cami, ça la gave d'être séparée pile cette semaine pendant cette intervention, elle aurait aimé la sonder pour savoir si ça va. A la place, elle doit se contenter de scroller sur RS pour des signes de vie de ceux qui sont dans l'autre ville.

La réponse de Cami, sans détour, valut à l'italien de prendre un air amusé. « Dis pas ça à la légère, ou tous ceux qui espèrent vous voir en couple vont faire une syncope. » Il glissa, sourire au coin des lèvres, juste histoire de la taquiner. Il savait très bien qu'il aurait lui-même donné leurs deux noms si on avait du solliciter leur avis, pour pas mal de raisons qui faisaient que la façon dont il pouvait parfois provoquer Louis tenait plus d'une envie de s'amuser et de tester leurs réactions qu'autre chose. « Tu t'y attendais ? » Il demanda, relevant son regard vers le sien. Il supposait que oui et que le fait d'être associés l'un à l'autre de cette manière après avoir un peu joué sur la nature de leur relation ne devait pas être une surprise. Ça le poussait à se demander si le public n'avait pas vu des choses qui leur avaient échappé, à la seule exception de ceux qui passaient le plus de temps en salle d'observation – mais comme il l'avait confié à Aera, c'était pas son cas. « C'est quoi, l'award qui t'a le plus surpris ? » Gianni avait le sentiment qu'une partie des awards suivaient une certaine logique à l'échelle de leur aventure, tandis qu'une autre avait vu certains prix être décernés à des candidats qu'on s'attendait moins à voir élus, voire que lui n'aurait pas associés aux intitulés en question. Ça devait être une question de perspective, ou ça rejoignait l'idée qu'il effleurait la semaine dernière auprès d'Ashley, sur le fait que leur perception des uns et des autres pouvait différer de celle du public.  « Je pense que ça va donner lieu à quelques explications, même si j'ai pas l'impression qu'on soit beaucoup plus avancés qu'avant le concernant. » Il observa, l'air pensif. Maintenant il y avait un mot pour définir l'attitude pour le moins discutable du candidat depuis le début de l'aventure, mais c'était à peu près tout puisqu'ils n'avaient pas eu droit à une moitié d'explications. Mais il imaginait qu'inévitablement ça changerait certaines dynamiques, surtout en effectif réduit. Cami orienta rapidement la discussion vers Roma, et si Gianni s'attendait un peu à ce qu'on évoque le sujet auprès de lui un jour, il n'avait pas pour autant anticipé la façon dont lui l'aborderait. Il comprenait bien que la question de la française visait à éclaircir un point qu'il n'était pas bien difficile de deviner, et c'est pour ça qu'il renonça à jouer celui qui ne voyait pas de quoi elle parlait. Dans d'autres circonstances, peut être qu'il l'aurait fait par pudeur, mais ici c'était un peu plus particulier et les souvenirs du prime encore trop frais dans son esprit. « Je crois, oui. » Il confia, sans avoir auparavant jamais tellement exprimé les choses de cette manière, même auprès d'Elena. Et sans savoir si ça avancerait tellement Cami de le savoir, parce que lui-même n'avait pas encore vraiment réfléchi au delà de ça. « Je sais, le prime l'a pas mal affectée. Je crois que ça tenait autant à cette histoire avec Izïa qu'à la façon dont Elena s'en est de nouveau donnée à cœur joie avec certaines réponses. » Et avait semble-t-il fait dire à Roma des choses qui l'avaient un peu embarrassé, à son sujet notamment. C'est en tout cas ce qu'il lui avait semblé comprendre. « Mais en vérité, ça fait plusieurs jours que je sens qu'elle est un peu perturbée. » Ses doigts se resserrèrent une seconde autour de sa tasse, sans qu'il se sente pour autant le droit d'évoquer l'épisode de la salle de bain et la façon dont Roma avait été ébranlée lorsqu'ils avaient parlé de ses filles, de son mariage. Dans la foulée il y avait eu la demi-révélation de son secret, tout s'était enchaîné et plus que jamais cette séparation physique l'avait frustré dans son désir d'être présent. Seulement, Cami mit le doigt sur un détail qu'il n'avait encore commenté auprès de personne jusqu'ici, et qu'il n'avait pourtant pu rater. Ce message laissé sur la page de la candidate, il l'avait vu au même titre que les autres à la seule différence qu'il lui manquait peut être un élément. « Je me doutais que c'était peut être son mari, mais j'en étais pas complètement sûr. » Il souffla, après une seconde, tout à coup interpellé par l'évidence. Roma n'avait pas mentionné son nom auprès de lui, sans qu'il sache si c'était révélateur du degré de confiance qu'elle lui portait ou juste un détail qui n'avait pas eu sa place dans leurs échanges, mais ça faisait sens et ça le confrontait à pas mal d'interrogations. « Je crois qu'il y a des choses qu'elle vous confie plus facilement qu'à moi. » Vous, c'était ses amies dans l'aventure, et sans qu'il juge ça tellement surprenant parce qu'il y avait aussi des sujets qu'il était plus à même d'évoquer auprès de Costa ou Santo. « Tu penses qu'il lui fait peur ? » Que c'est pour ça que Roma n'avait pas répondu, laissant penser que cette intervention la déstabilisait suffisamment pour qu'elle ait peut être trouvé plus confortable de ne pas réagir ? Lui aussi, ses sens étaient en alerte et ses instincts protecteurs à l'affût comme s'il n'attendait qu'un signe de la part de Roma pour se charger personnellement de faire déguerpir ce type s'il y avait la moindre chance pour qu'il ait raison. Et c'était peut être parfaitement idiot et la preuve de sa trop grande impulsivité, surtout quand il était question d'une femme, et surtout quand elle comptait pour lui. Mais le fait d'être à l'autre bout de l'Autriche, ça n'aidait pas à faire le tri entre ses suppositions quand d'ordinaire il n'aurait eu qu'à la trouver pour en discuter avec elle.

Sa remarque lui arrache un sourire un peu moqueur pour une fois. « C’était une façon de parler par contre » elle tempère tout de même histoire de personne ne s’emballe. Cami sera contente de le retrouver mais elle n'ira pas complètement s'exposer non plus. « La flemme de me faire recaler en direct » elle l’éclaire, avec une moue distraite mais elle voit bien faire un peu le mec dimanche simplement parce qu’il sait que ça pourra facilement la blesser. Cami ne compte pas tenter le diable et attendra avant de s’exprimer sur le manque ou la séparation en privé s’ils en ont l’occasion. C’est usant de se faire gratuitement recaler. « Je savais qu’on allait être cité, mais pas en tête » répond la môme dans un sourire. Comme elle l’a souvent dit à Gianni, les gens préfèrent voir la romance pour nier tout ce qui l’entoure. Cami, elle a toujours observé avec une certaine fascination ce genre de comportement qu’elle serait incapable d’avoir. Trop pragmatique, pas assez romantique. « J’aurai répondu Roma et toi » elle ronronne en plaisantant. Cami n’a pas besoin de réfléchir quelques secondes pour lui offrir rapidement une réponse. « Je dirai celui du candidat qui rase le plus les murs » elle glisse. « Il y avait des candidats un peu moins présents la semaine dernière que Lejla tout de même » Cami se contente d’affirmer de la façon la plus objective qui soit et elle ne dit pas cela parce qu’elle apprécie la candidate mais en s’appuyant sur des faits plutôt concrets comme l’investissement chacun. « Tu ne penses pas ? » elle lance pour avoir son avis sur la question. Gianni, elle ne lui laisse pas trop le temps de se poser pour l’attaquer sur le fameux sujet Roma. Elle accueille sa réponse avec douceur. « Tu crois ? » elle répète un instant dans un sourire un peu perturbé. « Ça doit se sentir, se savoir ce genre de choses » Cami annonce en étirant un sourire sur ses pulpeuses. « Tu penses qu’elle en a conscience elle de son côté ? » demande la môme alors que ses opales de meuf un peu duper cherchent les siennes parce que dans tous les cas, la réciproque lui semble réelle. La parisienne lui offre une oreille attentive lorsqu’il pose un constat ; elle est plus avancée que lui sur le sujet. « Peut être que tu l’intimides ? » elle propose la poupée. C’est vrai, Gianni, il a ce calme à toute épreuve alors peut être que la candidate n’a pas souhaité le parasiter avec sa vie et ses complications. Roma n'a surement pas voulu dévoiler trop vite à son crush sa fragilité, sa vulnérabilité. « Elle ne t’en a jamais parlé ? » questionne la parisienne en croisant ses opales. « Surement pas lui en tant que personne, mais ce qu’il représente j’imagine » elle laisse entendre sans être trop capable de se prononcer correctement sur le sujet par manque d’information. Cami, depuis la première semaine, elle avait senti que c’était un putain de sujet glissant, le père de ses filles et pour éviter de la braquer et par respect, elle l’avait évité jusqu’à la confrontation. « Tout ce qu'elle a quitté là-bas » elle murmure simplement en redressant son minois.

Gianni n'avait aucun mal à les imaginer, les téléspectateurs séduits depuis le départ par le duo que Cami formait avec Louis et qui assurément avaient voté en masse pour faire d'eux le couple qu'on aspirait à voir se former. Et ça lui tira un sourire en coin, que la jeune femme lui précise le vrai sens de ses propos, quand elle le connaissait assez pour savoir que ça avait peu de chances de l'arrêter. « Il suffit de faire ça dans un endroit tranquille. » Il s'amusa, se doutant que ses interactions avec Louis prenaient une toute autre profondeur quand ils n'étaient pas entourés par leur petit groupe. « T'as qu'à piquer les clés de la loveroom à Kara... » Un sourire malicieux passa sur ses lèvres, laissant penser qu'il était peut être plus sérieux qu'en apparences. « Je peux même faire diversion dimanche pendant que tu t'occupes de faire le coup. Tous les deux, on a traversé assez de galères pour que je me sente un peu concerné. » En tant que colocataire cette semaine et ancien compagnon de menottes, c'était un peu le moins qu'il puisse faire et peut être sa meilleure chance de s'illustrer comme un entremetteur de choc, puisque le cas Jill était plutôt compromis jusqu'ici. Cami lui confia s'être attendue à apparaître dans le top de l'award en question, mais pas en tête. Intéressant, quand de son point de vue il n'y avait pas grand monde susceptible de leur faire de la concurrence. Bien sûr, sa remarque au sujet de Roma et lui tira à l'italien un rire narquois. « Vous devez avoir un truc qu'on n'a pas. » Il railla, sans avoir aucun mal à rentrer dans son jeu. A tout hasard, un passif commun, mais ça c'était facile parce que tout le monde l'avait compris depuis longtemps et que Gianni – outre le fait qu'on lui ait imaginé un lien avec Lejla – n'avait jamais été associé à personne de cette manière. « Je suis assez d'accord, c'est pas non plus le nom que j'aurais donné. » Il acquiesça quand Cami évoqua l'award du candidat qui rasait les murs et le fait qu'effectivement, Lejla ne lui semblait pas plus discrète qu'une autre ici. « Il faut croire que quand on est relativement calmes et posés, les gens en déduisent qu'on est un peu absents. » C'était le sentiment qu'il avait et pas vraiment sa façon de voir les choses, quand bien même il comprenait aussi qu'une Jill ou une Kara soient très remarquées pour leur tempérament, intéressant à observer dans ce contexte. Ses confessions autour de sa relation avec Roma laissaient visiblement un peu Cami sur sa faim, et il pouvait la comprendre, lui-même ne sachant pas tellement quoi en penser à ce stade. Pour pas mal de raisons à vrai dire, l'une d'elles étant qu'il avait passé assez de temps auprès de la même femme pour plus tellement savoir comment appréhender sa situation de célibataire. « Je crois que jusqu'ici je m'étais pas vraiment posé la question, parce que ça m'arrangeait bien quelque part. » Il confia, en haussant les épaules d'un air un peu pensif. Cami comprendrait peut être où il voulait en venir, et qu'à compter du moment où il commençait à potentiellement se la poser, ça compliquait pas mal de choses. « Je sais que ça paraît logique pour tout le monde depuis le départ de nous associer l'un à l'autre parce que j'ai avec elle une complicité que j'ai pas avec d'autres, mais je sais aussi que si on avait été à l'extérieur, je me serais pas autorisé à la voir autrement que comme une amie. » Parce qu'elle était mariée, qu'elle avait des enfants, et qu'aussi nombreuses soient les nuances dans cette situation il ne pouvait pas complètement ignorer que s'intéresser à une mère de famille, c'était prendre le risque de s'attacher non pas seulement à elle mais aussi aux deux êtres qui faisaient partie de sa vie. La question ne se posait pas réellement en l'état et quand bien même ce serait le cas ça pourrait très bien ne jamais aller jusque là, mais il savait que Roma n'aspirait pas à une histoire sans lendemain, et la vérité c'est qu'à ce stade de sa vie lui non plus.  « J'en sais rien, j'ai le sentiment qu'elle oserait pas forcément m'en parler même si elle avait des doutes. » Il supposa, dans un sourire. C'était un peu à l'image de ses rapports avec les filles de l'aventure : on lui avait prêté des crushs un peu faciles parce qu'on l'imaginait facilement sensible au charme d'une Cami ou d'une Lejla – et il ne nierait pas que dans d'autres circonstances, il aurait été intéressé – ce qui tendait à laisser penser qu'il était plus subtil qu'il ne le pensait dans sa manière d'exprimer son intérêt aux filles susceptibles de l'attirer. « C'est plutôt moi qu'elle intimide depuis le départ. » Il confia, lui lançant un regard amusé. C'est qu'avec sa vie rangée, son boulot épanouissant et le reste, Roma renvoyait depuis le début l'image d'une femme accomplie à pas mal de niveaux, et ça c'était un peu impressionnant pour Gianni qui faisait encore face à pas mal d'incertitudes sur la façon dont il vivrait sa vie après l'émission. Il le lui avait dit dès le départ, ils avaient le même âge mais Roma en était incontestablement arrivée à un stade de sa vie auquel lui ne faisait encore que penser. « Elle m'en a parlé, mais elle l'a jamais nommé. Et c'est pas si étrange, parce qu'elle doit pas non plus connaître le prénom de mon ex, c'est juste... que j'ai l'impression qu'elle se sent pas libre de se confier à moi comme elle se confie à vous. » Elle était là, la nuance, et ce même si la donne avait changé la semaine dernière, lorsqu'elle s'était confiée sans réserve ni pudeur, d'une façon assez bouleversante. Mais il avait voulu qu'elle le fasse, quelque part, en orientant sa question de façon à ce qu'elle sente qu'il pouvait aussi être un confident, Gianni. Les mots de Cami résonnèrent autour d'eux une seconde, le confortant dans son intuition. « Elle t'a parlé de leur relation, pendant votre confrontation ? » Il demanda, à demi-mot, sans chercher à lui faire dire des choses qu'elle ne pouvait pas nécessairement ébruiter, quand il respectait le caractère confidentiel de ce genre de confessions. Il tentait juste d'y voir plus clair avec les éléments qu'il avait, l'intervention de ce Pavaan soulevant fatalement beaucoup de questions. « Je sais que sa famille lui manque. » Elle ne l'avait pas dit avec ces mots-là, mais il l'avait lu dans ses yeux et lui-même s'y connaissait en matière de dynamiques familiales compliquées et parfois douloureuses. « C'est con d'avoir envie de l'aider ? » Probablement un peu, comme de croire qu'il pourrait arranger les choses simplement parce qu'il avait des moyens que Roma n'avait pas et un besoin irrépressible de se démener pour ceux qui comptaient pour lui.

Elle roule des billes avec un léger sourire à l'entente de la suite, c'était trop facile Gianni, come on. « Je ne suis pas en manque » elle annonce l'air tranquille avec un haussement d'épaule nonchalant. Cami, elle n'occultera jamais toutes les caméras braquées sur eux en permanence. Le moindre de leurs faits et gestes est traqué pour être décortiqué et livré en pâture au public. Elle donne le moins de matière pour faire jaser à l'extérieur. La TR n'est pas sa vie, et elle ne donnera par sa vie pour la TR, refusant d'être marquée au fer rouge, évoluant dans un milieu élitiste qui se veut pseudo classe. Elle pense aussi à sa mif super alerte derrière son écran de télévision. « Mais c'est très gentil de t'en soucier » ronronne d'un air moqueur la poupée en croisant ses opales. Cami tire ses propres conclusions d'ailleurs. « Toi par contre ... » elle glisse pour sous-entendre que l'inverse serait vrai. « C'est toujours plus compliqué pour les mecs askip » elle amène l'air léger tout en ayant en mémoire les nombreux débats au sein de leur groupe sur ce sujet. Les mecs assénant que c'est scientifique, les gows roulant des billes en lâchant quelques piques très discrètes souvent pas comprises par les intéressés. Cami, elle avait souvent ses ongles planant en menace très certaine sur une des cuisses de Louis pour le défier d'argumenter afin d'appuyer ses potos avec un sourire chill genre "on discute, pas de souci" avant de lui faire des petites mises en situations bien foireuses pour le coincer et l'embrouiller une minute au moins. Cinq semaines d'abstinence, pour certains c'est énorme.  « Du coup c'est Roma que tu choisirais pour aller en loveroom ou pas ? » elle articule vaguement taquine en lui offrant un regard innocent, aller Gianni, à ton tour d'écoper des questions un peu reloues. Après tout, il ne s'est pas gêné lui de son coté. Cami écoute d'un air attentif ce qu'il avoue. Elle peut comprendre. « Une autre candidate, rencontrée à l'extérieur, t'aurait donné envie d'être plus qu'ami avec elle ? » articule la poupée en cherchant son regard. « Tu ne te sens pas à l'aise avec ? » questionne plus franchement la poupée lorsqu'il affirme être intimité. Gianni évoque leur rendez-vous secret, grande histoire. « Notre confrontation a été compliquée » amorce délicatement l'israélienne. « Je pense que Roma ne l'a pas super bien vécue » elle complète en lui offrant un regard curieux. Elle avait été hyper factuelle, super distante dans ses questions en malmenant les émotions de Roma qui devait dealer avec ses intrusions et ses sous-entendus. Mais Cami, elle est comme ça avant tout, malmenant volontairement ou non les autres pour obtenir ce qu'elle veut. Néanmoins elle avait senti l'incident diplomatique arriver et avait dû s'ajuster en conséquence pour éviter toute sortie dramatique qui aurait pu ruiner ses efforts d'enquêtrice en carton. La môme prête une oreille attentive à ce que lui confie Gianni. « Non, c'est juste humain » elle conclut en redressant son minois pour finir son café. Elle dépose la tasse à ses pieds à défaut de lui trouver un endroit safe. « Mais parfois les gens ont besoin de se débrouiller seuls » elle affirme, consciente de l'ironie de la situation mais justement, elle est la mieux placée. « Je ne sais pas ce qui attend Roma à la sortie » elle énonce de son doux soprano. « Mais pour l'instant je pense qu'elle a besoin de se battre seule » amène la môme en ayant l'impression de parler comme sa mère qui la regardait longtemps pour lui annoncer que chez eux, c'était marche ou crève malgré l'amour qu'ils lui apporteraient et que ça déterminerait sa volonté à survivre.