le 24.07.2015 à 18h36

Je tourne en rond. Il faut dire que ça fait un siècle que l'on vit à autant dans une si petite pièce. C'est ... difficile. Pénible. Chiant. Bref, tout le monde comprendra ce que ça peut faire de vivre comme des fourmis. Quittant mon sac de couchage dans lequel je me suis cachée une bonne partie de l'après-midi, je prends la direction du distributeur. Prenant place face à la machine, je regarde longuement cette dernière. Une autre personne arrive, je reconnais Isidore et j'lui adresse un sourire. J'essaie de montrer un côté optimiste malgré la situation. « Qu'est-ce que tu me proposes ? » J'ai vraiment pas envie de choisir quelque chose et j'ai pas non plus le courage de le faire, je préfère laisser ce choix entre les mains de mon camarade et ce, même si je ne le connais pas encore très bien. De toute façon, nous savons d'avance que ça ne sera pas de la grande gastronomie donc je pense que ça n'est pas la peine de se prendre la tête. « Ça me manque de manger un bon repas. Je tuerais pour un steack» dire que je pourrais tuer n'est en rien une exagération. Je pense qu'à ce stade, je pourrais réellement le faire. Et je ne dis pas non plus cela pour effrayer le candidat, j'suis gentil moi. En plus je crois qu'il est gay et qu'il ne souhaiterais pas se faire manger par moi.

avec isidore

Alors qu'il débarque pour prendre une canette d'ice tea Isi trouve une Léo en pleine contemplation. Ou alors elle a juste buggé face à la machine. Il paraît que ça arrive aux filles de temps en temps de perdre le contact avec la réalité, pendant qu'elles pensent aux chaussures ou des trucs comme ça. Pourquoi les gens pensent toujours qu'il sait mieux que tout le monde quoi manger ? Est-ce qu'il a la gueule de quelqu'un qui mange beaucoup ? Non parce que bon il a avalé une barre de chocolat et un sandwich aux crudités par jour depuis leur arrivée faut pas se foutre de sa gueule. « Le chef est en manque d'inspiration désolé... » avoue-t-il en récupérant sa canette. Puis Léo reprend la parole. Ils ont quoi à tous vouloir manger de la viande rouge ? Isi l'ignore mais ça lui facilite la tâche de conseiller diéthétique. « T'as essayé la viande séchée ? Ça a un bon petit goût de bacon. C'est pas un steak mais c'est probablement ce qui s'en rapproche le plus. » explique-t-il. Léo est suissesse et les européens, surtout ceux d'Europe de l'Ouest ont une affection particulière pour les produits américains, mais ce genre de bouffe n'est pas vraiment commune à leurs palais. « Tu penses qu'on va nous renvoyer dans le château ou chez nous ? » demande Isidore sans réfléchir. C'est juste une question d'opinion. Il ne lui demande pas de lui affirmer quelque chose, juste de lui dire si à son avis, elle pense qu'ils ont mérité de réintégrer le château ou s'ils ont réussi à être bons pour être mis à la porte.

Isidore est autant inspiré que moi. Il suffit de voir sa mine déconfite lorsque je lui demande ce que je peux manger pour comprendre qu'il ne me sera pas d'une grande utilité. Cela n'aurait pas été très grave si nous avions été dans le château mais ici, tout prend de l'importance et le fait de ne pas trouver de la nourriture qui me plait, ça me déprime un peu. Je relaisse tomber mes épaules, je fais la moue. Et je reste là, devant cette machine. Et tandis que j'évoque mon envie de manger de la viande rouge, je l'entends me proposer de la viande séchée. Et je trouve que son idée n'est pas si mauvaise que cela, je n'ai jamais goûté cet aliment mais si c'est de la viande, ça devrait me plaire. Allons-y pour de la viande séchée. J'aime le bacon alors ça devrait pouvoir le faire. Articulais-je tout en sélectionnant le produit dans le distributeur. Fixant le mécanisme et voyant mon paquet tombé dans le réceptacle, je le récupère rapidement. Je me dépêche de l'ouvrir et après avoir mordu dans le bout de viande, je me permets de commenter. «C'est pas ce que j'ai goûté de meilleur, mais ça passe.» Je pense que je peux le manger sans être malade. Et tandis que je continue de mâcher des petits bouts, Isidore resté à mes côtés me pose une question sur notre sort. «Je pense que l'on prend suffisamment sur nous pour ne pas être renvoyés chez nous comme ça. C'est vrai quoi, on est tous les uns sur les autres comme des animaux et on prend sur nous autant que possible. On se bat tous. » C'est mon point de vue en tout cas. Ce serait pas très juste que l'on soit renvoyés chez nous après ce que l'on vit ici. «T'en penses quoi toi ? »

Isi ne peut pas vraiment contredire Léo. C'est pas comme si elle était dans le faux, les morceaux de viande séchée c'est bon, mais ça n'a rien d'un expérience transcendantale. « Je suis sûr qu'accompagné d'un morceau de pain et d'un bout de fromage ça serait une tuerie. Seul c'est juste correct. » Il s'en donnerait presque l'eau à la bouche ce con avec ses fantasmes gastronomiques typiquement français. Du pain, du fromage, de la charcuterie. On fait difficilement plus cliché comme représentation de la consommation de nourriture en France. Mais bon, c'est pas comme si Isi aimait les choses particulièrement raffinées. Il n'aime déjà pas beaucoup la nourriture, alors si en plus elle se prend trop au sérieux, c'est d'un ennui... Elle lui retourne sa question et il ne peut s'empêcher d'entamer une explication détaillée de ce qu'il a réussi à mettre au clair dans sa tête. « Je sais pas trop. J'ai réfléchi à ce que j'ai fait de mal qui pourrait mériter une éviction. Alors, ok j'ai parfois dormi toute une journée d'affilée ou presque, et j'ai pas beaucoup participé à un prime à cause de mon sommeil décalé. Mais en dehors de ça, j'estime que j'ai éét plutôt décent comme mec. Et les rares personnes qui ont vraiment merdé semblent être parties d'elles-mêmes ou par l'absence d'adhésion du public. Donc je trouve qu'on mérite une deuxième chance. » Voilà, c'est tout ce qu'il a. Ou du moins c'est tout ce qu'il avait, parce qu'une autre réflexion vient de voir le jour dans sa tête, en bon mec pas du tout gêné de dire ce qu'il pense, Isi s'empresse alors de la communiquer à Léo. « Les voies du seigneur sont impénétrables... William nous réserve probablement des surprises pour le prime de demain. Genre « tadaaaam finalement seulement dix vont réintégrer le château » ou un truc du genre. » conclut-il en soupirant et en avalant une autre gorgée d'ice tea.