Give me a reason - le 22.07.2015 à 19h25

Le problème dans cette salle d'attente c'est qu'on ne peut jamais être seul. Il y a du monde, il y a toujours quelqu'un et on finit forcément par s'étouffer les uns les autres. La seule solution que j'ai trouvé est de rejoindre les toilettes, de m'y enfermer et d'attendre patiemment que le temps s'écoule. C'est le seul endroit où l'on peut encore être seul et je pense pas que je suis la seule à procéder de cette façon. Ayant fait attention de refermer le couvercle de la cuvette à mon arrivée, je m'y suis simplement assise, recroquevillant mes jambes. Même pas un téléphone pour passer le temps, même pas candy crush mais parfois, c'est toujours mieux que d'étouffer. J'y reste longuement, au moins une demie-heure avant de finalement ressortir de ma cabine et voir Lajak arrivé. J'suppose que c'est pas le moment de revenir à la discussion que nous avions eu précédemment ? hum. Tant pis, j'prends le risque. « J'étais plutôt chaude pour un 'plan baise' mais j'crois que les lieux ne s'y prêtent pas. » Que je lui fais remarquer, haussant les épaules tout en me dirigeant vers le lavabo. Passant délicatement mes mains sous l'eau, je prends le temps de les laver correctement. Le lieux n'est pas forcément le plus hygiénique et même, si je n'ai pas fait mes besoins j'ai touché le couvercle pour le rabaisser et il me faut éradiquer les microbes. « A ton tour de me payer une clope.» Ou une demie-clope si il veut. Posant mon regard sur le candidat, je viens m'adosser contre le mur.

avec lajak

Lajak arrive, je lui laisse sous-entendre que dans d'autres circonstances, un moment intime aurait pu être envisagé. Parce que j'en ai besoin, je suppose que lui aussi étant donné ce qu'il m'a dit lors de la semaine précédente. Vous savez, je ne suis pas le genre de femme qui s'obstine à chercher l'homme idéal pour partager ce genre de moment. Moi, si un homme me plait physiquement c'est déjà bien parti pour lui. Et c'est le cas du jeune candidat. Le seul reproche que je pourrais sans doute lui faire, c'est d'être jeune. Mais ça, ce serait encore un détail que je pourrais rapidement oublié. Hum. Lui, il me propose de la lui tenir pendant qu'il pisse pour compenser mon besoin. «Crois-moi,  ce serait pas l'extase. » Que je lui réponds du tac au tac, restant appuyée contre le mur tandis que le candidat ne se prive pas pour pisser la porte ouverte. Cela ne m'intimide pas, et cela ne me gêne pas non plus. Il fait ce qu'il veut. Et finalement, je me surprends à lui soudoyer une cigarette étant donné que je lui en avais offerte une la semaine précédente. «Je te revaudrais ça » Que j'articule tout en saisissant la cigarette que je m'empresse de caler entre mes deux lèvres. «Un briquet ?» Que je lui demande, m'avançant suffisamment pour qu'il puisse l'allumer à ma place. J'suis une princesse, faut pas qu'il l'oublie. Un léger sourire se dessine sur mon visage lorsque je l'entends me proposer de partager son trône si je fais mon devoir d'épouse. Hum, ouais. «Je vois » Que je lui dis, tirant une bouffée de la cigarette qui vient d'être allumée. «Et quoi, tu me proposes d'effectuer mon devoir d'épouse dans les chiottes ou comment ça se passe ?  »En supposant bien entendu que ce qu'il sous-entend en parlant de 'devoir d'épouse" soit la même chose que ce à quoi je pense. Parce que peut-être que lui, il parle de lui faire de la bouffe et de lui laver ses slips de temps en temps mais ça serait décevant de sa part. De toute façon, il attendra bien que je termine de fumer ma clope avant de recevoir quoi que ce soit. Je ne compte pas la balancer à l'évier alors que nos précieuses denrées se font si rares dans cette salle d'attente. Entrant une nouvelle fois dans la cabine, je dégage les cendres dans la toilettes, tapotant du bout du doigt sur celle-ci. «Tu viens ?»

Les échanges avec Lajak tournent de façon similaire autour du même sujet. Que ce soit de façon détournée ou non, on parle de la même chose. Un sujet que je n'ai jamais caractérisé de tabou . Et je compte bien continuer de jouer de cette façon tant qu'il ne s'en lassera pas. Ce qui ne semble pas être le cas pour le moment. Je le remercie d'un large sourire lorsqu'il comprend qu'il faut allumer ma clope. J'en profite pour tirer de longues bouffées, me remplir les poumons et profiter de cette denrée rare. Quelle idée de nous priver de tout, on va finir par devenir dingue à force. « Tu m'excuseras mais je ne peux te servir que la bouffe du distributeur.» C'est l'une de mes premières corvées d'épouse, bien que je pense que ça ne soit pas la plus importante non plus. Et je suis intimement persuadé qu'il ne la place pas non plus, en premier lieux sur l'échelle des priorités. Et finalement, je prends l'initiative d'entrer dans la cabine des toilettes, cherchant un peu plus d'intimité. Une initiative qu'il ne semble pas approuver. Il met un certain temps avant de m'emboîter le pas et de finalement me suivre à l'intérieur. Il se permet de fermer la porte et me demande, avec un air sur de lui, ce qu'il en est de la suite.  « Alors, rapproche toi.» Sans hésiter, je l'attire vers moi grâce au bas de son t-shirt. Et lorsqu'il se permet de me faire une blague que je qualifierai de pourri, je ne perds pas de temps avant de répliquer.  « Tais-toi» J'aurais pu être bien plus grossière que cela mais je ne tiens pas à ce qu'il se sente offusquer. J'ai pas envie de le faire partir en courant parce que je compte bien obtenir de lui, ce que je cherche depuis quelque temps. Sans hésiter, je dépose mes lèvres dans son cou. J'y dépose plusieurs baiser, je mordille quelques parcelles de sa peau , je la suçote et je compte bien prendre mon temps. Attrapant une nouvelle fois le bas de son t-shirt, je m'empresse de l'en débarrasser tandis que mes lèvres descendent davantage pour se frayer un chemin le long de son torse. Je descends jusqu'à son nombril et je me redresse finalement, faisant face au candidat.  «C'est vraiment ce que tu veux ?» Je sais pas, j'imagine que j'ai besoin qu'il se montre un peu plus clair dans ses intentions, qu'il prenne lui aussi des initiatives et si il ne veut rien de tout cela, il est toujours temps de prendre ses jambes à son cou. Il peut se barrer, j'lui en voudrais pas.

Je viens de m’enfiler une palette de chocolat. Et le pire dans tout ça, j’ai encore faim. Parce qu’on a rien à foutre dans cette criss de salle d’attente et que mes seules pensées tournent autour de la bouffe, du sommeil, de la bouffe encore et des cigarettes qui deviennent de plus en plus des denrées rares ici. J’essaie de ne pas trop y penser, cela limite les dégâts. Couché à même le sol de la salle d’attente, comme j’ai pris l’habitude de le faire, je me rends compte que je me suis foutu du chocolat partout sur les mains. J’en ai surement sur le visage, mais comme je n’ai pas de miroir sur moi, impossible de le déterminer. Dans un soupire qui frôle la fin du monde, je me relève, mettant tous mes efforts pour prendre le chemin des toilettes. J’aurais pu me lécher les doigts. Ou les essuyer sur quelqu’un. Mais je ne suis pas paresseuse à ce point. Pas encore. C’est au moment exacte où je pousse la lourde porte maladroitement avec mon coude, pour ne pas laisser mes traces partout, que je saisie la phrase : C'est vraiment ce que tu veux ? Bingo! Y’a de l’action dans la cabine et cela vient éveiller mes sens. Je n’aurais pu rêver mieux, c’est une situation idéale à mes yeux. Je pourrais simplement rester là, cacher de tous, à saisir les informations pertinentes pour ensuite livrer le potin à tous les candidats. Je pourrais, sauf que techniquement, je ne suis plus ce genre de fille. Et puis, je sais déjà qu’il s’agit de Léo, j’ai facilement identifié sa voix grinçante. Sur la pointe des pieds, je m’avance vers la cabine entre-ouverte pour confirmer mes doutes, et découvrir un Lajak semi dénudé. Intéressant. « Oui, Lajak, c’est vraiment ce que tu veux? » je le questionne, prenant une voix rauque et faussement sensuelle. Je dérange peut-être? C’est exactement ce que mon regard insinue, alors que j’affiche un sourire de chieuse assumée. Bon, pas que ça m’intéresse réellement, quoi que ça m’intéresse tout de même un peu, je me retourne pour passer mes mains sous l’eau, comme j’avais l’intention de le faire au départ. « Ne vous arrêtez surtout pas pour moi, je ne fais que passer. » Et c’est un fait. Pas que je prends mon temps, ce n’est absolument pas mon genre, mais voilà, j’avais beaucoup de chocolat. Silencieuse, mais toujours aussi souriante, je me dis que dans un film, je serais probablement qualifié de la bitch de service qui apparaît toujours au mauvais moment (ou au bon moment, ça dépend du point de vu) pour compliquer un échange. J’ai toujours voulu être la bitch. C’est dans mes gênes, même si finalement, le rôle ne me colle jamais aussi bien que dans les films. Bon, je crois que j’ai assez fait chier. Et puis, j’ai faim moi. Je sèche mes mains sur mon t-shirt de façon nonchalante, jette un dernier regard à la cabine occupée puis tourne les talons. « Fais la crier au moins. » C’est la moindre des choses. Bye, là.