ENTRETIEN N°6 ~ JAIME

En apprenant qu’il avait été convié à son entretien avec le chroniqueur de l’émission Jaime avait ressenti un petit élan d’impatience. Il avait vu pas mal de candidats entrer et ressortir de cette pièce avec à chaque fois une impression différente et, du coup, Jaime se demandait ce que pouvait bien avoir de spécial le chroniqueur. Était-il horrible ou tout simplement con ? Ou les deux ? La question méritait réflexion… Mais Jaime aurait tout le loisir de se faire sa propre opinion puisque l’heure fatidique était arrivée. Il arrêta donc la lecture qu’il s’était choisit pour la journée et se rendit dans le bureau d’Alfie. « Approche Jaime, suis donc le chemin de l'excellence, la voie de la perfection, le sentier de la grandeur, le … oui, bon, approche quoi, chaque seconde que tu ne passes pas à mon contact est une seconde lamentablement gâchée, tu sais bien. » Il sourit, amusé par cet homme qu’il – il fallait bien l’avouer – prenait pour une sorte de clown. « Je n’en doute pas, je ne sais pas comment j’ai fais pour survivre vingt-six années sans être dans ton aura de grandeur. » Il avait le ton ironique, bien sur. « J'ai entendu dire que tu étais le plus séduisant du château, hm ? Ah, qu'est-ce que William n'inventerait pas pour vous faire plaisir ... Non parce qu'on sait tous les deux qu'il y a quelqu'un d'indéniablement plus séduisant que toi ici, hein. » Jaime vrilla le regard sur Alfie, il retint de justesse un sourire moqueur mais regarda tout de même autour de lui, tout était dans la théâtralité. « Vraiment ? Je ne vois personne d’autre que toi et moi pourtant. » Il posa à nouveau le regard sur le chroniqueur, non vraiment il s’estimait avoir été un tout petit peu plus chanceux… ou alors c’était sa classe naturelle ? Celle de Jaime, bien sur, hein. « Mais tu vois, j'ai été sympa, je n'ai absolument pas protesté et j'ai même pris un air convaincu lorsqu'on t'a décerné le prix. C'est que moi, les scandales, ça me provoque de l'urticaire, tu vois. » Jaime hocha la tête, l’air compréhensif. « Que c’est adorable de ta part. Je note pour les scandales, remarque ça nous ferait un point commun. » Non pas qu’il allait se mettre à les comper, hein. Jaime regarde autour de lui avant de se remettre à causer. « Dis moi, tu fais quoi ici aux candidats ? Parce qu’entre ceux que j’ai vu ressortir traumatisés et ceux que j’ai vu ressortir plutôt enchantés et bien… Je me demande bien à quel jeu tu joues ici. » Il se tourna encore une fois vers Alfie. « Enfin à part au cluedo si j’ai bien compris. » Et alors là ce n’était même pas la peine qu’il lui demande de jouer avec lui parce que Jaime n’aimait pas les jeux de société, mais ça il le savait déjà non ? Il avait surement regardé tout ce qui concernait Jaime, genre la fois où il avait dit à Sherine qu’il n’aimait pas ça… « Oh, conseil de pro, rase toi ça. » Ajouta le candidat en pointant du doigt ses deux poils autour de la bouche. En sa qualité de consultant en image, il avait bien le droit de donner ce genre de conseil qui changent une vie, non ? En positif, bien sur.

« Au fond, je suis certain que tu as toujours ressenti un manque qui t'empêchait jusqu'à présent d'être pleinement épanoui dans la vie que tu menais. Mais aujourd'hui tu le sens, non, que tu as atteint un état de béatitude ? Et bien, c'est grâce à moi, hein, je crois qu'on se doit de l'admettre. » C’était tellement ridicule que Jaime ne pu empêcher un petit rire de franchir la barrière de ses lèvres. « Ouais, si tu veux. » Fit-il avec un geste de la main avant de se concentrer sur le reste de la conversation. En fait ici, ils ne faisaient rien d’autre que parler. Jaime imaginait qu’Alfie posait des questions, qu’il faisait une sorte d’interview mais non, c’était juste une discussion comme il pouvait en avoir avec de nombreux autres candidats dans ce château. Le petit truc excitant relevait du fait qu’il n’avait jamais discuté avec Alfie et que, loin de détester ces camarades bah l fallait admettre que Jaime aimait la nouveauté. « Tu as raison, mieux vaut rester dans le dénis » répliqua l’homme. Jaime ne releva pas, il n’y avait rien de plus à dire sur la question et puis en tant que consultant en image son job n’avait jamais été de rabaisser les gens où de faire baisser leur estime de soit, c’était plutôt l’inverse. Aussi il avait le réflex de ne pas faire de remarque désobligeantes, encore moins sur le physique car ça, c’était pas vraiment une chose qu’on pouvait changer, enfin sauf dans le cas de petites choses... « Adorable, oui, je crois bien que c'est un qualificatif qu'on me prête souvent. » Ajouta le chroniqueur. Jaime sentit la pointe d’ironie. « Oh je n’en doute pas. » Répliqua le jeune homme, du même ton. « Oh, et bien, ça dépend. La plupart du temps, je me contente de les dresser au fouet. C'est un classique qui a fait ses preuves et ça les rend généralement obéissants. Pour les moins dociles, je sors carrément le taser, ça les calme. » Non Jaime n’était pas dupe, il savait bien que Alfie n’allait pas lui faire tâter le taser (parce que dans son cas c’était probablement la seule chose qui fonctionnerait hein). Merci les droits de l’homme pour ça d’ailleurs. « Oh ça explique beaucoup de choses, j’espère que les piles de ton taser so bien chargées hein, ce serait con. » Répliqua le candidat non sans un fin sourire amusé. « Je suis sûr que c'est Aston qui est ressorti d'ici avec le plus grand sourire. J'ai senti qu'il était maso sur les bords celui-là, ça ne m'étonne pas. » Jaime fronça les sourcils. « Ah ouais tu crois ? » Il marqua une pause. « Remarque, peut être. » Conclut-il en haussant les épaules. Honnêtement il n’en avait rien à foutre des travers de ce cher Aston, hein. Quand Jaime aborda le sujet du cluedo le chroniqueur eu un petit rictus, il semblait même prêt à répliquer sauf que Jaime, n’y tenant plus, lui avait fait comprendre que ces trois poils là, c’était plus possible. Il fallait que quelqu’un le lui dise, quoi, pitié. « Non content de me pointer du doigt, tu te permets en plus de me 'conseiller'. Ôte-moi d'un doute, tu ne tiens pas à la vie ? Parce que j'en ai tué pour moins que ça, autant te le dire. » Jaime haussa un sourcil. « Bah tiens, je t’en prie, essaie. » Répliqua Jaime en enfonçant une main dans la poche de son jean, même pas peur tiens. « Ma fille m'adore comme ça. C'est le seul avis qui importe. » Ouais bah… « Ta fille aura besoin d’un consultant quand elle sera plus grande. Bah, c’est pour ça qu’on devrait ne jamais avoir de gosses. » Notez qu’il était bien content, en ce moment, de savoir que son fils n’était pas au courant qu’il était son père, hm. Et encore plus du fait qu’il était sur un autre continent et ne verrait sans doute jamais son paternel parler en de tels termes. « T’es le genre papa-gâteau ? » Mine de rien il se demande ce que ça fait, d’être père d’un gosse qui vous connait, hm.

Non franchement la vie de Jaime avait été – et ce depuis des années – si pas parfaite pas loin en tout cas. Oh bien sur il avait eu des hauts et des bas, comme tout à chacun mais il avait aussi vécu pas mal de trucs intéressant et la venue d’Alfie dans sa vie (pour une très courte durée que les fans se rassurent) n’y changeait rien, si ce n’est qu’elle mettait effectivement un peu de piment à sa journée, pour sur. Après quoi le chroniqueur eut un sourire crispé quand Jaime énonça qu’il ne doutait absolument pas du fait qu’on puisse lui attribuer le qualificatif d’adorable. C’était tellement évident n’est-ce pas… « Et bien, tu pourras le vérifier un peu plus tard si tu le souhaites. J'avais prévu de me cantonner au fouet avec toi, mais puisque tu sembles motivé ... » Le taser était une meilleure option, vraiment. « Oh non, le fouet ça claque, ça file mal de tête tu comprends. » Si Afie ne le prenait pas pour un taré c’était soit qu’il avait comprit la plaisanteries, soit qu’il l’était lui-même, hein, hm. « Ah non, je ne prendrais pas le risque de traumatiser ma collection de petits soldats de plomb. Mais évite d'encourager les gens à te buter à l'avenir, ce serait ballot que l'un d'eux te prenne au mot. » Ah là, Jaime venait en effet de mettre au défi l’homme de le tuer là, tout de suite. Des tendances suicidaires comme ça Jaime en avait peu, disons qu’il se doutait bien qu’Alfie ne se jetterait pas sur lui pour lui taillader les joues donc il ne prenait pas vraiment un très grand risque. « Oh cesse de faire ta mijaurée, tes soldats de plombs en ont vu d’autres je suis certain… » Souffla-t-il en lançant un regard furtif au chroniqueur. Nan mais c’est vrai, il avait une tronche du mec qui tente des trucs bizarres non ? C’était pas un peu sa réputation aussi ? Bon. « En général je n’encourage pas les gens représentant un réel danger à me buter, comme tu dis. » Il arborait un sourire tout à fait suffisant tandis qu’il énonçait cette vérité. Dut-elle être dure à entendre peut importe, Alfie ne représentait pas le moindre danger là tout de suite et c’était mieux comme ça d’ailleurs, sinon il n’aurait probablement pas ce job… « S'ils sont tous aussi 'pros' que toi, j'en doute. Et je ne te donnerai pas raison sur le reste non plus. » Jaime eut un sourire amusé. « Non en fait, ils sont moins bons. » Jaime et sa suffisance… « Je ne sais pas, est-ce que d'après toi j'ai l'air d'un papa-gâteau ? » Jaime fronça légèrement les sourcils en observant Alfie. « Nan, pas vraiment, mais tu sais ce qu’on dit hein ? » Il marqua une pause. « L’habit ne fait pas le moine. » Et il ferait un beau moine, oh oui, sans doute que ce costume lui irait mieux que celui d’une chroniqueur. « Bon, et toi alors, t'es quel genre ? » Ah bah bien sur, Jaime devait s’en douter. Il pinça un peu les lèvres. « Le genre plutôt absent pour les spectacles de l’école, tu vois. » Si ce n’était que ça, ce serait un putain de progrès.