Biff Tannen. (samedi à 22h45)

@Roma

Le soir, ils ne savent plus quoi glander depuis que le groupe s’est vu amputé de la moitié de son effectif. Il y en a qui discutent dans le salon, d’autres qui profitent du séjour à Graz pour faire le plein de nouveautés dans les petites ruelles de ce bled en VO non sous-titré. Jill, elle ne sait plus quoi glander depuis la disparition dans son quotidien de ses copines et de Santo. Plus personne à emmerder, ce n’est donc pas la folie au niveau des activités à sa portée. La môme, elle reste dans son coin à mépriser tout le monde. Elle s’ennuie. Elle tente une petite escapade au niveau des salles du loft considérées comme en édition limitée, puisqu’ils ne possèdent rien de similaire dans le chalet. Les vacances sont bientôt sur le point de se terminer, donc autant profiter de ce qu’elle ne risque pas de retrouver à Hallstatt (ou même à Long Island si les nominations s’avèrent enfin défavorables à son egard). Encore une fois, le chef décorateur engagé par la production s’est tapé un délire chelou au moment d’aménager la pièce. Jill –experte pop culture oblige– ça lui fait penser à cet épisode de TBBT où Sheldon et ses potes investissent dans une machine à remonter le temps sur Ebay. En toute honnêteté, le bidule invraisemblable qu’on leur livre au cours de l’épisode n’a rien à envier à la pièce qui semble toute droite sortie d’une autre dimension. Tu m’étonnes qu’on soit censé remonter le temps en pénétrant à l’intérieur de celle-ci. C’est so années 80 au niveau de l’ambiance. N’empêche que ça fonctionne. Elle a envie de toucher à tout comme une mioche sauvage lâchée dans un musée d’antiquité. Elle se laisse glisser sur un siège, juste avant que la porte s’ouvre sur une candidate. « Wait a minute, Doc. » elle interpelle Roma dans sa best imitation de Marty Mcfly, tout en tapotant la place à côté de la sienne pour l’inviter à faire un petit tour dans sa DeLorean 2.0. Y’a eu une petite coupe budgétaire, parce que la voiture s’est vue remplacer par une simple table, mais c’est un détail. Jill, elle a bien envie de se promener un peu dans le continuum espace-temps tant qu’elle a encore les accessoires requis pour le voyage à portée de main. « Si tu pouvais retourner dans le passé pour revenir sur un évènement de ton existence, t’irais où ? » elle l’interroge en plantant son regard dans le sien. Allez, fais-moi rêver Roma. Jill, elle n’a plus ses babysitters à disposition, donc elle a besoin d’embaucher quelqu’un de nouveau pour lui raconter des histoires. « Et s’te-plait, épargne-moi le je ne toucherais à rien, parce que mon vécu fait la personne que je suis devenue. » elle récite d’une voix perchée (censée ressembler à celle de sa voisine ?) tout en roulant des billes. Elle la voit venir à des kilomètres avec ce genre de laïus tout fait.

Aujourd’hui elle peut compter en heure le moment où ils vont retrouver le chalet, les autres et une vie qui se rapproche plus du normal de ces quelques mois. Elle a la sensation de pas avoir tellement profité de sa semaine, étant trop dans un état qui lui ressemble pas. Aujourd’hui, elle est plus apaisé qu’en début de semaine, mais certains diront que ses sourires se font toujours plus rare. Et c’est la réalité. Alors elle décide de profiter des derniers instants dans le loft pour passer du temps dans des endroits qu’elle n’aura plus l’occasion de revoir après le retour au chalet pour le prime de demain. Enfin si la production n’a pas décidé de les laissé encore dans deux endroits différents. On est pas à l’abris d’un retournement de situation avec eux. Elle espère tout de même que c’est est finit pour ce genre de surprise. Elle culpabilise un peu de pas avoir été dans un état d’esprit plus habituel, parce qu’en réalité c’est le genre de surprise qui devrait lui plaire, lui donner envie de tout découvrir et surtout rien rater d’une nouvelle ville autrichienne. Depuis une bonne demi-heure elle pousse des portes au hasard, elle a exploré un petit moment le laboratoire essayant de trouver l’interêt d’une pièce comme celle-ci. S’amusant avec la carte animé et le mannequin branché. Elle continue son exploration sur la pièce attenante et tombe sur une @Jill en pleine contemplation de ce qui ressemble à une machine à remonter le temps dans l’univers d’une science fiction un peu kitsch. Doc ? Ce qui fait de Jill Marty ? C’est plutôt crédible. Qu’est-ce qu’elle va lui sortir encore la gamine ? Roma affiche un demi sourire en refermant la porte derrière elle. « Je t’écoute. » Elle s’avance, observant les boutons, lumières et autres gadgets improbables. C’est un peu une question à la Cami ça. Elle lui en a posé une dans le même style il y a quelques semaines, sans parler spécifiquement de voyage dans le temps. Puisque Roma est semble-t-il prévisible, elle a quand même le droit au petit commentaire de grincheuse. L’indienne s’approche de la table, un petit rire en commissure des lèvres. « L’imitation est si belle, mais tu n’as pas réussis à faire mon accent. » Dommage, ça aurait rajouté une pointe de vraisemblance. Parce que oui, si elle avait été avec quelqu’un d’autre que Jill elle aurait certainement étudié la possibilité de répondre ce genre de choses. Mais quand on connait un peu la benjamine de la saison, on sait bien que c’est pas le genre de discours à tenir avec elle, sous peine qu’elle s’endorme en plein milieu de la conversation. « Je pense que reviendrais sur la période de mes quinze ou seize ans. J’irais voir la jeune moi et je lui dirais de s’affirmer un peu plus. D’enfreindre les règles le plus souvent possible, dire ce qu’elle pense, aller au bout de ses envies. » Elle commence sachant que Jill cherchait du croustillant et qu’elle aura rien à se mettre sous la dent. « Ce qui m’évitera de revenir un ou deux ans après pour empêcher mon mariage. » Faut traiter le problème à la source il parait. « Toi, tu vas dans le futur, genre 20 ans en avant. Elle est qui la toi du futur ? » Elle lui demande un regard en coin, plutôt intéressé par sa réponse pour le coup.

Jill, elle anticipe direct le cheat code qu’elle voit venir à des kilomètres de la part de Roma. Il y a toujours quelqu’un de ready pour répondre ce genre de trucs débiles qui ne font pas avancer le débat. Avec sa question, la môme, elle cherche à gratter quelques informations sur la candidate d’une manière détournée et ludique. C’est sa méthode personnelle pour parvenir à s’intéresser un minimum à ce que les autres ont à lui raconter, parce que sinon, elle a du mal à se focus sur leurs petites vies minables. Interroger Roma sur son job de créatrice de bijoux, elle en a franchement rien à carrer tellement elle trouve ça dénué d’intérêt. En revanche, là, elle commence à se prendre au jeu de la machine à remonter le temps en essayant de visualiser l’indienne lorsqu’elle était encore adolescente. Plutôt du genre sage et discrète, c’est enregistré. Elle devait encore vivre en Inde à ce moment-là, mais il manque encore quelques détails pour parfaire la reconstitution qui s’affiche dans la toile de fond de son esprit. « Du coup ça nous refait remonter où temporellement parlant ? 1982 ? » elle ricane en faisant mine de s’apprêter à entrer une date dans la machine, sachant pertinemment que sa voisine n’effleure pas encore les quarante ans. C’est marrant, parce que Roma, elle lui a toujours donnée l’impression d’être plus vieille que la plupart des candidats avec tout l’historique qu’elle a l’air de se traîner et son statut de maman. C’est difficile d’enregistrer qu’elle a en réalité le même âge que des meufs comme Lejla ou Maci, qui sont -au choix- en roue libre totale dans leur existence ou juste immature, voir teubée. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que pendant une période on cherchait à la caser avec Ashley et ses deux milles ans au compteur, la plus grosse arnaque ever en matière de DILF. « Tu penses que ça aurait été possible ? » Ce n’est pas pareil de grandir en Inde qu’à Long Island où Jill peut vivre sa petite life de brat en toute décontraction. Est-ce qu’on peut réellement enfreindre des règles avec tout ce système de castes qu’elle a cherché à fuir ? Est-ce qu’on peut ne serait-ce qu’envisager de se rebeller si jeune, après quinze ans de conditionnement social où on considère les trucs surréalistes de son pays comme une normalité ? « Tu rêvais de quoi à l’époque ? » elle rebondit lorsque la jeune femme lui parle d’aller au bout de ses envies. Jill, elle se passionne pour ces épisodes de séries télés qui montrent une toute nouvelle timeline où les choses auraient tourné différemment suite à une décision clé. C’est un must en la matière, puisqu’autant Friends, Desperate Housewives ou Grey’s Anatomy se sont prêtés à l’exercice. Ah. La petite mention de son mariage mystérieux. La môme, elle hoche vaguement la tête, l’air de piger le délire parce qu’elle s’attendait à l’évocation de cet épisode. Tout le monde à un peu capté qu’il y avait un truc chelou là-dessous, même si personne n’est encore parvenu à mettre le doigt  sur ce dont il s’agissait. « Comment vous vous êtes rencontrés ? » elle fait un peu genre de demander pour ne pas jouer sur les clichés, même si dans sa tête y’a 85% de chance pour qu’il s’agisse d’un mariage arrangé. Jill, elle se voit proposer un petit exercice en mode flashforwad pour décrire une version d’elle-même vieillie de vingt ans. Eww. Dans le genre complexe de Peter Pan, on ne fait pas mieux que la môme qui refuse de prendre sa vie en main, bien trop à l’aise à vivre au crochet de ses parents. « Six pied sous terres. » elle annonce dans un sourire. Trente-huit ans, ce n’est rien, mais pour Jill, ça ressemble à dans une éternité. Elle ne parvient pas à s’imaginer tout ce qu’elle pourrait accomplir comme étapes d’ici-là, parce qu’il n’y a pas grand-chose qui l’intéresse. « Franchement, je ne sais même pas ce que j’ai prévu de faire la semaine prochaine, comment tu veux que je me projette aussi loin ? » Elle a zéro plan, Jill. Elle avance à tâtons, prenant des décisions randoms comme celles de participer à une télé-réalite ou de devenir actrice pour on ne sait quelle raison. Ce n’est pas de la mauvaise volonté, elle est véritablement larguée sur le sujet.

Jill elle part à la recherche aux infos. Et comme elle peut pas avoir une conversation normal, elle le fait à sa manière. Comme si c’était une question bateau et que dans le fond elle s’en fichait totalement. Elle joue la gamine qui se fiche pas mal de la vie des autres, mais quand elle ajoute une touche de délire à la Jill elle est capable de se passionner par un petit échange. Aussi étrange soit l’endroit dans lequel elle se parle. Tant que ça l’inspire, elle va pas critiquer Roma. Elle a apprit à la prendre comme elle vient la benjamine. Elle va pas lui faire la morale, pointé du doigts ce qui va pas, la forcer à aller dans une direction qu’elle veut pas. Roma elle se contente de suivre son mouvement, parce qu’elle sait que si c’est pas Jill qui commande elle obtiendra rien d’elle. C’est peut-être aussi pour ça que leur relation elle stagne entre une entente cordiale et une mésentente taquine. Elle l’aime bien la môme avec ses idées farfelue et la façon dont elle voit le monde par le prisme de sa jeunesse. Même si parfois, Roma elle a l’impression d’avoir 80 ans, quand elle parle dans sa langue de teenager hyper connectée. Elle répond à sa petite question en évitant les réponses bateaux qui ne plaisent pas à l’américaine. « Tu crois que j’ai quel âge ? » Elle siffle d’un ton amusé. « Tu peux entrer 2006 dans ta machine. » L’année de ses quinze ans donc. Quand elle y pense, ce serait quand même assez perturbant. De voir sa jeune elle, dans son sari clair le bouquin d’histoire contre la poitrine, se trimballant cette frustration à peine perceptible sur les traits de son visage. Mais Roma elle saurait le reconnaitre, pour l’avoir vu pendant des années dans le miroir de la salle de bain des Nair. « Je sais pas, mais je tenterais quand même. » Elle a pas tord Jill, c’est presque Mission Impossible, mais là c’est plus le même film. « Je crois que la moi de quinze ans, elle voudrait pas écouter, parce que ça lui ferait peur de savoir qu’il y a une alternative. Et surtout ce qu’elle devrait faire pour y arriver. » Trop d’interdit pour la jeune elle, pas sûre qu’elle pourrait s’en remettre. Et même si elle sait qu’à l’époque elle espérait entendre un discours de ce genre, elle a conscience qu’elle n’aurait pas été prête. D’où le discours bateau qu’elle aurait pu donner à Jill sur sa précédente question. Autant laissé la vie comme elle est, ne pas toucher au passé. Parce que le futur pour en prendre un coup oui, mais surtout que dans le passé les choses n’était pas encore bien alignée pour qu’elle s’émancipe. « Des trucs d’une fille de quinze ans. Un petit copain, aller à des fêtes, danser, me couper les cheveux, porter un jean… » Elle rigole, parce que ça semble tellement bête. Peut-être même que Jill elle va se foutre de sa gueule, parce que c’est d’une banalité déconcertante. A la maison une fille elle enfile pas de jean, elle porte le sari et puis c’est tout. Y a des variante bien entendu, plus décontracte. Mais clairement pas le jean à l’américaine. Et puis les cheveux longs c’était impensable de les couper. « Par nos familles. » Elle répond simplement sur le sujet de la rencontre. Jill elle comprendra ce quoi elle parle. Elle va pas l’évoquer clairement, parce qu’elle est pas trop sûre de pouvoir en parler librement. Elle ajoute à sa un haussement de sourcil énigmatique, montrant qu’elle n’en saura pas plus sur la rencontre avec Pavaan. Et elle alors ? Elle s’imagine comment dans 20 ans. Le futur c’est le genre de chose qu’une fille de son âge imagine non ? On s’accroche facilement à des « quand j’aurais tel âge ». « Arrêtes. » Elle scande dans un rire nerveux, faut pas dire ce genre de chose. Faut pas inspirer le karma avec des trucs pareils. « Je sais pas, t’as bien imaginé des trucs pour ta vie future ? » Ça lui semble impossible autrement. « T’as pas envie je sais pas … de continuer tes études ? Ou de voyager ? » Elle propose sans trop savoir ce qui anime son petit coeur de gamine. « Tester la cuisine africaine, te couper les cheveux super court, porter des jupes en jean, aller danser dans une boite de nuit new-yorkaise, passer quelques semaines au ranch de Lejla, refaire une télé-réalité, te lancer dans instagram, adopter un chien et l’appeler Eww ? » Y a tellement de choses qui s’offrent à elle, Roma elle veut pas croire qu’elle a pas des envies qui pourraient se concrétisé dans deux ans, dix ans ou vingt-ans.

En 2006, Jill avait à peine cinq ans. Elle était alors largement plus préoccupée par le dernier épisode des Kim Possible que par l’idée de se dégoter un petit copain. La vérité, c’est que les choses n’ont pas vraiment changées, remplaçant juste la rouquine par les personnages d’Euphoria, mais c’est un détail. « Parce que tu n’as pas cinquante-deux ans ? » elle fait mine de checker dans un sourire. N’empêche que Roma, elle a beau avoir vingt-sept ans, elle donne toujours l’impression de sortir tout droit de sa grotte de boomer qui ne reçoit pas l’ADSL à lui poser des questions sur les acronymes de bases tels que le fameux DILF. La môme, elle entre l’année par curiosité dans la machine pour en relever les faits marquants. « Mais. C’est les deux autres glands qui ont dû la dérégler. » elle réagit automatiquement dans un souffle lorsque le premier évènement qu’on a à lui proposer c’est la coupe du monde de soccer. Les deux glands, ce sont Costa et Louis qui ont dû s’éclater à se repasser le match entre leurs deux patries-mères en boucle. Tu parles que Jill, elle s’en tape royal avec son background de petite américaine qui refuse d’appeler ce sport le football. « OSEF. » Petit coup d’œil vers sa voisine qui n’a pas encore atteint le N2 au JLPT (Jill-Language Proficiency Test) et qui a donc encore besoin d’un traducteur. « On s’en fout. » Elle se met à scroller l’écran en quête de quelque chose d’un peu plus excitant pour représenter l’année 2006 en même temps qu’elle continue ses questions. « Et maintenant, t’aimerais incarner une sorte d’exemple d’émancipation pour des jeunes filles de quinze ans ? » Du genre être le modèle dont elle aurait eu besoin à l’époque. Jill, elle ne sait pas trop si le pays a beaucoup évolué au cours des deux dernières décennies sur la question. Elle ne le connait pas assez pour débarquer avec ses affirmations, mais c’est clair que la situation des femmes là-bas est encore critiquable à bien des égards. Suffit de voir comment elle s’ambiante sur des trucs de bases tels que porter un jeans ou se couper les cheveux. « C’est pour ça que t’as décidé de t’inscrire à l’émission ? » Tout le monde a l’air d’avoir débarqué dans le jeu avec une cause sous-jacente ou tout du moins un projet à concrétiser. Même Carlito, bien qu’il affirme le contraire, elle le voit très bien sur la voie de la rédemption avec son passé de stalker. Jill, c’est la seule teubée à s’être pointée en mode touriste, avec zéro réponses de prêtes quand on l’interroge sur ce qu’elle fait-là ou sur ce qu’elle compte réaliser à l’extérieur. Le vide total. Vingt ans, c’est bien trop loin pour se projeter alors qu’elle n’a rien sur lequel s’appuyer. Jill, elle balance une de ses blagues spéciales tumblr girl morbide qui ont du mal à trouver leur public au sein de l’aventure. Depuis qu’elle a capté que ça mettait mal à l’aise ses petits camarades, elle prend un malin plaisir à évoquer son funeste destin d’icône. La môme, elle se verrait bien intégrer le club des 27, même si elle n’a pas encore compris quel était précisément son talent pour pouvoir prétendre à cette élite artistique. « Bof. Non. » La môme, elle n’a rien imaginé. Elle parle de sa future carrière hollywoodienne pour qu’on lui foute la paix, mais ce n’est pas un projet réellement sérieux. « Eww ? » elle réagit dans un sourire face au pire nom ever pour un chien. « Déjà, je suis plus chat. » Premier point. Jill, elle ne peut pas blairer les clébards. Ils sont so needy. Elle a besoin d’un animal de compagnie qui lui ressemble dans le genre majestueux et (faussement) indépendant. « Peut-être que je devrais aller déposer mon eww. » elle suggère avec un drôle de regard. « Je pourrais produire une gamme de t-shirt après. » Histoire de toucher encore plus d’argent en se tournant les pouces.