I remember when, I remember when I lost my mind ♢ 21.07 à 11h29

Il a besoin d'air, juste une heure. Courir autour d'un bâtiment serait suffisant, mais être enfermé c'est vraiment pas son truc. Quand c'est pour les cours, c'est un plaisir, mais sous la contrainte, Isi se sent vraiment pris au piège, quelque chose qu'il n'avait pas ressenti jusque là et qui pourrait le faire virer psycho-crazy super vite. La paranoïa est un des premiers signes qui se manifestent quand on entre dans une phase psychotique sévère, il le sait et il ne va pas y céder. Il ne voit pas de raison pour ça, les gens l'aiment bien ici, il n'y aura pas de nominations cette semaine et il a toujours été un candidat investi. Mais... et si ça suffisait pas ? Et si on les renvoyait tous chez eux ? Il n'a plus de chez lui. Il n'est pas comme Iris qui peut retourner chez ses mères ou comme Shannon qui peut retrouver son mec. Lui il n'a plus d'appart, il n'a pas un sou en poche et en plus de ça, il n'a qu'un ami susceptible de l'héberger et Ruben doit avoir mieux à faire que de l'accueillir alors qu'il avait commencé une relation dans laquelle Isi a malgré lui foutu la merde avant de partir. Bref. Rien de bien réjouissant, même Sasha ne peut pas le loger, elle vit dans un seize mètres carrés sous les toits avec une proprio casse-couilles. Non vraiment à moins de dégoter la tonne d'interview et de fausses paparazzades à la con, Isi ne voit pas comment il pourrait s'en sortir si l'aventure s'arrête. Lorsqu'il lève finalement les yeux de son livre, dont les pages sont restées immobiles pendant plus de cinq minutes tant il était perdu dans ses pensées. Isidore remarque Jan et Mo sur le lit d'un des deux, il ne sait plus exactement lequel mais ça importe pas vraiment. Prenant son courage à deux mains, il n'est pas très sûr d'être de bonne compagnie et il n'a pas envie de briser une conversation, Isi va s'asseoir sur le lit en face d'eux. « Ça va me rendre dingue d'être ici. » Il aimerait pour une fois que la très probable interprétation littérale de Jan soit loin de la vérité, mais il parle bel et bien de folie au sens médical du terme. Barjot, gaga, fou, timbré, dingue, toqué, l'Isi.

Mardi. Troisième jour de souffrance entre ces murs. Troisième jour où Jan boude comme un gosse de six ans, passant la majeure partie de ses journées dans un coin de la pièce, loin des petits groupes qui se forment pour s’occuper. Évidemment qu’il s’ennuie. Évidemment qu’il aimerait avoir quelque chose à faire, ou du moins un petit coin de jardin où marcher afin de ne pas finir rouiller. Évidemment qu’il aimerait sortir d’ici et rejoindre le château, surtout. Mais c’est impossible, alors il passe une bonne partie de son temps à angoisser à l’idée que samedi, le maître leur annonce que c’est fini, voilà, fin de la saison huit de Thrown Dice, renvoi de tout le monde sans pitié. Retour de Jan en Suisse, sans  vraiment savoir où il ira. Pas chez sa sœur, c’est sûr, faudra qu’il l’évite. Peut-être chez son frère qui lui pardonnera d’être à l’origine d’un événement qu’ils auraient tous voulu éviter. Peut-être. Il est pas sûr. C’est angoissant, de pas savoir où aller et à côté de ça, de se savoir responsable de quelque chose qu’il aurait préféré éviter. Alors Jan continue à tirer la gueule, même s’il préfère être silencieux plutôt que de se plaindre comme d’autres. Mais il n’oublie pas qu’ils sont censés démontrer leur motivation, et que pour l’instant, Jan fait tout l’inverse en se renfermant dans sa solitude et sa mauvaise humeur. Ainsi, quand Mo parvient à obtenir une tablette et lui propose de faire un tour sur les réseaux sociaux pour s’occuper, Jan accepte, pas franchement réjouit, mais pas non plus opposé à l’idée. Il a besoin de Mo quand ça touche aux ordinateurs, alors c’est gentil qu’il ait pensé à lui pour qu’ils espionnent un peu les blogs des autres et que ça les occupe durant une petite dizaine de minutes. Et puis, il pourra faire un tour sur son blog à lui, qu’il tient à jour une fois de temps en temps, avec l’aide de Mo. Accaparé par la tablette pendant un temps, Jan l’oublie bien vite quand il relève les yeux en direction d’Isidore, qui arrive à leur hauteur, s’asseyant en face d’eux et émettant un commentaire qui provoque une légère grimace à Jan. « Bah ça m’embête de le dire, mais moi aussi ça va me rendre dingue. » Ça l’embête, vu qu’il essaie d’être positif comme garçon, mais c’est difficile vu la situation. « J’avais raison d’avoir peur de William. » Qu’il lance, jetant un coup d’œil à Mo. Oui, il avait raison depuis le début. « Vous croyez que samedi on va devoir retourner chez nous ? J’ai vraiment, vraiment pas envie de rentrer chez moi, je suis bien ici, ça m’embête trop cette situation. » Qu’il lance, osant exprimer, pour une fois, un avis qui se veut plus ou moins négatif.

Difficile de dire si c'était par pitié ou simplement pour le plaisir de voir les candidats immortaliser leur ennui, mais toujours est-il que quelques tablettes s'étaient mises à circuler le lendemain de leur arrivée ici, et que depuis les candidats s'en donnaient à coeur joie pour poster des âneries sur leur twitter. Encore plus qu'en temps normal, oui, et Mo ne pouvait pas nier qu'il participait lui aussi à l'effort collectif, ne serait-ce que parce que cela occupait quelques minutes de son temps et qu'il n'allait pas cracher dessus, clairement. Alors qu'il pianotait justement dessus ses yeux s'étaient posés sur Jan, installé un peu plus loin et semblant hésiter entre le suicide et le désarroi perpétuel ... et ça, cen'était tout bonnement pas acceptable pour Mo, qui n'aimait pas voir les gens ruminer dans leur coin, encore moins les gens qu'il appréciait et dont le bien-être lui était par conséquent important. Sa tablette à la main Mo avait donc fini par venir s'installer à côté de lui pour lui en faire profiter également, parce qu'il le savait incapable de le faire tout seul et parce qu'il cherchait un moyen de chasser l'air morne sur le visage du rouquin. Ils s'occupaient donc à cela depuis quelques minutes lorsqu'Isidore était venu s'installer en face d'eux, en se lamentant sur le fait qu'il allait devenir dingue. Et Jan de renchérir en ajoutant qu'il avait raison en ce qui concernait William ... Oui, bon, pas la peine de dramatiser non plus. « Théorie du verre à moitié plein : William aurait très bien pu nous mettre dehors à coups de pieds, donc on ne s'en sort pas trop mal. » Tout n'était qu'une question de point de vue, au fond, et Mo était habitué depuis longtemps à cette gymnastique de l'esprit visant à chercher le bon côté de chaque situation. Il n'avait pas envie de suivre le chemin de Shannon, qui avait commencé à se lamenter dès samedi soir. Jan en tout cas, semblait surtout s'inquiéter du fait de rentrer chez lui, provoquant chez Mo en regard dubitatif « Y'a vraiment rien du tout qui te manque, chez toi ? » C'était assez difficilement concevable pour lui, à vrai dire « Enfin j'veux dire, j'ai aucune envie qu'on nous renvoie chez nous dimanche, qu'on soit clairs. Mais si ça devait être le cas ... bah, on reprendrait juste nos petites vies, quoi. On retrouverait nos proches, tout ça ... y'a personne qui vous manque à l'extérieur ? » Il avait beaucoup de mal à s'imaginer Isidore et Jan comme des loups solitaires sans rien ni personne à l'extérieur ... Isidore était du genre sociable, vraiment, quant à Jan il était tellement mignon qu'on avait envie de lui faire des câlins tout le temps, alors. Ce que Mo ne se priverait d'ailleurs pas de faire s'il n'avait pas peur de mettre le rouquin mal à l'aise.

La question de Mo est tout à fait légitime et même si Isidore tire une certaine satisfaction du fait qu'il n'est pas le seul à devenir maboule dans cet endroit, il ne le souhaite à personne. Alors se concentrant sur la conversation en cours. Parce que bon c'est vrai qu'Isi quand on voit qu'il s'est fait des potes rapidement ici on a du mal à imaginer qu'il n'a pas d'amis à l'extérieur. Faut dire qu'il a un peu de mal à faire confiance et qu'il se voit mal traîner avec des gars qui ont dix ans de moins que lui une fois les heures de fac finies. Alors ouais, il a que deux amis à Toulouse, c'est suffisant hein faut pas croire, mais au moins ils sont bons. Sasha dans son trou à rat, Ruben dans son appartement de quarante mètres carrés avec son copain et Isi dans son vingt mètres carrés. Les trois font la paire, enfin vous comprenez quoi. Du coup, quand Mo lui demande si ça ne lui manque pas de pas voir ses proches et si sortir serait une telle tragédie en somme, Isi répond franchement. « J'ai rendu les clés de mon appartement avant le début de l'émission, la seule personne qui pourrait m'héberger doit être en vacances en Espagne, je ne parle plus à ma famille et j'ai environ six euros quarante sur mon compte en banque... Alors pour l'instant les gens qui me manquent je préfère rester loin d'eux. Mais bon, si on se fait éjecter samedi, je trouverais bien un moyen de me démerder hein. Je rebondis toujours. » du moins il espère et de ce qu'Isi connaît de la vie de Jan il peut comprendre qu'il ne soit pas pressé de réaménager chez ses parents avec sa sœur tyrannique. Isi aimerait bien être comme Mo, avoir envie de revoir sa famille, mais franchement s'il se pointait chez ses parents après avoir avoué à l'Europe entière, et donc au monde grâce à l'internet, qu'il était gay. Après avoir embrassé un mec devant les caméras. Après avoir dit du mal d'eux, ou du moins après avoir témoigné de façon relativement objective à leur sujet. Isi se ferait tout simplement chasser à coup d'injures et de bâton. Sa mère sortirait probablement un chapelet pour l'étrangler, ce qui serait vachement comique n'empêche.

Il veut pas paraître prétentieux, mais c’est vrai que sur ce coup, Jan avait raison depuis le début, il a bien fait de se méfier de William dès le départ, ça lui a évité de tomber de trop haut même si la décision prise samedi ne l’enchante guère. Bon, Mo marque aussi un point, le maître des lieux aurait très bien pu les mettre dehors dès samedi, sans ménagement et sans leur laisser une semaine de réflexion. « Bah pour le coup je sais pas trop ce que j’aurai préféré. » Il rétorque en haussant les épaules. D’un côté, connaître leur sort dès samedi lui aurait évité d’être nerveux durant toute la semaine, mais savoir qu’ils sont en sursis l’aide à réfléchir à des solutions pour l’après, quand il sera dehors et livré à lui-même. Mo lui demande s’il n’y a vraiment rien qui lui manque chez lui et il se pince la lèvre, n’ayant pas le temps de dire quoi que ce soit que le candidat reprend. Et il préfère écouter Isidore, dont la situation lui fait forcément mal au cœur, car malgré tout, Jan a la chance d’avoir un logement et une famille à laquelle il parle même si l’ambiance est pas toujours au beau fixe. « Avec un peu de chance William va nous valider nos cagnottes si on sort, ce serait un geste vraiment sympa, alors peut-être que tu pourras rebondir sans trop de soucis. » Du moins, c’est ce que Jan espère. Mais entre ce qu’il espère et ce qui va se réaliser, il y a sûrement un fossé. Il est pas sûr que William fasse un tel geste, surtout après la remise en question de samedi. « Puis bon si vraiment t’as rien faut pas dormir dans la rue, moi je t’accueille volontiers, Isi. » Bon, pas sûr que ses parents soient du même avis, mais dans l’immédiat Jan ne pense pas à eux, il s’inquiète surtout du sort d’Isidore, ce serait quand même horrible qu’il n’ait nulle part où aller, il peut pas concevoir qu’il se retrouve sans argent, ni logement, ah ça non. Et maintenant, c’est son ami, alors Jan est évidemment là pour lui en cas de besoin. Reportant son attention sur Mo, le rouquin se décide enfin à répondre à la question que le brun a posée. « Ma mère et mes chiens me manquent. » Bon, son père et les chats aussi, mais sa relation avec son père est un peu compliquée en ce moment et puis concernant les animaux, il considère les chiens de la famille comme ses amis. « Moi ma petite vie je pensais pas la reprendre tout de suite, ça m’arrange pas. » Parce qu’elle est pas géniale sa petite vie par rapport à celle qu’il connait ici, qui est nettement plus mouvementée et intéressante. Mais bon, il se pliera sans broncher à la décision qui sera celle de William samedi. « Et toi, alors Mo ? C’est qui qui te manque ? » Après tout, il y a pas de raison pour qu’il soit le seul à échapper à la question sous prétexte qu’il est celui qui l’a posée.

Mo avait tout de même un peu de mal à saisir le dramatique de la situation. Certes ils étaient enfermés ici depuis plusieurs jours maintenant, comme des poissons dans un aquarium trop petit, et certes ce n'était ni agréable ni spécialement marrant ... Mais enfin, si ce n'était que pour une semaine et que cela pouvait leur assurer de réintégrer l'aventure en tant que telle à la clé, Mo était prêt à se montrer aussi docile que discipliné à propos de la semaine dans laquelle ils étaient embarqués. Il n'avait pas envie que l'aventure s'arrête ainsi, parce qu'il détestait laissait quelque chose inachevé tout d'abord, mais également parce qu'il était persuadé que cela renverrait une mauvaise image, et c'était précisément ce qu'il souhaitait éviter. Jan lui, semblait ne pas trop savoir ce qui était le pire, entre leur situation actuelle et le fait d'avoir été directement mis à la porte samedi. « Moi si, je suis pas venu ici pour rentrer chez moi au bout de trois semaines. » qu'il avait alors répondu en haussant vaguement les épaules. C'était peut-être un peu présomptueux de sa part mais Mo espérait tout de même subsister encore un peu dans ce château, jusque la nomination tombe et que la sanction des votants soit sans appel en tout cas ; Il ne voulait pas sortir comme ça, sur forfait collectif. C'était tellement contre-productif. Il était en tout cas un peu surpris de l'air catastrophé d'Isidore et de Jan à l'idée de remettre le nez dehors samedi, s'il devait en être ainsi ; Comme si l'un et l'autre avaient fui l'extérieur avec l'espoir naïf qu'une fois rentrés ici ils ne ressortiraient plus. Ils n'avaient donc pas de proches, ou d'attaches dehors ? Il avait un peu de mal à le croire. Et pourtant, la situation dépeinte par l'un puis par l'autre était pour le moins différente de ce que Mo aurait pu s'imaginer les concernant, et il avait un peu de mal à s'en contenter. Parce que les deux candidats, bien que foncièrement différents, auraient très bien pu devenir ses potes s'il les avait rencontré en dehors de ce jeu ; Alors il avait du mal à les imaginer aussi peu entourés, en fait. « La même, si t'as envie de profiter un peu de Londres le temps de trouver comment rebondir, mon canapé t'accueillera avec plaisir. Et promis, il est plus confortable que ces choses. » qu'il avait fait remarquer à son tour à Isidore, en désignant les lits de camp sur lesquels ils étaient assis. Franchement, ils pourraient tout aussi bien dormir par terre que ça leur ferait le même effet. Mo n'avait en tout cas pas été surpris de ne pas entendre Jan citer sa sœur parmi les personnes qui lui manquaient, et il devait bien avouer que le peu qu'il avait lui-même entendu à propos de la demoiselle ne l'incitait pas à la trouver appréciable. Et lui, ce qui lui manquait ? « Moi, oh bah heu ... » Il se sentait tout à coup un peu stupide, comme honteux d'avoir une vie qui lui convenait à ce point à l'extérieur, lorsque cela ne semblait pas être le cas de ses deux compères. La vérité c'est que Mo n'avait jamais manqué de rien, il avait toujours eu la vie qu'il désirait avoir aussi modeste pouvait-elle sembler à d'autres yeux que les siens. « Mon frère, mes parents, mes cousins, mes potes ... et puis mon quartier, mon appartement, enfin voilà. » Tout, en somme. Tout lui manquait et de manière exacerbée puisqu'il n'était pas du tout habitué à ce qu'il en soit ainsi. D'ailleurs à demi-mot avait-il osé avouer « En fait ... c'est la première fois que je reste aussi longtemps sans nouvelles de ma famille. J'ai pas l'habitude. » Et c'était un peu difficile pour lui, même s'il essayait de prendre sur lui. Même durant l'année qu'il avait vécu au Pakistan il ne se passait pas une semaine sans qu'il n'ait plusieurs des membres de sa famille au téléphone, alors là, après presque un mois sans avoir eu de nouvelles de personnes, il ne pouvait pas nier que même s'il n'avait aucune envie de prendre la porte samedi il serait heureux de retrouver tout son petit monde.