Free Style (25/07, 00:30)

Un accord tacite et informulé entre candidats existe. Il est inconscient, mais Salomé a fini par en prend conscience. Bien que coupé du monde, il semble que pour éviter de perdre complètement la notion du temps, un certain rythme s'est mis en place. Et à en juger par le fait que tout le monde s'est mis dans ce qui ressemble de près ou de loin à des lits, ce doit être la nuit. Lampes éteintes' la pièce sans fenêtres est devenue un véritable trou noir, pour rester polie. Et fuck. Comment elle est sensée rejoindre son coin sans marcher sur personne maintenant, hein ? En plus c'est pas comme si tout le monde ne faisait pas semblant de dormir, pas du tout. En fait rares ceux qui parviennent à trouver le sommeil, et ceux qui de fait y arriver sont en fait davantage plongés dans un coma d'épuisement nerveux qu'autre chose. Bon. Allez. Elle peut le faire. Prenant une grande respiration, elle réfléchit au meilleur chemin pour parcourir les quelques mètres qui la séparent de son sac de couchages. Un pas à droite, deux à gauche. Dans le noir quasi complet, elle frôle des têtes et des pieds pêle-mêle, et doit à sa grande souplesse de n'écraser personne. Plus que quelques pas... Et elle sent trop tard une bon dieu de lanière d'allez-savoir-quoi qui s'accroche à son pied. Son mouvement entravé, elle perd un équilibre déjà précaire, se rattrape de justesse pour éviter quelqu'un... Juste pour s'écraser en partie sur ce qui s'avère être son voisin de cette nuit. Elle étouffe un juron et roule sur son sac de couchage, juste à côté de son matelas humain involontaire. « Je suis vraiment désolée ! Ça va, James ? Je ne t'ai pas fait  trop mal ? » elle a chuchoté pour éviter de réveiller les autres qui ne dorment de toute façon pas. Mais sa question est sincère, parle qu'elle est mortifiée à l'idée de s'être aussi lamentablement étalée sur le pauvre James.

Bon, il a l'air vivant et en un seul morceau. Mourir écrasé sous quelqu'un, c'est quand même triste. Surtout mourir écrasé sous quelqu'un dans une pièce décrépie dans une émission de télé-réalité. On dirait le scénario d'un mauvais polar. Focus. Ne pas s'égarer. James émerge en sursaut, mais elle ne sait pas trop s'il dormait tellement ou si, comme beaucoup, il est plongé dans cet espèce de coma nerveux. Quoi qu'il en soit, il lui confirme qu'il va bien, et un sourire adoucit ses traits. C'est inconscient, parce qu'elle se rend compte deux secondes après qu'on y voit aussi bien que dans... bref, l'idée est là. Elle se laisse retomber sur son sac de couchage dans un soupir, lorsque James ânonne quelques noms. Elle se redresse brusquement, et la première phrase qui lui vient est « Tu ne sais même pas à côté de qui tu dors ? » Elle a dit ça moitié-amusée, moitié-étonnée, parce que quand même. Mais à la réflexion, elle peut comprendre. « Oui, enfin, c'est vrai qu'on vit tellement les uns sur les autres que tu dois un peu t'en foutre. » Elle farfouille dans son sac à la recherche d'un objet bien précis. Sa main empoigne enfin sa mini lampe de poche, et elle l'allume vers son visage en murmurant « C'est Salomé. » et se rend compte un quart de seconde trop tard que si elle veut lui foutre la frousse de sa vie, elle ne s'y prendrait pas autrement. Reste à espérer qu'il n'est pas cardiaque.