insane (justine 22/07 à 19h30)

Je me sens dégueulasse. Pour le coup, je crois que c’est franchement pire que la fois que j’ai décidé de me la jouer aventurière et que je suis sortie de ma zone de confort de la grande région métropolitaine de Montréal pour aller me perdre au fin fond d’une réserve d’un parc canadien. La raison? Je voulais vivre le côté sauvage de la nature. Résultat : au bout d’à peine vingt-quatre heures, j’avais mille et une piqures de moustiques, je sentais la vieille crème solaire séchée mélangée avec de la sueur et un raton-laveur m’avait volé mon sandwich. Le pire des pires, il n’y avait pas de wi-fi. Je ne vis pas sans wi-fi. Enfin, ici dans l’émission on n’a pas de connexion, mais c’est différent. Ce n’est pas la vraie vie ici. Et surtout pas dans cet enfer dans lequel on nous a enfermé. Je me sens de la même façon que cette fois-là, dans le fin fond du bois. Je me sens comme une merde. J’ai l’impression de puer et je mange que du chocolat et des chips. Finalement, en prime, je vais sortir d’ici obèse si ça continue. Câlisse. En parlant de bouffe, j’ai faim. Je me traîne les pieds, vêtue que d’un grand t-shirt par dessus mes sous-vêtements, en mode clocharde, je me rends à la distributrice, l’appel du chocolat surpassant tout. Et c’est là que je vois Isis qui semble sur une autre planète. C’est louche tout ça. Je viens tout de même la rejoindre par terre, la fixant avec un sourire bête sur les lèvres. J’articule lentement, comme toujours, pour être certaine qu’elle comprenne ce que je voulais lui dire. « Tu sais, si tu t’ennuies à ce point, on peut s’embrasser, ça nous fera passer le temps… » je lui donne un petit coup d’épaule en rigolant, alors que je suis plus ou moins sérieuse. Je veux dire, je ne vois pas où serait le problème d’embrasser Iris, au contraire, elle est belle je trouve. Mais je disais plus cela à la blague. Parce que bon, y’a une tonne de paquet de nourriture, mais je ne suis pas certaine de comprendre ce qu’elle faisait. « Mais si tu préfères continuer de jouer avec tes nouveaux amis… » Elle fait ce qu’elle veut. « C’est quoi l’histoire? » Je suis certaine qu’il y a une histoire. Moi ça aurait été mon genre d’en créer une. Avec une tonne de drama.

J’ai toujours le chocolat en tête. Le pire, c’est que je n’ai pas si faim que ça, surtout que ce sera ma deuxième tablette en une heure. Mais le manque d’activité et l’enferment me créer une nouvelle dépendance. Moi c’est le chocolat, pour d’autres c’est le sexe dans les toilettes. Ouais, je viens de surprendre Léo et Lajak sur le point de s’adonner aux plaisirs de la chair. Je crois que j’ai dérangé. Oups. Bon, ils vont s’en remettre. Et puis, bien franchement, c’est dégueu. Ils n’ont pas prit une vraie douche depuis des jours, faut pas déconner, moi je ne rechercherais pas à m’envoyer en l’air dans ces conditions. Par contre, je suis prête à embrasser Iris si elle s’ennuie tant que ça. Parce que je ne sais pas exactement ce qu’elle fabrique, mais elle ne semble plus avoir toute sa tête. Comme nous tous j’ai envie de dire. La demoiselle me fait cependant comprendre rapidement que je ne suis pas son genre de crush. Ah merde, quelle déception. Sincèrement, je n’avais pas l’intention de réellement échanger ma salive avec la belle quoi que ça n’aurait surement pas été désagréable non plus. « Moi aussi j’aime les pénis. » Qu’on mette ça au clair. « Mais y’a rien comme la douceur d’une femme par contre. » Oui, comme plusieurs jeunes de mon âge, j’ai vécu les expériences que j’avais à vivre. Bi-curieuse, on dira. Je secoue tout de même la tête non sans avoir un sourire amusé sur les lèvres en comprenant où elle voulait en venir. « Naaaan, t’inquiètes, je ne suis pas folle amoureuse de toi. Mais t’es jolie. » C’est bien de dire la vérité, et je ne dois surement pas être la première à le lui dire. Autant je sais que nous sommes particulièrement différente et singulière dans notre genre, depuis le début, je trouve qu’un petit quelque chose me rapproche d’Iris sans pouvoir dire directement de quoi il s’agit. Je l’apprécie, c’est déjà bon. Sinon, elle me raconte c’est quoi son délire avec la bouffe qu’elle a devant elle? Intéressée, je lis attentivement le récit que me raconte Iris, me disant mentalement que finalement je viens de trouver plus folle que moi. Mais hey, pas de jugement, on se divertie comme on peut ici. « Donc t’imagine une relation entre ton père et Holly? » Juste que je suive l’histoire. Quoi qu’elle vient de dire que April préfère les tablettes de chocolat à la gélatine. Je la comprends cette April. Bon, tout ça m’intrigue. Voilà, je suis déjà prise dans l’histoire. J’adore. Je lis le restant, mon regard alternant entre la feuille de papier et les personnages fictifs. Elle a beaucoup d’imagination. Le pire, c’est que les tables rondes pour trouver un concept de génie pour une publicité ressemblent un peu à ça. On déraille parfois. Euh, souvent. Je rigole lors qu’elle parle d’April qui perd son jus. « Bah tu sais… certaines filles pleurent lorsqu’elles viennent… donc c’est peut-être le cas d’April… » Je dis ça, je dis rien moi. C’est un commentaire comme un autre. « Mais Alfonso, il est encore en vie? » C’est un détail important non? Je saisi un paquet de Skittles qui traine un peu plus loin pour l’inclure dans la petite gang. « Ça c’est Sirius. Il est assez coloré comme mec. C’est l’ami d’April aussi, mais lui, elle est plus branchée fierté colorée qu’autre chose, donc ce n’est pas une menace ni pour Alfonso, ni pour Marco. » Bon, Sirius, ça fait pas très télénovela, mais on aura comprit que je parle d’Orion ici. Sans attendre, je prend l’autre chose qui traîne proche, un carré de Rice Krispies. Désolé Isidore, il ne faut pas s’offenser. « Y’a aussi Gildor, qui aime bien et Sirius… et Alfonso. » D’après mes sources en tout cas. « Il va foutre la merde je crois… » Ça m’amuse bien ce jeu finalement. J’aurais du venir ici plus rapidement. Je croque dans le Rice Krispies, parce que finalement j’ai trop faim. C’est la bouche pleine que je souris à Iris. « Je crois qu’on peut se lancer en production, on détient toute une histoire ici. » On va faire de l’argent mes amis!