sleeping beauty (20/07, 15H14)

FT. GATSBY

Je me demandais vraiment ce qui me manquait le plus, entre le confort de mon lit double improvisé ou la chaleur de l’eau chaude coulant sur mon corps, me nettoyant de toute impureté. Une chose est certaine : je n’allais plus jamais prendre pour acquis ni l’un, ni l’autre, une fois cette semaine d’isolement terminée. Et même si je supportais somme toute assez bien le manque de douche en me nettoyant sommairement à l’aide de l’un de deux lavabos à notre disposition, le sommeil était devenu une denrée rare… très rare. Étrange que j’ai d’ailleurs tenu cette discussion avec Judas après m’être endormi sur un transat, la semaine dernière. Je serais prête à troqué ce dit-transat contre mon sac à couchage n’importe quand, juste pour dormir ailleurs que sur ce sol inconfortable. Je parvenais néanmoins à dormir, mais ce n’était en rien reposant. Mon corps, courbaturé, n’appréciais pas tant la surface sur laquelle il devait s’étendre. Voilà pourquoi je profitais souvent de la journée pour m’assoupir, empruntant les sacs de couchages de mes camarades pour me faire un petit matelas de fortune un pour moins inconfortable. Ça n’avait rien de comparable avec un véritable lit, mais il fallait vivre avec cette réalité, pour le temps qu’elle durerait. J’envisageais d’ailleurs de faire une petite sieste quand je remarquais Gatsby qui trainait non de l’endroit où je me posais d’ordinaire pour dormir. « Hey! » le saluais-je d’une petite voix. « Tu crois que je peux te l’emprunter? » fis-je en pointant son sac dans lequel il se glissait pour la nuit. « Je te le rends plus tard, promis. » Ce n'est pas comme si je pouvais me sauver bien loin de lui.

Maintenant que nous étions dans cette salle d’attente, nous avons un sac de couchage pour dormir. Finit les lits et les cottages, bonjour les boites à sardines. Dormir aux milieux de tous les autres candidats c’est quelque chose, mais dans des sacs et serrer comme des poissons, on peut dire qu’il y a mieux. Je ne passais pas de bonne nuit depuis que j’étais ici, vraiment pas. Je ne faisais pas de grasse matinée quoi, je dormais de 7 à 9 heures et après j’essayais de m’occuper. Aujourd’hui, je prenais une des tablettes qui étaient à notre disposition et je passais le temps, jusqu’à ce que Kendra m’interpelle. « Ouais bien sûr, fait toi plaisir. » J’étais bien trop captivé par mon jeu de candy crush pour faire attention à ça de toute façon. Mais après quelques minutes, je n’avais plus assez de vies pour continuer, et mon attention retournait vers la jeune femme qui essayais de dormir près de moi. Je ne pouvais pas la laisser dormir comme ça, non, il fallait que je l’embête. « Ca te dit quelques selfies ? » On pouvait se faire un vrai photoshoot avec leurs appareils.

Je n’ai qu’une seule envie, et c’est de m’étendre de tout mon long et de dormir. Le faire dans un lit douillet et réconfortant serait un véritable must, mais je vais devoir me contenter de ce qui m’est accessible pour le moment, c'est-à-dire une superposition de plusieurs sacs de couchage sur un plancher inconfortable. Vivement la fin de cette semaine! Je suis donc en quête de couvertures supplémentaires pour me créer un petit nid où sommeiller quand je tombe sur Gatsby, qui accepte de me prêter la sienne pour un moment. Exténuée, je m’empresse de préparer mon coin de repos, et je m’y installe, ventre contre terre, visage enfouie dans un cotton-ouaté que j’improvise en oreiller. Parfait pour étouffer mes grognements mécontents, face à notre situation actuelle et à mon impossible désir de moindre confort. Je regrette le château et les cottages, vous n’avez même pas idée. Et même si j’ai connu pire, dans la vie, en ce moment précis, je considère passer la semaine la plus exécrable de ma vie. D’autant plus que je ne parviens pas à trouver le sommeil, malgré la fatigue qui habite chacun de mes membres. Je dois avoir des cernes très très prononcés sous les yeux, chose que je remarque à peine vu le maquillage que j’applique, justement pour camoufler tout ça. Par chance, car je suis assez convaincu que je ferais peur à voir, sinon. Je sens que le candidat à mes côtés remue, et sa voix résonne à mes oreilles, me forçant à m’extirper de mon cocon. « T’es sérieux? » Je n’ai pas tant l’envie de prendre quelques photos, vu la tronche que je dois tirer à l’instant précis. À peine maquiller, et avec une coiffure plus que sommaire, les cheveux en pagaille, je dois avoir fière allure – oh, l’ironie. « Je veux te prendre en photo, mais j’ai pas la tête à figurer devant l’objectif. » me plaignis-je, tout en consentant à jouer la photographe pour lui. Je me retournais, afin d’ensuite m’assoir dans mon sac de couchage. Je tendais ensuite la main afin qu’il me tente son appareil, fidèle à mes promesses.

A chaque fois que l’on me demandait si j’étais sérieux, je disais cette petite phrase que mon grand-père a l’habitude de me sortir : « Aussi sérieux qu’une crise cardiaque. » Je regarde la petite Kendra, et son allure. Elle était crevé, ça se voyait bien et peut-être pas d’une très bonne humeur aussi. On l’est un peu tous, mais j’essayais de voir le bon côté des choses. Au moins nous étions encore là. Si la production voulait vraiment nous abandonner, ils l’auraient fait. Alors il fallait garder le sourire même si on dormait sur des foutus sac de couchage. Ça craint, ça craint vraiment, mais au moins on est toujours à l’antenne. « C’est quoi ton problème ? T’es une bombe, tu devrais avoir honte de dire des trucs pareils. » Je prends la tablette et la prend en photo avant qu’elle n’est eu le temps de faire quoi que ce soit. « Regarde.. » Ouais bon, ce n’était pas non plus son plus beau profil… ou un super éclairage… ou une bonne photo, mais elle était loin d’être moche. « Allez, fait moi un petit sourire… En l’honneur de notre cottage ! » Hazel Cottage FTW.

Je suis exténuée, et je n’ai qu’une seule envie : dormir. Pourtant, le sommeil ne vient pas, et pour compliquer la chose, je suis loin d’être dans un environnement convenable. Le bruit ambiant me joue en sourdine dans les oreilles, le sol me semble être aussi dur que le roc et il y a aussi Gatsby, qui s’est mit en tête de faire quelques selfies en ma compagnie. Vu mon état, cette idée me parait inappropriée et farfelue, et je ne peux m’empêcher de lui demander s’il est sérieux. Sa réponse m’arrache un rire jaune. Je n’aime pas tant cette allusion, mais bon, passons, ce n’est qu’une expression. Je refuse de poser pour lui, mais accepte néanmoins de jouer la photographe pour son compte. Ce qui est loin de lui plaire. Et sans crier gare, le voilà qu’il capture mon portrait sur le vif. Je jette tout de même un coup d’œil à la photo, mais c’est loin de me convaincre. « Tu sais, même les ‘bombes’ ont leurs mauvais jours. » mentionnais-je, reprenant son propre vocabulaire. Je me savais joli, aucun doute là-dessus, mais j’étais loin de me qualifier de bombe. Je ne m’appelais pas Holly. « Bon, d’accord. » lui accordais-je quand il me demanda une seconde prise, avec un sourire cette fois. Replaçant rapidement une ou deux mèches de cheveux, je fixais l’objectif, forçant sur mon visage un sourire à y apparaitre. C’était loin d’être naturel, mais ça ferait surement l’affaire. Dès qu’il eut capturé mon visage sur l’appareil, je le lui arrachais des mains. « À ton tour, maintenant. » Et comme il l’avait fait précédemment, je capturais son portrait sans prévenir.

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