happy birthday mr president - 14 fev à 11h10

Shem lui répondit tout naturellement. Nothing. Bien entendu, il ne pouvait pas y avoir nothing. Rien n’existait pas. Il y avait toujours quelque-chose, bien que l’on veuille s’efforcer à penser au contraire. Bien entendu, elle ne le crut pas. Il pouvait le lire sur son visage. Elle n’avait même pas besoin de parler, de laisser quelques sons s’échapper de sa bouche. Il mentait, selon elle. Pourquoi. Pourquoi mentait-il. Il se pinça les lèvres. « Je ne veux pas t’inquiéter, Théo. » souffla-t-il. Il poussa un petit soupir, baissant légèrement la tête. Il tenta de remettre un peu d’ordre dans ses idées, dans ses pensées… dans sa tête. Cela ressemblait certainement à une sorte de cacophonie là-dedans. Quelques sons s’échappèrent de sa bouche. Si pour certains ne pas avoir de repère n’avaient peu d’importance. Pour l’israélien, c’était tout le contraire. Avoir un repère était le fondement de tout. Pour lui, c’était son leitmotiv. Peut-être lui fallait-il un peu plus de temps que les autres pour réussir à éprouver la sympathie de certains de ses camarades, sûrement devait-il faire plus ses preuves que d’autres en raison de sa notoriété extérieure. Il ne savait pas. Il ne savait plus. Il avait clairement surestimé son potentiel d’intégration. Il ne pouvait pas le nier. Il ne pensait pas que ce début de saison aurait pris un tel tournant. Une raison à cela : il était ennuyant, chiant… contrairement aux autres garçons, certainement. Oui. C’était ce qu’il avait songé. C’était peut-être cela son problème. Théodora marmonna quelques mots. Comme quoi il devait arrêter et qu’elle avait envie de le gifler. Il agita doucement la tête, avant de reprendre la parole. « Oui, je me sens seul… » répondit-il finalement à sa question. « Ce n’est peut-être pas qu’une impression, je le suis peut-être vraiment. ». Il n’en aurait pas se ressenti autrement. Il finit par lui tendre sa joue. « Tu peux me gifler, si le cœur t’en dit. » conclut-il finalement. Ce n’était qu’une petite taquinerie. Peut-être qu’elle le giflerait vraiment. Il ne sait pas. Il reporta son attention en sa direction. « Tu sais pourquoi je t’ai choisi, Théo ? » articula-t-il en se tournant vers l’intéressée qui était en train de régler le sort au gâteau. Il finit par avoir une part. Il supposa que c’était le moment T où il devait donc goûter ce fameux met concocté par la grecque herself. Il prit une bouchée, puis se mit à grimacer tout en exagérant quelque peu ses traits. La réaction de la jeune femme l’amusa d’autant plus et le poussa à exagérer un peu plus ses faux airs de dégouté. Elle voulut l’obliger à avaler. Comme si on donnait des ordres à Shem. La seule personne qu’il écoute, c’était son coach et son capitaine. Elle comprit rapidement qu’elle devait goûter elle-même pour se faire une idée. Après sa dégustation d’une miette (oui, parce que franchement… elle n’avait pas pris grand-chose, entre nous), elle prit la parole. Il abusait. Un petit rire s’échappa de la bouche de l’israélien. « Apparemment, j’ai trouvé ma reconversion si mes dirigeants ne veulent pas me reprendre. » énonça-t-il. Il reprit la cuillère, quelque peu fier de son coup. Il avait bien le droit de s’amuser un peu. Il mangea une nouvelle bouchée du gâteau. « Il est très bon, ce gâteau… Il faut croire que tu t’es surpassée, je suis impressionné. » reprit-il.

Ce serait mentir qu’il prétende le contraire. Il n’avait pas cette sensation d’être entouré. Certainement parce qu’il se retrouvait entouré d’individus avec qui il ne partageait aucun trait commun. Il s’était attendu à ne rencontrer aucune personne comme lui, aucune personne ayant les mêmes passions, les goûts ou les mêmes attraits pour telle ou telle chose. Il se doutait bien que la plupart des personnes ici présentes méprisaient son milieu, celui d’où il venait, celui du football. Il ne pouvait pas dire qu’il s’était fait des amis, ou à un degré moindre des potes. Il ne pouvait pas dire qu’il avait cette sensation d’être chaleureusement entouré et d’avoir quelques soutiens. Il se sentait seul. Peut-être n’était-ce pas qu’une sensation. Peut-être l’était-il réellement. « Tu n’as pas à culpabiliser… » souffla-t-il. Elle n’avait pas à l’être. Peut-être était-il fait pour être solitaire, dans ce cadre de jeu. Il ne sait pas. Certains disaient qu’il valait mieux être seul que mal entouré. Sûrement devait-il voir les choses ainsi. Il ne sait pas. Il réfléchit. Il pense dans ce méli-mélo d’idées. Il se trouvait dans le noir. Dans le tunnel sombre de ses idées. Il est perdu. Il reprit la parole. Savait-elle au moins pourquoi il l’avait choisi pour partager cette pièce ? Oui, non. Un léger rictus étira vainement ses lèvres. « Avec ce critère, j’en aurais choisi d’autres. » lança-t-il d’un ton léger et faussement badin. Ce n’était pas pour cela qu’il l’avait choisi, bien entendu. Non. Ce n’était pas parce qu’elle était belle. « Tu sais… » embraya-t-il, plantant son regard sur le minois grecque qui se présentait à lui. « Tu as la seule, ici, que j’apprécie, la seule en qui je tienne, la seule que j’aime, la seule… en qui j’ai confiance tout simplement. » énuméra-t-il un brin hésitant sur la fin de son énoncé. Il s’humecta les lèvres. « C’est pour ces raisons que je t’ai choisi, Théodora. » souffla-t-il. « Et je m’en fiche que les autres peuvent penser que je t’ai choisi parce que j’en pince pour toi ou une connerie du genre… ils peuvent penser ce qu’ils veulent sur moi, sur nous. Je voulais juste être ici avec celle que j’aime. ». Voilà. C’est dit. Il ne savait pas si la jeune femme apprécierait cette soudaine déclaration d’amitié. Peut-être, peut-être pas. Mais il avait besoin de lui confier. Confier ce qu’il avait sur le cœur, certainement. Quant à la dégustation de ce gâteau, il laissa son talent de comédien pathétique prendre le dessus. Il faut dire qu’elle l’avait cru et était presque persuadée que son gâteau était indigeste. Il savait vers quoi se tourner si ses dirigeants ne voulaient plus de lui. Vers la comédie. Il avait le physique adéquat, qui plus est. Alors ce ne serait pas difficile pour lui de percer dans le milieu… bien entendu, il n’avait en aucun cas l’attention d’arrêter sa carrière sportive à la sortie de ce jeu. De son aventure. Il ne pouvait pas nier qu’il était bon ce gâteau. Il reconnaissait même qu’elle s’était surpassée en cuisine. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle soit aussi… talentueuse (ce terme était peut-être un peu trop exagéré mais soit) derrière les fourneaux. Elle y avait mis toute son âme. Sa réplique l’amusa. « Que cela se dise ou non, on s’en moque, non ? C’est l’attention qui compte après tout ? » répliqua-t-il alors.