Dîner romantique - Abbi & Eyal

@Eyal, @Abbi,

Le Maître vous souhaite la bienvenue dans le tipi qu'il a fait redécorer pour l'occasion. Fini les peaux de bêtes et le petit mobilier de camping, c'est une atmosphère chaleureuse et romantique qui vous attend pour la soirée. Pour vous ce soir, les meilleurs chefs du domaine ont concocté un repas gastronomique assorti de vins de grand cru choisis personnellement par le sommelier des Quincy-Clifford. Pour vous permettre de profiter de ce moment en toute intimité, il est désormais possible de fermer la tenture, et le Maître s'assurera qu'aucun trouble fête ne vienne entacher cette soirée. Un apéritif vous attend d'ors et déjà sur la table, avec une bouteille de rosé, deux coupes de champagne et des petits toasts pour vous mettre en appétit. Il ne vous reste plus qu'à trinquer à cette aventure, à vos deux parcours et à votre relation, puisse l'évolution de celle-ci vous combler l'un et l'autre.

au menu ce soir

amuse-gueule ~ Croustillant de saumon mariné au chèvre
entrée ~ Coquilles Saint-Jacques à la crème de poireaux et curry
plat principal ~ Magret de canard au caramel d'épices
dessert ~ cygnes en pâte à choux, crème à la rose et framboises fraiches.

Le Maître vous souhaite une bonne soirée, ainsi qu'un bon appétit.

C'était sûrement un peu dingue, au départ, cette histoire de dîner romantique obtenu contre deux indices capitaux sur son secret. Un peu dingue, parce qu'on ne s'attendait probablement pas à ce qu'un type comme lui, qui se revendiquait joueur, choisisse de se mettre délibérément en difficulté dans l'aventure contre un repas amélioré concocté par William et les petites mains qu'il employait. Mais ce qu'il fallait bien comprendre, ici, c'est que sa relation avec Abbi était née dans un contexte particulier qui en avait fait une relation un peu atypique à plusieurs égards depuis le début du jeu. Parce que tout entre eux, ou presque, avait eu lieu sous l’œil des caméras sans qu'une vraie intimité ne leur soit jamais vraiment accordée. Leurs premiers rapprochements, leurs premières attentions l'un pour l'autre, leur premier baiser, leur première étreinte. Même leur première fois ne leur avait pas entièrement appartenu, parce que les règles du jeu faisaient qu'ici tout se partageait avec un public qui finalement était un peu parfois comme le troisième protagoniste d'une relation qui échappait rarement à sa vigilance et à sa curiosité. En ça, oui, sa relation avait Abbi n'était pas atypique, au même titre que toutes celles qui s'étaient nouées dans l'aventure, y compris lorsqu'elles n'étaient qu'amicales, ou même conflictuelles. Alors lui, il avait vu cette histoire de dîner romantique comme une occasion inespérée de restaurer un peu de « normalité » dans leur quotidien, et de les enfermer le temps d'une soirée dans une petite bulle qui leur donnerait l'impression de s'échapper loin du château, de ses micros et de ses caméras, pour partager un moment qui n'appartiendrait qu'à eux. Autour d'une jolie table, face à un bon repas, ce serait un peu comme s'ils vivaient leur premier rendez-vous galant, un peu comme s'ils étaient à l’extérieur, que leur idylle était déjà née quelques semaines plus tôt et que l'espagnol avait enfin le cran de l'inviter dans un somptueux restaurant où il n'aurait pas peur d'y laisser ses économies du mois. A ceci près qu'il avait déjà payé, en indices, et qu'aucun serveur ne viendrait probablement troubler ce moment qui serait presque comme suspendu dans le temps et l'espace, tant il aurait l'air à part. Dans ces conditions, impossible pour lui de refuser cette chance de faire plaisir à Abbi, et de lui prouver qu'il était déjà capable de beaucoup pour se montrer aussi démonstratif et romantique que l'homme qu'elle avait choisi se devait de l'être. Pour l'occasion, il avait donc revêtu un costume sobre mais élégant, histoire de marquer le coup et parce qu'il savait qu'Abbi risquait de se faire toute belle elle aussi. La blonde et lui s'étaient quittés quelques heures plus tôt, lui s'étant pour une fois changé dans la chambre de Bugi – son ancienne chambre – pour permettre à la jeune femme de se vêtir en toute discrétion et sans briser la magie du moment, car l'idée c'était aussi de se surprendre. Le rendez-vous avait été fixé pour vingt-heures aux alentours du tipi, et celui-ci avait manifestement été redécoré spécialement pour leur petite soirée à deux. Eyal était arrivé le premier, galanterie oblige et parce qu'il tenait peut être inconsciemment à s'assurer que tout était parfait avant l'arrivée d'Abbi, et tous les incroyables détails prévus pour ce soir ne tardèrent pas à le rassurer. Ainsi, lorsque la jeune femme arriva, il afficha son plus beau sourire au moment d'attraper sa main. « T'es magnifique. » Il souffla, après l'avoir détaillé quelques secondes, déposant ses lèvres sur les siennes avant de l'attirer à l'intérieur du tipi pour lui faire découvrir ce que lui avait brièvement observé quelques instants plus tôt. William avait mis le paquet, l'endroit n'avait plus rien à voir avec le tipi de d'habitude, c'était comme s'il avait remplacé par une version deluxe. « Qu'est-ce que t'en penses, c'est super joli non ? Au début quand j'ai accepté le diner j'avais un peu peur que ça ait l'air trop prétentieux, mais ici et comme ça c'est juste parfait. Je trouve que ça nous ressemble, ce mélange entre classe et simplicité. » Parce que c'était un peu comme ça qu'il se voyait, avec Abbi. Ils avaient tous les deux les pieds sur terre, n'avaient pas de folles ambitions, voulaient juste faire ce qu'ils aimaient, et s'étaient jusqu'ici contenté de choses relativement « simples » pour faire vivre leur histoire et passer d'agréables moments. « Je t'en prie. » L'espagnol reprit, au moment de conduire Abbi jusqu'aux coussins pour l'aider à s'y assoir avant de faire de même. C'était le genre de petites choses qui pour le coup lui tenaient à cœur, car il voulait qu'Abbi se souvienne de cette soirée, de ce cadre, mais aussi et surtout de ses petites attentions à lui.

(TENUE)

Pour ce dîner romantique, j’avais tout planifié des jours à l’avance. Genre avant qu’on nous annonce que tout est prêt, moi j’avais déjà en tête la robe que j’allais mettre, la façon dont j’allais agencer ma coiffure, mon maquillage et aussi mes bijoux que j’avais sorti à l’air frais de ma valise pour honorer l’occasion. D’habitude, que ça soit pour les primes ou les soirées ordinaires, je laisse faire ça à l’instinct et je m’y mets une heure à l’avance pour pas être très en avance non plus vu que ça me suffi, mais pour cette soirée là si spéciale, j’avais décidé de bouleverser mes codes et planifier tout à l’avance. J’accorde peut-être trop d’importance à ce dîner, mais pour moi il a une symbolique assez particulière et une saveur différente de mes anciens rencards avec Eyal. Celui-là, il est plus officiel, plus intime et on peut le considérer comme étant le premier d’une lignée de rencards qui vont certainement se poursuivre à l’extérieur. Celui-là c’est enfin l’officialisation mais aussi la consécration de presque six semaines de relations. C’est pas rien, six semaines. C’est peut-être que le début mais c’est plus qu’un mois et ça vaut ce que ça vaut. Pour moi, c’est tout simplement la soirée de mon aventure qui arrive au parfait moment, juste après une semaine de merde où j’ai vraiment subi la maladie et le poids de mes insécurités vis-à-vis de mon couple. Vraiment. Ce dîner romantique, c’est une bouteille d’oxygène dont je compte en profiter au maximum. Du coup c’est évident que pour la soirée, j’allais sortir ma robe préférée et celle dans laquelle j’estime être le plus à mon avantage. C’est aussi l’occasion de le surprendre et lui montrer à quel point il a de la chance de se taper une belle femme comme moi, héhé. Bibi était peut-être une nana random, toujours au naturel quotidiennement qui mettait presque jamais de maquillage, mais elle savait se faire extrêmement belle dans les occasions comme celle-ci. Alors arrivée sur les lieux du rendez-vous, j’étais un peu stressée à sa première vue, loin d’être à l’aise aussi face au contexte officiel de la soirée mais ses premiers mots me rassurèrent et me soutirèrent un large sourire solaire. « merci » je crois que je rougi mais il s’imagine pas à quel point ça me fait plaisir, au plus profond de moi-même « tu es très classe aussi » et très beau, trop parfait trop croquant trop tout et n’importe quoi, mais c’est un peu chelou parce-que à ce que je vois, on est censé se la jouer premier date ? C’est un peu bizarre, parce-que c’est peut-être que six semaines qu’on est ensemble mais dans ma tête j’ai l’impression de l’avoir connu deux ans ou plus. Y’a vraiment une grosse distorsion chronologique chez moi qui fait que ça rend ce rencard trop bizarre parce-que je me suis trop habituée à lui et que dans pareille rencontre, je m’imaginais pas rester à des centimètres de lui, respectant un périmètre social de sécurité dit de "premier rendez-vous" alors qu’à la base je me jette assez souvent sur lui pour m’accrocher à son bras par exemple et vadrouiller un peu partout. Mais bon je devrais m’y faire à ce contexte. « Euh » il attire mon attention vers le tipi que William a aménagé spécialement pour l’occasion, et je dois dire que je suis bluffée. « c’est très beau » Bibi aurait dit que c’était trop top mais Bibi elle se contient ce soir, faut qu’elle grandisse avec l’événement mais franchement Wiwi il est passé grand maître dans l’art de la déco et je ne pouvais rêver meilleur cadre pour un dîner romantique. « tu l’as dis toi-même, classe et simplicité ... comme nous » oui comme nous, surtout la simplicité parce-que je suis loin d’être une nana très sophistiquée habituée à ce genre de soirée, voir limite à se faire invitée dans un cadre pareil. Une fois par mois, d’accord mais y’en avait qui vivait cela au quotidien alors il est naturel que je me sente un peu timide. « merci » que je souffle avant de m'installer définitivement sur les coussins. Faut quand même que je me déride un peu mais il s’ensuit un blanc et un long moment de contemplation réciproque, petit sourire sur les lèvres et regards plantés dans l’autre. « Bon je te préviens moi je suis juste venue pour la bouffe » chassez le naturel il revient au galop. Putain j’ai l’impression d’être une gueuse à faire une blague pareille au milieu d’un cadre aussi solennel, mais j’arrête de rire et je reprends mon attitude de nana classe. Physiquement en plus je colle bien au rôle « tu sais avec moi t’es vraiment pas obligé de faire tout ça » ouais je suis pas une fille qui accorde trop d’importance aux artifices, à un croustillant de saumon mariné à je sais pas quoi, des coquilles Saint-Jacques de mon cul ou un plat principal qui porte le même nom de famille que celui de Martin. D’accord une fois par mois, c’était même appréciable pour casser la routine mais j’étais plus quelqu’un adepte des plaisirs simples de la vie. Une pizza ou des sushis devant un film ou une série et il me remplissait de joie. Vraiment il a trop de la chance tellement je suis pas difficile. Je souris. « alors donc on fait semblant de se redécouvrir à nouveau ? » Un jour, un gars très riche m’a invité dans un restau que je pouvais pas me payer toute seule. Malgré les moyens qu'il a investi pour m’impressionner, je me suis ennuyée. Parce-que c’était définitivement pas mon truc. Je crois.

TENUE DE BIBI

Dans un sens, ce dîner romantique, c'était un peu comme si William lui faisait la charité. Comme s'il l'attrapait par le bras pour le placer au milieu d'un décor quatre étoiles qui les raviraient sa copine et lui, tout en sachant pertinemment que sans son intervention quasi divine, l'espagnol n'aurait pas de quoi offrir de dîner princier à Abbi pour marquer le coup après plusieurs semaines à évoluer main dans la main dans cette aventure. Mais ce qui changeait la donne, c'était les deux indices qu'il avait sacrifié pour avoir droit à cette petite soirée, parce que c'était en quelques sortes une monnaie d'échange, quelque chose qui rendait sa place ici et ce soir plus légitime et qui faisait de lui l'un des organisateurs indirects de ce beau dîner. Ce n'était peut être pas lui qui avait dressé la table, lui qui avait redécoré le tipi en conséquences ou cuisiné de longues heures pour régaler Abbi, mais c'était de lui et de ses initiatives que dépendraient la réussite de ce dîner, et c'est notamment pour ça qu'il avait revêtu un élégant costume histoire de marquer le coup, et aussi parce qu'il espérait plaire à la jeune femme. Arrivé le premier sur le lieu de rendez-vous, il fut rapidement rejoint par la blonde, elle aussi particulièrement apprêtée pour l'occasion, et ne put aussitôt résister à l'envie de la complimenter, parce qu'elle était tout bonnement superbe. Sa robe lui sciait à merveille, son maquillage était très élégant, et ses cheveux impeccablement bien coiffés. S'il avait déjà conscience qu'il avait de la chance d'être en couple avec une aussi jolie fille qu'Abbi, ce soir il la trouvait particulièrement envoûtante. La jeune femme le complimenta à son tour, et il sourit un peu plus largement. « J'attendais une grande occasion pour pouvoir le porter. » Et c'était vrai, il avait embarqué peu de vêtements véritablement élégants dans sa valise, mais tous avec l'espoir de les porter pour des occasions bien spécifiques. Et pourtant, il avait été loin de s'attendre à vivre une soirée comme celle-ci et en si charmante compagnie avant d'intégrer l'aventure, et c'était une nouvelle preuve que la vie pouvait encore le surprendre en bien, contrairement à ce qu'il pensait des mois en arrière. Abbi et lui découvrirent alors le tipi, métamorphosé pour l'occasion et le moins qu'on puisse dire, c'est que William n'avait pas fait les choses à moitié pour créer une ambiance intimiste et romantique. La jeune femme était d'accord avec lui pour dire que tout ça était charmant, et leur ressemblait finalement dans la mesure où ce mélange de classe et de simplicité leur correspondait bien. C'était ce qu'il pensait parce qu'Abbi et lui avaient beau s'être fait beaux ce soir, ils n'en étaient pas moins des personnes simples et terre-à-terre, et se correspondaient particulièrement de ce point de vue là. L'aidant à s'installer sur l'un des coussins, il plongea son regard dans le sien si tôt installé face à elle, puis émit un léger rire. « Et moi je te préviens, ça fait très longtemps que j'ai plus fait ça. » Il souffla, amusé mais sincère, avant d'ajouter. « Partager un rendez-vous avec une fille, je veux dire. Surtout une fille aussi jolie. » Et il avait beau se cacher derrière un peu de légèreté pour ne pas risquer de perdre ses moyens devant le coté très solennel de cette soirée, c'était la vérité, les rendez-vous galants étaient un art qui pour lui remontait à quelques années maintenant. « Tu trouves que j'en fais déjà trop, c'est ça ? » Il reprit ensuite, quand elle lui précisa qu'il n'était pas obligé de faire tout ça. « Désolé, c'est ce dîner qui me met un peu la pression. Tu dois te douter que c'est pas le genre de trucs que je pourrais t'offrir tous les jours à l'extérieur, alors... j'essaie de marquer le coup pour que tu t'en rappelles longtemps. » Et il étira un plus doux sourire, parce que c'était peut être la première fois qu'il évoquait clairement sa situation avec Abbi, du point de vue de leur histoire. Elle savait déjà qu'il était gêné par son boulot, mais moins qu'il avait plus généralement honte de ne pas avoir beaucoup de moyens alors qu'il y a quelques années, tout était un peu plus simple pour lui. Abbi savait qu'il n'était ni un prince ni un héritier, et lui savait qu'elle n'accordait pas beaucoup d'importance à ces détails, mais forcément, maintenant que les choses devenaient de plus en plus concrètes et que la fin du jeu approchait, il déplorait un peu de ne sûrement pas pouvoir lui offrir autant de choses qu'elle en mériterait, dans un premier temps du moins. « On peut, oui. » Il reprit, d'un ton plus malicieux, quand elle proposa de faire comme s'ils se découvraient, en somme comme si ce rendez-vous était véritablement leur tout premier. Se redressant, il mit une main devant sa bouche pour tousser d'un ton solennel, avant de la tendre jusqu'à celle de la blonde et de la ramener jusqu'à ses lèvres, et y déposer un baiser. « Donc, moi c'est Eyal. J'ai trente-deux ans et je suis danseur, enfin, strip-teaseur mais c'est seulement temporaire parce que c'est vraiment pas le boulot rêvé. Et je dois dire que tu me plais beaucoup, j'adore particulièrement tes yeux et... » Il souffla sans s'interrompre, comme un prétendant qui s'armerait de tout son courage pour briser la glace et lui dire les yeux dans les yeux ce qu'elle lui inspirait. « Ton décolleté. » Son visage afficha un air plus fripon, parce que bien sûr il avait un peu de mal à rester dans son personnage et à ignorer le fait que même s'il faisait semblant de la découvrir, Abbi n'en était pas moins sa copine, et celle dont il se rapprochait tous les soirs dans leur lit. C'est ainsi qu'il reprit, d'un ton définitivement équivoque, sans plus la quitter des yeux. « Je suis un garçon très direct. Et d'habitude je couche jamais au premier rendez-vous, mais pour toi je sens que je vais faire une exception. Parce qu'on en est encore qu'à l'apéritif mais que tu me donnes déjà chaud, partout partout. » Et il se mordit la lèvre, relâchant sa main pour la déposer sur la sienne, et laisser ses doigts remonter le long de son bras, avant d'émettre un léger rire. Penché sur la table, il en profita pour lui voler un baiser. « Petite parenthèse, parce que ça fait maintenant plusieurs semaines qu'on est ensemble, et que je propose qu'on trinque à ça, et à nous. » Et si tôt dit, il se saisit des deux coupes de champagne pour lui tendre la sienne avant de les cogner l'une contre l'autre, le regard brillant.

Dans ce genre de rendez-vous où je suis loin d’être à l’aise, disons que je marche par projection. Je suis pas celle qui prend les initiatives et j’essaye de copier un peu l’autre pour toujours être dans le vrai. Je suis toujours dans l’expectative et dans ma tête c’est à @Eyal de mener la danse. Il est danseur numéro 1 et moi je suis sa cavalière alors je fais ce qu’il fait. Il me complimente, je le complimente. Il s’émerveille devant le décor, je lâche mon petit commentaire aussi. Il m’invite à nous asseoir, je le suis et je m’installe sans pour autant dire le moindre mot. Mais après je sens que y’a un blanc, un petit blanc gênant et bien que je n’aime pas me mouiller dans ce genre de situation, je décide de sortir mon costume de pompière et réanimer la conversation avec une blague de merde un peu idiote qu’on se lance tous dans ce genre de rdv galant pour détendre un peu l’atmosphère, et bien qu’elle soit totalement obsolète et d’un niveau plutôt ringard, c’est un peu à l’image d’une phrase antalgique dans le style paracétamol qui marche partout, la preuve elle marche sur lui vu qu’il me suit dans mon délire alors que je pensais vraiment passer pour une poufiasse qui sait pas se comporter. Il est rouillé. Dans le sens où ça remonte à des plombes qu’il a pas invité une fille à sortir avec lui, et pourtant on aurait pas dit ça tellement il renvoi cette image d’un gars ultra-courtisé et avec le répertoire bien rempli. Son nouveau compliment me fait rougir et me soutire malgré moi un sourire bête. C’est plus fort que moi il me titille par mes zones érogène du cerveau, faut pas me complimenter comme ça sinon je commence à bégayer. « tu sais comment parler aux femmes » genre il a comprit le code, quoi. Après c’est pas si difficile non plus de le comprendre, c’est quand il s’agit de l’appliquer que ça devient compliqué mais il s’y prend très bien. A vrai dire son physique, son regard et surtout son sourire facilite grandement les choses et je me dis qu’Eyal a pas eu vraiment de difficultés dans sa vie à se dégoter des plans dans sa life. « non non je te rassure, tu es parfait » il en fait vraiment pas trop, mais pas du tout. Au contraire il dose très bien, et ce petit rancart dégoté grâce à deux indices –pourris, faut préciser- était une très bonne initiative « je parlais plus pour le futur … genre dehors » oui il est pas obligé de m’inviter à chaque fois dans un rdv pareil. Une fois par mois ça serait cool mais il était pas obligé non plus. Je suis pas quelqu’un qui a des standards vraiment élevés ou des exigences particulières. Quant à son petit aveu il me fait un peu pincer les lèvres, et dans un geste affectif voué à le rassurer, je tends ma main pour me saisir de la sienne et le réconforter d’avantage « je ne te demanderais jamais de m’offrir tout ça …ni de m’acheter quelque chose, m’offrir des bijoux ou je sais pas quoi. Contrairement aux autres filles je ne veux rien de toi. Enfin si, je veux juste ton amour, et que tu me promettes de toujours m’aimer , de me faire l’amour et me câliner quand je le veux et ... et puis c’est bon en fait. » C’est tout ce que je demande en contrepartie de ma dévotion. Je suis pas une nana très compliquée et mes exigences à moi sont loin d’être matérielles. Du coup pour détendre encore plus ce rdv, je propose d’apprendre à nous redécouvrir comme si c’était la première fois qu’on se rencontrait. Ça va être un peu bizarre, parce-qu’Eyal je le connais en long et en large mais ça risque d’être fun, n’empêche. Alors je ramène mes coudes à la tables, je me penche en avant et je me concentre, plongeant mon regard perçant dans le sien, prête à noter sa prestation pour voir comment il se débrouille réellement. J’essaye aussi de me mettre dans la peau d’une célibataire et j’avoue que ça me fait bizarre tellement je me suis habituée à mon statut de gadji maquée. Hm donc j’écoute et je rigole avant de l’interrompre. « Déjà le "salut je m’appelle Eyal et je suis strip-teaseur" c’est éliminatoire » c’est mort quoi. Faux départ mais dans le genre c’est pas grave je passe quand même la soirée avec toi je te laisse payer on se fait la bise mais après faut plus espérer qu’on se revoit. Jamais je ne voudrais ressortir avec un strip-teaseur. Et dommage parce-que je passerais peut-être devant l'opportunité de connaître un gars totalement génial. « et puis non je retire ce que j’ai dit : tu t’y prends vraiment mal avec les femmes » je rigole avant de relever le menton. On est encore qu’au début et il se permet déjà de sexualiser la conversation en évoquant mon décolleté. -5pts pour la subtilité. « Moi aussi je suis une fille très directe, je couche pas le premier soir, ni le deuxième voir le troisième et contrairement à toi t’as beau me donner chaud mais je ferais jamais d’exception pour toi » sorry mais faudra faire ses preuves parce-que je suis une nana précieuse qui a toujours couru après le sérieux. Le vrai. Celui où tu fondes une relation un peu comme la nôtre, en ce moment. On trinque à notre couple et il en profite pour me voler un petit baiser qui a le don de m’allumer un peu. « oui, ça fait deux mois maintenant » c’est quand même vachement bien, deux mois. « je t’aime » je ne cesserais jamais de le dire en fait, parce-que j’éprouve du plaisir à le dire, c’est assez simple que ça. « Revenant à notre première découverte. Tu penses que si je t’avais remballé comme ça, ça t’aurait donné envie de me revoir après ? » surtout après avoir arrêté de jouer au guignol qui veut me sauter parce-qu’on pourrait passer des mois à se voir sans pour autant passer à l’acte. Il aurait accepté de miser sur moi quitte à prendre son mal en patience ?

Eyal ne mentait pas, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas passé un moment aussi solennel avec une fille. Ça n'était pourtant pas faute de s'être fait arranger des coups par ses potes durant les mois qui avaient suivi la fin de sa dernière relation, mais Eyal s'était souvent trouvé des excuses pour ne pas jouer le jeu de ces petits rendez-vous sans saveur qui n'auraient fait qu'enfoncer le couteau dans la plaie à l'époque où il tentait encore de se remettre de sa déception amoureuse. Et parce qu'il n'était pas homme à partir en chasse dès que la solitude et la dépression le guettaient, il avait fait peu de rencontres malgré les multiples occasions qui s'étaient présentées et son succès notable auprès des clientes de ses shows. Mais ici c'était très différent, sa rencontre avec Abbi était arrivée à un moment de sa vie où il avait sans doute terriblement besoin qu'on lui redonne espoir et foi en l'avenir, et c'était aussi pour ça qu'il avait accepté ce dîner et fait tous ces efforts pour marquer le coup et faire de cette soirée un moment mémorable. Abbi se sentait peut être privilégiée maintenant qu'elle savait que son dernier rendez-vous galant ne datait pas d'hier, mais au fond c'était lui qui se sentait chanceux de partager ce repas avec une fille comme elle, aussi douce et jolie. « J'apprends beaucoup à ton contact. » Il souffla, les lèvres étirées dans un doux sourire, lorsqu'Abbi s'embarrassa légèrement de son petit compliment. Il est vrai qu'elle l'avait plus d'une fois incité à s'ouvrir à elle et à ne pas avoir peur de mettre des mots sur ce qu'il ressentait, alors s'il arrivait un peu mieux à s'exprimer aujourd'hui, c'était en partie grâce à elle. Il craignait toutefois maintenant d'en faire peut être un peu trop, car l'idée n'était pas de lui en mettre plein la vue ou de se faire passer pour un king du rendez-vous galant, juste de lui faire plaisir. Il esquissa alors un sourire rassuré aux paroles de la blonde, puis comprit qu'elle parlait de l'extérieur. Ses attentes étaient alors des plus simples, et il eut un petit rire. « J'admets que c'est plutôt un joli programme, pour lequel je risque pas de me faire prier. » Parce que l'aimer, l'embrasser, la câliner, lui faire l'amour... c'était des choses qu'il faisait déjà de bon cœur et auxquelles il ne comptait pas renoncer une fois dehors. « Et je sais bien que tu me demanderas jamais de te couvrir de cadeaux, mais tu sais... pour un homme, c'est aussi important de pouvoir faire plaisir, et mettre des étoiles dans les yeux de la femme qu'on aime. Je sais que y'a beaucoup de mecs que ça dérange pas d'inviter leur copine au Mcdo pour la Saint Valentin ou de leur offrir un DVD pour leur anniversaire, mais moi j'essaierai de faire les choses bien. Au moins de temps en temps. » Parce qu'il n'avait pas des moyens démesurés, mais qu'il saurait sûrement ruser pour lui dédier des petites attentions. « J'ai peut être l'air d'un célibataire endurci qui a passé trop de temps dans une coloc' 100% masculine, mais je m'y connais un peu en fleurs et en bijoux. » Il glissa d'ailleurs, dans un sourire plus malicieux, histoire qu'Abbi sache qu'elle n'était pas tombée sur un petit plaisantin qui n'avait jamais mis les pieds chez un fleuriste. Il avait eu deux relations longues de plusieurs années, alors il était loin d'être un amateur dans ce domaine-là. Cette idée de faire semblant de se découvrir l'un et l'autre pour la première fois, elle, l'amusa dans la mesure où c'était compliqué de se mettre dans la peau d'un simple courtisant quand on était en couple avec la blonde depuis des semaines. Mais il se prêta au jeu, feignant un petit jeu des présentations avant d'être interrompu par la jeune femme, apparemment pas séduite par son introduction. « Pourquoi ça ? Ici tu savais en te rapprochant de moi que j'étais strip-teaseur, et ça t'a pas empêché de craquer pour moi. » Il lui lança un petit regard entendu, parce qu'ici elle était mine de rien parvenue à voir plus loin que son job pas forcément séduisant au premier abord pour une femme. « Et puis, regarde, y'a plein de mecs qui mentent et qui se la racontent au premier rendez-vous et qui deux mois après t'avouent qu'en fait, ils sont pas cadres en entreprise mais juste chargés de répondre au téléphone. Moi, je t'aurais pas menti, même si je suis pas fier de mon boulot. » Et on pouvait lui reconnaître ça, car même ici il s'était toujours présenté sous son vrai jour alors qu'il savait que son image lui collerait ensuite à la peau. Mais semble-t-il que finalement il n'était pas si doué que ça pour parler aux femmes, d'autant plus lorsqu'il se risqua à des propos plus équivoques, mais sans sérieux. « Je plaisantais, Bibi, t'inquiète pas. Si y'a un truc que t'as du comprendre à mon sujet, c'est que je suis très loin de l'image que je peux renvoyer et que les plans faciles, c'est pas mon truc. Rien qu'ici, j'aurais pu faire comme Dre et me rapprocher de plusieurs filles, mais je me suis jamais égaré. » Et c'était vrai, il avait toujours été droit dans ses bottes et honnête avec tout le monde, à partir du moment où il s'était rapproché d'Abbi les choses avaient été très claires avec toutes les autres filles du château. Et ici ils n'étaient pas beaucoup à pouvoir se vanter de n'avoir joué que sur un seul tableau du début à la fin. « En plus je serais trop gêné de coucher le premier soir, j'ai besoin de connaître un peu ma partenaire avant de faire quoi que ce soit. » Il reprit ensuite, plus embarrassé, en relevant les yeux vers les siens. Il n'était pas entrain de prétendre que les relations sans lendemain lui étaient complètement inconnues, il avait forcément eu des besoins pendant ses années de célibat, mais il n'avait jamais branché une inconnue pour la mettre immédiatement dans son lit. Finissant par se pencher sur la table pour lui voler un baiser, il proposa de trinquer à leur histoire. « Et c'est qu'un début. » Et à ses prochaines paroles, il souffla avec douceur. « Je t'aime, moi aussi. » A présent il ne craignait plus que sa déclaration tombe au mauvais moment, c'était comme s'il s'était réconcilié avec ces trois mots riches de sens l'autre jour, dans la bibliothèque. A la question de la blonde, il eut un petit rire charmé. « Oui, parce que déjà tu m'aurais plu au premier regard, comme le soir de notre arrivée ici. Et rien que pour ça, j'aurais pas laissé tomber même si je m'étais pris un vent. » Après tout il avait craqué pour elle presque instantanément, et même dans d'autres circonstances il aurait fallu qu'il soit fou pour ne pas insister. « Ensuite, j'aurais tout fait pour te faire changer d'avis sur moi et pour que tu vois que je suis un mec fiable et solide, pas le dragueur du coin qui pense qu'à une seule chose et disparaîtra juste après. » Puis, maintenant son regard dans le sien, il ajouta. « Et puis je suis têtu et déterminé, surtout quand je veux vraiment quelque chose. Et toi, je te voudrais passionnément si je t'avais pas déjà. » Et sa main glissa jusqu'à sa joue, avant qu'il ne lui sourit plus tendrement et porte finalement sa coupe à ses lèvres, comblé par la soirée qui s'annonçait.

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