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 taken away to the dark side (08.05 21h56)

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Felix
Felix
   
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Message (#) Sujet: taken away to the dark side (08.05 21h56) — Dim 8 Mai - 11:34

@ruby

C’est donc à l’intérieur de l’hôtel que se trouve la suite prestige. Il aurait dû s’en douter. Il n’est pas particulièrement presser de la découvrir. Ruby le semble plus. Lui il la suit comme le garçon docile qu’il sait parfois être. Mais la tranquillité qu’il cherche parfois lui sera toute offerte dans cette chambre, à condition que la jeune femme ne parle pas des heures sans s’arrêter, mais il ne s’en fait pas trop à ce propos. Il ne lui a pas demandé pourquoi elle l’avait choisi pour l’accompagner dans cette suite. Il n’a pas besoin de savoir, ça ne l’intéresse pas. Felix imagine que c’est parce qu’il se montre gentil à son égard, et que si elle recherche du calme il est la personne idéale. Peu curieux de nature à propos de ces choses-là, il ne dit rien, content de pouvoir profiter d’une nuit au calme loin du brouhaha ambiant du château. Il ne pensait pas pouvoir se réjouir de passer du temps dans un endroit trop luxueux, mais il sait qu’ici il n’a pas réellement l’occasion de passer un moment sans être dérangé. Les deux candidats arrivent enfin au dernier étage et sortent de l’ascenseur donnant sur cette fameuse suite. Il comprend pourquoi on l’appelle la suite prestige. Ce qui ne lui plaît pas pour autant. Ça pue l’argent. Tout ce qu’il déteste. Mais il gardera son petit discours pour lui, c’est la soirée de Ruby, elle qui semblait vouloir à tout prix mettre les pieds ici. Son regard fixé sur toutes ces dorures, il vient les reposer sur la jeune femme. Avant même de voir son visage, il l’imagine déjà bien différent de celui qu’il a eu l’occasion de voir la semaine passée dans la bibliothèque, les joues rouges d’excitation et le regard brillant. Finalement ses iris parviennent jusqu’à la rousse à qui il adresse un sourire. « Contente ? » Il a bien peur que maintenant qu’elle ait mis les pieds dans cette suite on ne puisse plus l’en déloger. Felix repère le canapé un peu plus loin et vient s’y poser quelques secondes. « T’es habituée à tout ça ? » C’est ce qu’il s’imagine. C’est la première fois qu’il voit un endroit comme celui-là. C’est bien différent de sa cellule de prison, mais ça ne lui plaît pas pour autant. Mais ils ne vivent pas dans le même monde, et Ruby doit être bien plus familière à autant de luxe que lui. « Oh tiens, j’ai quelque chose pour toi. » se rappelle-t-il une fois assis. Oh non il ne lui a pas apporté de cadeau pour la remercier ou quelque chose du genre, ce serait trop, et pas tellement le genre de Felix. A la place il sort un bout de papier de la poche arrière de son jean qu’il vient tendre à la jeune femme. Une simple feuille A4, un peu trop froissée d’avoir passé du temps dans sa poche. Une feuille sur laquelle il a peint. S’il donne sa peinture à Ruby, c’est parce que c’est précisément elle qu’il a peint. Pas son visage, pas un portrait, il ne fait pas dans le genre Felix. Cette peinture elle lui est venue à l’idée après avoir vu Ruby dans la bibliothèque. Parce qu’il trouvait que c’était une scène intrigante, touchante de tristesse, presque de désespoir, alors il a décidé de la retranscrire. C’est simplement la jeune femme, emmitouflée dans sa couverture, le visage empreint de chagrin, d’une tristesse reconnaissable. Il voulait représenter tout le chagrin que lui avait inspiré la scène. Sa peinture est presque terne, presque exclusivement en noir et blanc. Parce que c’est comme ça que lui était apparu le visage de la jeune femme, terne, sans expression. Non pas que ce soit comment il perçoive la jeune femme. Il a simplement peint ses cheveux d’un orange éclatant, qui détonne avec le reste de sa peinture. Parce que s’il avait tout peint en noir, cela voudrait dire qu’il n’y a plus aucun espoir, et il trouve que c’est une couleur qui colle plutôt bien à la personnalité de la jeune femme. Il ne sait pas tellement si cela lui plaira, mais la peinture la représente, alors pour lui il est normal de lui donner.
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Ruby
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Message (#) Sujet: Re: taken away to the dark side (08.05 21h56) — Lun 9 Mai - 1:57

Ruby est toute excitée à l'idée d'aller enfin jouir de SA suite. Oui, clairement, c'est la sienne, elle l'a gagnée aux enchères pour la modique somme de cinq mille livres du coup, elle lui appartient, elle est la propriétaire des lieux et éventuellement, elle peut la louer à l'oeil, gratis, à certains dans sa grande bonté d'âme. Mais dès qu'elle la veut rien que pour elle, du balai les gars. Du moins dans sa tête pleine de fantasmes, c'est ainsi que ça se passe. C'est même un peu mieux : elle et Felix ont une suite rien que pour eux, une autre suite, pas le baisodrome officiel déjà souillé par elle ne sait trop qui. Elle sait que ce n'est pas le cas mais ça ne l'empêche pas de se préparer consciencieusement pour son rencard, comme si c'était un vrai rendez-vous galant avec le flirt qui va bien et les papillons dans le ventre. Ruby aime bien, se faire jolie pour un homme, elle ne vit que pour le regard des autres et le sien, à côté, ne pèse pas bien lourd alors avoir un but, ne serait-ce qu'un tout petit minuscule but comme celui-ci, ça la branche vachement et elle est à fond. A côté, le prime, c'est juste que dalle tant elle donne bien plus ce soir qu'hier avec son pantalon tout pourri de deuil. Là, c'est le déluge dans son dressing façon explosion nucléaire et Ruby a passé en revue l'intégralité de ses fringues sans pour autant trouver quoi porter tant tout lui paraissait inapproprié. Elle a finalement jeté son dévolu sur une robe blanche, ajustée comme il se doit, décolletée ce qu'il faut mais bien plus sobre que ses tenues habituelles. Limite, elle pourrait aller saluer la vierge de l'église de Trona comme ça ou dîner avec ses futurs beaux-parents. C'est le bon compromis et Ruby est assez fière d'elle-même, tout comme elle est fière de sa petite Alanis, en passe de remplacer sa maquilleuse préférée. Elle lui demande de faire un truc discret, comme si elle ne portait rien, façon elle en mieux, du nude et de l'enluminé. Parfait. Ruby trouve son reflet vraiment canon : enjôleur, mais on pourrait presque croire qu'il a encore un hymen et franchement, rien que pour ce travail de composition, ça mérite une soirée merveilleuse. Elle y croit quand elle s'avance d'une démarche étudiée et chaloupée jusqu'à sa suite prestige, son amant d'un soir (oui, bon, laissez-la tranquille, les films de son cerveau ne regardent qu'elle) sur les talons. La porte s'ouvre sur une grande pièce ma foi très chargée, pas du tout à son goût, mais elle pue le confort et c'est tout ce que Ruby demande, un décor qui s'accorde avec sa jolie lingerie fine, ses produits de beauté hors de prix et son mec adorable. Ce n'est pas sa came tout ce clinquant qui donne le tournis, Ruby aime les designs épurés, les grands espaces lumineux et la modernité mais quand Felix lui demande si elle est contente, elle lui décoche un large sourire extatique avant de se laisser tomber sur le lit, sans autre forme de procès. Elle aimerait bien rester digne un peu plus longtemps mais retenir un soupir d'aise en sentant le matelas moelleux sur ses courbes est au-dessus de ses forces. C'est trop bon. Felix est plus réservé, il se pose sagement sur le canapé comme s'il craignait déranger là où Ruby est déjà sur le lit, ses cheveux de feu formant une auréole angélique autour de sa silhouette bienheureuse. « Oui... c'est parfait ! » Ruby sent bien les réticences de Felix mais elle décide d'ignorer ce léger cumulus au-dessus d'eux pour mieux le voir disparaître. Il passera une bonne soirée lui aussi, elle s'en fait la promesse après tout elle lui doit bien ça. Il y a vraiment un truc singulier qui se passe avec cette pièce parce qu'elle parvient même à réduire Ruby au silence, un miracle de la nature dont aucun candidat n'a pu encore se targuer. Toute à son observation, la rouquine laisse ses prunelles couler sur les détails du plafond, sur les murs, les jolis meubles et la silhouette de Felix, qui vient de lui demander si elle était habituée. Sans bouger d'un pouce, elle réplique de sa petite voix minaudante une connerie absolument irréfléchie. « Assez, mais c'est pas ma came la déco façon Versailles. La dernière fois que j'ai été dans une telle suite, c'était pour me foutre en l'air alors tu vois... » Elle dit ça comme elle aurait balancé une énième banalité ou un commentaire grivois un peu déplacé, tout simplement parce que ça n'a pas d'importance. Ruby recherchait seulement la théâtralité du moment et elle croit bien qu'elle la trouve facilement, dans une pièce comme ça, qui invite à toutes les fantaisies, qu'elles soient passionnées ou un peu glauques. Doucement, la belle se relève sur un coude, puis se rassoit sagement au bord du lit, un sourire planant délicatement sur ses lèvres, quand Felix prétend avoir quelque chose pour elle. Elle retient même un "Awww" de môme conquise et bat lentement des cils, dans l'expectative, alors que son esprit s'emballe. Elle imagine des centaines d'idées, des cadeaux surtout, des trucs qui coûtent de l'argent et rien d'autre et qu'on peut s'offrir à la pelle, dans son monde. Mais à Ruby, ça lui va d'être couverte de bijoux, on ne va pas se mentir. Pourtant, le cadeau en question la laisse à la fois beaucoup plus émue et carrément plus démunie. On réagit comment, face à un truc pareil ? Ruby est conquise mais aussi gênée. Elle n'aime pas, ce qu'il a peint. Pas la peinture en elle-même, très belle, très touchante, mais ce qu'il a capté parce que c'est un peu le problème, avec Felix. Ruby a l'impression qu'elle ne peut rien lui cacher, qu'elle ne peut pas lui mentir et lui vendre son petit rôle de midinette bien léché sans qu'il ne chercher (et trouve) la fragilité, la faille, mais le problème, c'est qu'elle ne peut pas lui dire la vérité non plus, pas maintenant, pas tout à fait. Ruby contemple longuement le dessin, suivant du bout des doigts la silhouette recroquevillée qui a l'air si malheureuse derrière son rideau de feu. Cette fille de papier et elle, en chair et en os ce soir, sont deux personnes différentes, c'est ce qu'elle préfère croire. Ruby met quelques secondes à s'extirper de sa contemplation pour revenir river des prunelles fuyantes sur Felix, qui, avec sa sensibilité à fleur de peau, a déjà l'air de tout comprendre, de tout saisir. « Je sais pas quoi dire. » avoue-t-elle piteusement en laissant échapper un éclat de rire un peu bidon pour faire retomber d'un cran la pression sociale qu'elle sent sur ses épaules. C'est la stricte vérité. Ruby, la fille qui est capable de babiller sur la taille du diamant qu'on lui offre, ne sait pas quoi répondre à une peinture donnée comme ça, sans raison. Mais c'est la faute de Felix, qui est toujours en train de la déstabiliser rien qu'en se montrant prévenant, un comportement loin d'être normal, chez elle. Et comme elle ne sait pas quoi dire, Ruby décide de l'étreindre dans un câlin à l'américaine. Dans la version fantasmée de cet épisode, où elle serait la sublime héroïne qu'elle imagine souvent, Ruby l'aurait embrassé sur la joue en faisant semblant de dévier légèrement, juste au coin des lèvres, et puis on ne sait pas trop ni comment, ni pourquoi, mais ses lèvres auraient eu un souci de trajectoire pour atterrir carrément sur sa queue dans un remerciement plus parlant. Mais là, elle est un peu godiche et ensuquée par sa surprise, alors elle se contente de le serrer dans ses bras une ou deux secondes de trop, ce qui lui donne l'air d'une désespérée au bord du suicide. Et pourtant, non, c'est juste que Ruby repense à la dernière fois, aux dernières fois, et réalise que Felix essaye toujours de l'entraîner sur une pente qu'elle ne veut pas se risquer à emprunter. Elle brise le contact et se contente d'un « Merci. » Carrément moins en contrôle, Ruby se relève pour reprendre une contenance et des allures de jolie (vaine) petite allumeuse qui gère bien son image, ses gestes suggestifs et le reste. Elle ouvre le frigo pour en sortir la bouteille de champagne et après un regard en direction de Felix, prend les choses en main pour servir deux coupes. « Tu viens ? » l'invite-t-elle d'un regard appuyé en lui tendant un verre. « Quand tout ça sera fini, je crois que ce sera toi, le moins surpris. J'ai l'impression que tu as déjà tout compris, c'est... » éprouvant et libérateur à la fois mais en vérité, c'est surtout : « déstabilisant. » raille Ruby dans un sourire résigné en sa direction.


Dernière édition par Ruby le Dim 19 Juin - 16:34, édité 1 fois
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Felix
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Message (#) Sujet: Re: taken away to the dark side (08.05 21h56) — Lun 9 Mai - 20:44

Il est content de pouvoir profiter de cette suite. Loin des autres, loin du bruit, de la foule. Mais il sait que le plus heureux des deux c’est Ruby. Ce n’est pas lui qui a déboursé autant d’argent pour y avoir accès. C’est trop clinquant. Il pourrait en faire des choses avec tout l’argent dépensé pour décorer une telle pièce. Ca il le garde pour lui, il se tait. Il est inutile de préciser ses pensées, il veut simplement que Ruby passe une bonne soirée. Elle qui s’est habillée et maquillée pour l’occasion. Il peut le voir, il n’est pas aveugle. Felix lui, ça le laisse indifférent. Pas qu’elle ne soit pas belle Ruby, parce qu’elle l’est mais elle devrait savoir que ce n’est pas un numéro qui marche sur lui. Oh, il sait sans doute qu’elle fait cela par habitude, qu’avoir accès à cette suite doit être un événement spécial pour elle. Mais il préfère la Ruby naturelle, vulnérable et qui n’essaie pas de jeter de la poudre aux yeux. La Ruby qui n’essaie pas de paraître. Celle qu’il a pu apercevoir brièvement dans la bibliothèque la semaine dernière. Il sait qu’elle ne sait pas faire autrement, qu’elle vit plus à travers le regard des autres que le sien, il l’a bien compris. Alors il ne dira rien, parce que ça a l’air de lui faire plaisir, et c’est bien ça le plus important. Un fin sourire vient étirer les lèvres de Felix, lorsque la jeune femme lui dit que c’est parfait. Bien. Il va s’asseoir sur le canapé, essayant d’oublier que cette pièce a été faite avec plus d’argent qu’il n’en a certainement jamais vu dans toute sa vie. Il se dit que ça ne doit pas choquer la rousse qui doit avoir l’habitude de séjourner dans de tels endroits. Le visage de Felix se fige quelques instants lorsqu’il entend la réponse de Ruby à sa prochaine question. Est-ce qu’il est surpris de l’entendre dire qu’elle a déjà tenté de mettre fin à ses jours ? Non. Mais elle le dit avec une telle désinvolture qu’il se pose des questions. C’est peut-être une simple blague, mais il ne le pense pas. Lors de sa première conversation avec Ruby, il avait déjà pensé qu’elle jouait sans doute un jeu trop dangereux. Qu’à force de trop vivre à travers les autres, elle finirait par s’oublier, et qu’elle était sans doute son plus grand danger. Il n’est pas surpris non, mais cela ne veut pas dire qu’entendre de tels mots sortir de la bouche de la jeune femme le laisse indifférent. Est-ce qu’il doit réagir, lui faire une leçon de moral ? Ce ne serait pas tellement le genre de Felix, et tellement peu inefficace qu’il n’est pas utile qu’il ouvre la bouche pour sortir de telles futilités. « C’était quand la dernière fois ? » finit-il par demander, essayant de juger l’état émotionnel dans lequel elle pouvait bien se trouver en participant à cette émission. Il essaie de revenir sur un sujet un peu plus léger, ne voulant pas forcer la jeune femme à parler, si elle n’en avait pas envie. De sa poche arrière il sort un bout de papier un peu trop froissé qu’il tend à la jeune femme. C’est une peinture. Une peinture la représentant. Felix il ne peint que lorsqu’il est inspiré. Il peint les autres, leurs émotions, leur âme. Jusqu’à présent c’était la seule scène qui l’avait inspiré. Le show Ruby semble s’être arrêté pendant quelques minutes. Il a un peu l’impression d’avoir la vraie Ruby en face de lui à ce moment-là. Elle est silencieuse, et paraît presque démunie. Il ne sait pas ce qu’elle en pense. Elle peut détester, déchirer le bout de papier, le mettre à la poubelle, il ne s’en offusquera pas, il ne s’attend pas à ce que son art plaise à tout le monde. Surtout lorsqu’il donne à Ruby une peinture ne la représentant pas sous son meilleur angle, même si lui a tendance à penser le contraire. Elle ne sait pas quoi dire. Il imagine que c’est bon signe. Elle se contente de le serrer dans ses bras quelques secondes. Felix il n’aime pas spécialement les contacts physiques, mais cette fois-ci ça ne le dérange pas, il la laisse faire, passant ses bras autour d’elle en réponse à son étreinte. C’est plus parlant que des mots dans un sens, il n’a pas l’impression que Ruby se cache derrière une façade et ça lui plaît d’avantage. Un fin sourire vient étirer ses lèvres. Un simple merci lui suffit aussi. Et encore, il n’est pas difficile. Il aurait aussi accepté le silence. Quelques secondes plus tard la rousse semble essayer de reprendre contenance, et ses mécanismes habituels reprennent le dessus. Felix ça le fait sourire, parce qu’il s’en rend compte. Il se rend compte que de la jeune femme qui semblait avoir perdu ses mots en voyant un dessin d’elle, on est passé à l’actrice qui semble vouloir donner le change. A sa question il se lève, se dirige vers elle et se saisit de la coupe de champagne qu’elle lui tend. Du champagne évidemment, s’accompagnant parfaitement avec la suite dans laquelle il se trouve. Elle lui dit qu’à la fin il sera sans doute le moins surpris. Il imagine qu’elle veut parler de son secret, de quoi d’autre sinon ? Lui il a l’impression que quelques détails lui échappent à propos de la jeune femme, sans parler de son secret. Mais peut-être que certains ne font pas l’effort de voir au-delà de la façade qu’elle veut bien présenter au reste du monde. « Tu penses que les autres vont être surpris ? » Felix n’est pas facilement surpris, parce qu’il voit toujours le bon côté des choses, mais il se demande comment la jeune femme perçoit les choses. « Je suis désolé si c’est le cas. » Déstabilisant. Ce n’est clairement pas un objectif qu’il emploierait pour se décrire. « Mais j’ai appris à voir au-delà des apparences. Si ça n’était pas le cas, je serais probablement en train d’essayer de te vendre de la drogue. » Ses lèvres s’étirent en un sourire un peu plus large. S’il n’avait jamais eu cette envie de voir au-delà de ce qui existait déjà, de ce qu’il se pensait être, il ne serait jamais la personne qu’il était aujourd’hui. « C’est quoi qui te donne de l’espoir Ruby ? » finit-il par ajouter. De l’espoir elle doit bien en avoir quelque part, pour quelqu’un, pour quelque chose, un détail insignifiant de sa vie. Sinon ses tentatives de suicide n’auraient pas été vaines. Il veut savoir, mais elle lui répondre peut-être « rien ». Bien sûr il ne l’espère pas.
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Ruby
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Message (#) Sujet: Re: taken away to the dark side (08.05 21h56) — Mar 10 Mai - 22:08

Ruby est tranquillement allongée sur le lit dans sa robe blanche assortie aux draps, elle apprécie le matelas qui épouse divinement ses courbes et pourrait presque ronronner comme un chaton au bord de l'extase mais il y a la question de Felix qui l'en empêche et loin de se laisser tout à fait abattre, elle décide de l'occulter dans un petit saut de biche gracieux.. et pas du tout subtil. « Pourquoi, ma dernière fois t'intéresse ? C'est un peu indécent comme question... » se moque-t-elle sans chercher à créer un contact visuel qui lui donnerait l'effet d'être un lapin pris dans les phares d'une voiture, un truc comme ça. Mais Ruby ne sait pas trop pourquoi, sa façon habituelle de se dérober, de jouer à la midinette et de mériter l'oscar de l'interprétation du rôle de sa vie ne fonctionne jamais, avec Felix et même sans réclamer, elle finit toujours par lâcher du lest, par répondre à ses interrogations qui ne tarissent pas alors que lui-même reste assez secret. Elle ne pose sans doute pas les bonnes questions, comme d'habitude. « Officiellement, ça remonte à quelques années. Officieusement... » Ruby glisse sur le ventre, retire à la va vite ses escarpins qui tombent mollement sur le sol et s'accoude à la recherche des caméras, faisant enfin face au regard doux et attentif de Felix. « Tu crois qu'on est filmés ici ? » souffle-t-elle dans un sourire en coin suggestif par nature, bien que la question l'intrigue pour une raison au-dessus de la ceinture. Ruby n'est pas stupide, on ne diffuse pas du cul dans une tranche horaire grand public, mais des propos qu'elle n'est pas censés dire, par contre... Rien ne les en empêcherait. Elle continue naïvement son observation et finit par se dire qu'elles sont bien cachées. C'est sans doute le but, de jouer aux voyeurs en faisant semblant que non, et offrir un peu de (fausse) intimité aux candidats est la meilleure façon d'initier des rapprochements alors... c'est malin. Tant pis, Ruby décide de s'en affranchir pour reporter toute son attention sur son rencard. « C'est récent. » Sa dernière fois est plus récente que sa véritable dernière fois (l'agréable), c'est dire. Mais Ruby affiche un sourire tranquille, une espèce d'esquisse neutre qu'elle ne peint jamais sur son visage taillé pour les expressions les plus exacerbées. C'est un petit rictus tout mignon qui affirme de ne pas s'inquiéter, que ce n'est pas grave, que rien n'est grave au fond. « Et c'est fait. Ça ne sert à rien de revenir dessus. » tranche Ruby avec l'once d'autorité qu'elle imagine avoir malgré sa voix suave et ses mimiques innocentes fétiches. Elle croit même que ça marche, quand ses mots claquent dans l'air et que son minois se ferme un peu, preuve qu'il n'ajoutera rien même sous la torture. Même sous les grands yeux clairs de Felix qui a toujours l'air de vouloir fouiller ses entrailles à la recherche d'un truc dont Ruby n'est même pas certaine de l'existence. « Ca t'a jamais traversé l'esprit, dans ta vie d'avant ? » Avant. Cet avant qui n'intéresse absolument pas Ruby parce qu'elle porte souvent des oeillères. Ce n'est pas tout à fait sa faute, c'est juste qu'elle est une très mauvaise juge de la nature humaine donc lorsqu'elle décide que quelqu'un est foncièrement gentil, tout doux et inoffensif, ou qu'il est son nouveau préféré (parce qu'il est gentil) et bien elle n'a pas envie que la réalité vienne ternir son film mental beaucoup plus esthétique. Le Felix de la prison, elle préfère l'occulter pour celui qui lui fait face, comme une enfant qui fermerait les yeux devant un film d'horreur, mais les rouvrirait quand même parfois l'air de rien, fascinée par la violence. Parce que Ruby ne veut pas en entendre parler, mais danse autour avec une question qui s'y rapporte, ce qui n'a aucune logique. Comme elle, quoi. Finalement, elle se redresse instantanément dans une posture beaucoup plus appropriée lorsque Felix évoque un cadeau, les yeux déjà brillants parce que dans son monde idéal, il y aurait des autels dédiés juste à la réception des présents à son attention. Ruby s'emballe vite, ce n'est pas sa faute, et pourtant, elle n'est pas du tout préparée à ce qu'elle reçoit et qui a vite fait de mettre à mal son petit rôle de it-girl exigeante. Elle essaye, de minauder, de porter la peinture à sa poitrine comme si c'était tout bonnement ravissant, merveilleux et tout ça mais son sourire sonne faux et Ruby arrête bien vite pour prononcer un petit merci ridicule et étreindre Felix en caressant sa nuque, tant pour le remercier que pour se soustraire à son regard juste deux minutes, le temps de se recomposer un visage qui va bien. Ses traits habituels qui sentent bon la superficialité et le soleil californien. Ruby y arrive plutôt bien et lorsqu'elle rompt son hug de ricaine un peu vaine, elle parvient même à poser une question tout à fait anodine. « Tu me montrerais d'autres peintures que tu as faites ici ? » réclame-t-elle de sa petite voix fluette toute innocente et attendrissante, les yeux plongés sur ce portrait joli, mais qui ne lui plaît qu'à moitié. Ruby a l'impression d'être de ces pauvres animaux à moitié écrasés sur la route, pas tout à fait morts mais condamnés, que certains s'acharnent à ramasser et à sauver même si c'est bête parce qu'ils s'y attachent et immanquablement, ils finissent par mourir parce que c'était trop tard pour eux, dès le début. C'est le genre de douleur inutile et elle a l'impression que c'est l'effet qu'elle lui fait, à Felix. Une espèce de cause perdue d'avance, tout ça parce qu'il a le don de se matérialiser quand elle est la plus vulnérable et qu'elle n'a pas toujours la force de lui mentir aussi brillamment qu'aux autres. Ruby essaye pourtant, mais il dégage ce truc apaisant, rassurant, que t'as pas nécessairement envie de décevoir même si tu sais que ça finira par arriver. Et puis Ruby s'est toujours rêvée muse. Elle aurait aimé que ça soit parce qu'elle est jolie, bonne actrice, super-drôle ou hyper-bonne au pieu au lieu d'attirer un artiste maudit parce qu'elle pleure et a parfois mal au crâne mais bon... Ruby se lève pour diluer cette atmosphère un peu trop casse-gueule à son goût et se raccroche à toutes ces choses connues : une suite luxueuse, une bouteille de champagne bien euphorisante, un room-service sans doute canon... Mais pour autant, elle a du mal à détacher le regard du portrait d'elle qu'elle a déposé sur le frigo, assez pour parler secrets, ce qui n'est pas non plus l'idée du siècle. Mais elle parle trop, Ruby. Elle parle trop sans réfléchir, même si sa spontanéité est souvent affectée et puis, elle a besoin de dire certaines choses parfois, de faire comprendre que ce n'est pas que du vent, qu'elle n'est pas que du vent même si c'est en partie vrai. Et Felix pose toujours les bonnes questions, c'est à se demander comment il fait pour trouver toujours les bonnes clefs et déverrouiller une à une les serrures qui composent et préservent le personnage. « Ici, sans doute oui. Dehors, je pense que beaucoup seront tristes et que mes proches seront très en colère, ce sera légitime. » Elle ne peut pas être plus claire et c'est ce que glisse l'air de rien le regard pesant qu'elle lui offre. Ruby est au maximum de ses capacités mais heureusement, Felix déride le tout et elle se marre d'un éclat de rire sans joie qui naît pour mourir aussitôt, comme une ponctuation un peu hasardeuse au milieu d'une phrase, mais duquel subsiste un fin sourire. « C'est sur ton CV de délinquant ? » s'amuse Ruby, même si ça n'a rien de drôle mais vendre de la drogue, sur une échelle du crime, ce n'est pas si grave. « Je serais quelle drogue selon toi ? » suggère-t-elle en sifflant rapidement son verre sans le quitter de ses grandes billes émeraudes. Mais bien sûr, si Ruby demande des conneries, Felix, lui, fait dans les grandes questions philosophiques et elle, elle craint que la réponse ne lui plaise pas. Elle n'a pas d'espoir, elle croit qu'elle n'en a jamais eu. Il y a des gens comme ça qui naissent avec de grandes destinées et l'espérance nécessaire pour les porter et les autres qui s'en gardent bien, par pragmatisme, par pessimisme. Juste parce qu'on les a trop souvent qualifiés d'espoir, finalement, espoir du cinéma, de ci, de ça, pour que ça ne soit que des conneries. Elle se ressert un verre, calmement, et vient se rasseoir élégamment sur le lit, plissant des froissures inexistantes sur sa jolie robe blanche façon gosse obéissante. Il y a bien des choses qui lui redonnent le moral, mais elles sont toutes futiles : faire la fête, faire les boutiques, baiser, un passage à la télé ou sur un tapis rouge, passer du temps avec sa soeur... Mais c'est juste pour s'étouffer l'esprit, en fait. C'est un placebo qui ne dure pas longtemps parce que si Ruby s'accorde à la voix de Cammie qui a toujours dit que le cinéma l'avait détruite, c'est plus compliqué. Elle pense qu'elle est née comme ça, avec le gêne du psychodrame et de l'excès et qu'Hollywood l'a seulement aidé à germer, à se développer jusqu'à prendre toute la place et faire mourir le reste.  « Je crois pas trop en l'espoir, je suis désolée. Moi je préfère me figurer la vie plus comme une tragédie que comme une drame, tu vois. Enfin la mienne du moins. Dans un drame, il y a encore de l'espoir, tout est possible et si l'issue est merdique c'est probablement ta faute. Dans une tragédie, il n'y a pas d'espoir, c'est la fatalité qui décide de tout, tu n'y es pour rien, tu subis. J'aime bien l'idée de ne pas avoir eu le choix, de me dire que même en faisant des efforts, l'issue aurait été la même parce qu'elle était inéluctable. C'est facile la tragédie, c'est plus confortable. Et on en fait de jolies histoires. » Et Ruby, elle aime bien la facilité et la paresse. Sa jolie voix rauque s'éteint mais il ne faut pas croire qu'elle prononce des trucs intelligents. Ruby a été Antigone au théâtre, quand elle était jeune, à quinze ans. Une Antigone hystérique et emportée, qui éructait et vociférait aussi bien que l'originelle et elle la trouvait ridicule, incohérente, trop têtue pour son propre bien. Elle ne comprenait pas l'utilité de mourir alors qu'on pouvait vivre mais avec l'âge, là où toutes les Antigone deviennent des Créon, elle a fait le chemin inverse. Ruby finit son deuxième verre, qu'elle fait tourner entre ses doigts fins avant de reposer des yeux curieux en direction de Felix, qu'elle dévisage sans ciller. « Toi, tu peux redonner espoir, parce que t'as réussi à changer, à t'en sortir et tu dégages un truc bienveillant... » Et elle lui a déjà dit. Felix c'est de l'homéopathie, chez beaucoup ça marche mais pour elle, ça un goût agréable mais ça reste un placebo. Ruby sait ce qu'il pense, qu'il y a toujours de l'espoir tant qu'il y a de la vie mais c'est ça son problème : elle se sent morte à l'intérieur. Tu parles d'une première soirée dans une suite prestige, il y a des tas de trucs canons, des activités vachement plus sympathiques mais eux, s'ils continuent comme ça, ils vont finir par s'y pendre comme clou du spectacle. Ruby, ça ne la dérange pas, elle a mis une belle robe, elle se trouve jolie alors si on la figeait à jamais comme ça, ça irait. « Finalement même si on est filmés, je crois qu'on est tranquille... à mon avis, les pauvres techniciens ont décroché tellement on est chiants à en crever. » souligne Ruby, un sourire narquois flottant sur ses pulpeuses. Non, sérieusement, elle déteste être chiante comme ça, à faire de la masturbation intellectuelle pour que dalle et à s'imaginer plus intelligente qu'elle ne l'est vraiment. Les conversations à coeur ouvert et toutes ces conneries, ce n'est pas pour elle.


Dernière édition par Ruby le Dim 19 Juin - 16:47, édité 1 fois
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Felix
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Message (#) Sujet: Re: taken away to the dark side (08.05 21h56) — Mer 11 Mai - 2:48

Quelque part dans un coin de sa tête, l’idée que Ruby ait déjà essayée de mettre fin à ses jours avait déjà germée. Ce n’est pas bien difficile à imaginer, à vrai dire. Pour autant cela n’avait été qu’une idée furtive. Quelque chose qu’il ne se serait jamais permis de lui demander, tant cette information est personnelle et ne le regarde absolument pas. Mais entendre ses mots sortir de sa bouche ça lui fait un drôle d’effet. C’est une information à prendre avec des pincettes, mais elle le dit avec tellement de légèreté que ça en est déconcertant. Ses prunelles se rivent sur la jeune femme quelques secondes avant qu’il ne lui demande quand était la dernière fois qu’elle avait tenté une telle chose. C’est indécent. Il hausse les épaules, rien ne l’oblige à répondre. « Pour savoir si je dois m’inquiéter. » Felix il s’inquiète pour les autres, beaucoup plus que pour lui-même. Il s’inquiète de savoir si l’homme sans-abri qu’il a simplement croisé au détour d’une rue survivra le lendemain, il s’inquiète pour l’enfant qui vient de s’écorcher le genou et qu’il ne reverra plus jamais. C’est comme ça, ça l’intéresse, et cela va au-delà de la simple curiosité. Il veut simplement s’assurer du bien-être des autres. Quelques années, officiellement, lui répond Ruby. Il la scrute de ses yeux verts, se demandant s’il connaitra la suite ou si elle restera enfermée dans les pensées de la rousse. Felix se contente d’hausser légèrement les épaules lorsqu’elle lui demande s’ils sont filmés. Il n’en sait rien, mais il se doute qu’ils n’auraient pas mis à disposition une telle suite, si ce n’était pas pour les filmer. Après tout, il est sans doute un peu trop naïf mais il peut imaginer pourquoi la production a décidé de donner de l’intimité aux candidats avec cette chambre. Mais il s’en moque un peu des caméras, même si cela doit avoir une certaine importance pour Ruby pour qu’elle pose la question. C’est récent. D’accord. Il stocke cette information dans un coin de sa tête. Il se tait. Il se tait, parce qu’il sait que tout ce qui sortira de sa bouche sonnera comme de la pitié. Elle n’en a pas besoin de sa pitié Ruby. Parce que ce n’est pas tellement ce qu’il ressent à ce moment-là. Un peu de tristesse sans doute, et de la compassion. Elle lui fait comprendre d’elle-même qu’elle n’a pas envie de revenir sur le sujet. Mais ça il l’avait compris de lui-même. Il a compris que c’est un sujet sensible, sans doute trop. Un sujet qu’il ne maitrise pas, tant parce qu’il ne connait pas tout de la jeune femme que parce qu’il n’y a jamais été confronté. Felix essaie d’afficher un regard neutre, apaisant comme il sait si bien le faire d’ordinaire. Sa question le laisse perplexe. Est-ce qu’il a déjà pensé au suicide dans sa vie d’avant ? La formulation n’est pas incorrecte mais elle le laisse pensif, et lui tire un léger sourire dénué d’émotion. Sa vie d’avant, cela sonne presque comme un sujet tabou. Une appellation pour ses années de délinquance et de rébellion. Mais elle a raison, et il le lui a déjà dit, cette vie-là, c’est celle d’avant, une qui ne lui appartenait pas, une qu’on lui avait créée de toutes pièces. « Non parce que j’étais persuadé que je mourrais jeune dans tous les cas. » La mort il ne la craignait pas, il voulait la défier, se jouer d’elle. Il était trop en colère, et il était programmé pour casser, frapper par pour penser. Il pensait peu, se contentant de suivre un chemin qui semblait être tout tracé. Si ce n’était pas la chaise électrique qui l’attendait, il pensait qu’on finirait par le battre jusqu’à ce mort s’en suive. En prison ça ne lui avait jamais traversé l’esprit. Parce qu’il avait retrouvé un semblant d’espoir, une lueur à laquelle s’accrocher. « Et je n’avais pas envie de donner ce plaisir-là à qui que ce soit. » Ça aurait été trop facile, comme un abandon. Et il n’avait pas envie d’être un lâche. A l’époque il voyait cela comme un signe de faiblesse. Et s’il avait pris une telle décision, il aurait sans doute été un fardeau en moins à porter. Quelque chose de trop embarrassant dont personne n’aurait plus à s’occuper. Mais il y avait déjà songé brièvement, plus en se demandant s’il serait un jour capable de le faire que par réelle envie de mettre fin à ses jours. Quant à sa peinture, il ne sait pas ce que Ruby en pense. Elle reste silencieuse, se contentant d’articuler un simple « merci ». Felix se doute que ce n’est pas le genre de cadeau qu’elle a l’habitude de recevoir, bien moins brillant que tous les bijoux qu’elle rêverait certainement d’avoir. Mais il sait. Il sait qu’elle aurait sans doute été plus heureuse avec un portrait d’elle la représentant sous son meilleur jour, comme l’on pourrait peindre une déesse grecque. Mais Felix, il ne fait pas dans le genre, et il préfère peindre un instant, une émotion plutôt qu’une beauté figée. « C’est la seule que j’ai faite pour le moment. » La seule peinture qu’il a faite, et elle la tient entre ses mains. Les conditions sont peu propices pour que l’Américain exerce son art. Pourtant il aimerait pouvoir lui montrer d’autres peintures, lui montrer qu’il n’est pas inspiré que par la tristesse des autres, par le chagrin mais ici rien ne se passe. Rien de marquant. La même routine encore et encore. Les mêmes conversations, les mêmes regards vides. « Mais je pourrai t’en montrer d’autres, si jamais l’inspiration me vient. » Bien souvent il ne décide pas à l’avance quand il va peindre. C’est sur le moment, il ne peut pas contrôler ses choses-là. Felix quitte alors le canapé, s’avance vers Ruby, une coupe de champagne à la main, comme si elle se fondait parfaitement dans le paysage de cette suite. S’il peut toujours déceler des restes de la Ruby actrice, celle qui essaie de paraître en toutes circonstances, il est content de voir qu’elle arrive à parfois devenir plus sérieuse, faire tomber sa garde de temps en temps. « Tu penses qu’ils vont arriver à te pardonner ? » Il sait qu’il ne peut pas lui poser d’autres questions. Il le voudrait, mais elle ne pourrait sans doute pas y répondre. Alors il se tait, comme il sait si bien le faire, se contentant d’ouvrir la bouche pour essayer de détendre un peu l’atmosphère. Quelque part, il a l’impression que c’est de sa faute. De sa faute, s’ils en sont arrivés à parler de suicide, de sujet un peu trop lourds et personnels. Et il sait bien que ce n’est pas ce que Ruby avait en tête lorsqu’elle s’était imaginée pouvoir enfin prendre possession de sa suite. « Entre autres, oui. » Felix n’avait pas fait que vendre de la drogue, autrement il aurait sans doute passé moins de temps en prison. Lui il n’était qu’un simple pion. Il voulait simplement défier l’autorité. « La cocaïne. » répond-il sans trop réfléchir lorsqu’elle lui demande quelle drogue elle serait. « Tu penses que tout est génial dans un premier temps, et puis tu te rends compte que tout va mal. » Il imagine qu’il ne lui apprend rien. Mais s’il devait choisir une drogue pour décrire Ruby, c’est celle-ci qu’il choisirait sans aucun doute. Ruby elle peut donner l’impression d’être en contrôle, d’être joyeuse mais si on regarde de plus près on s’aperçoit que ce n’est qu’une façade. Et la descente est brutale, parce que le contraste bien trop saisissant. Il espère qu’elle a de l’espoir Ruby. Qu’elle croit en quelque chose, quelqu’un, suffisamment pour ne pas avoir envie de tout abandonner. Sa réponse il la comprend, plus qu’il ne peut le dire, parce qu’il a l’impression d’avoir été dans la même situation plus d’une dizaine d’années auparavant. Mais il ne possède pas toutes les cartes en main, il y a quelque chose qu’il ne sait pas sur la vie de Ruby et qu’elle ne pourra pas lui dire dans l’immédiat. « C’est trop facile Ruby d’abandonner ta vie aux mains du hasard. De te dire que tu ne décides de rien. Mais c’est pas vrai, c’est juste ce que tu te dis, parce que t’as sûrement pas la force de te battre. » Il reste calme toujours. Ce n’est pas dit sur le ton du reproche, parce que ce n’en est pas un. C’est ce que lui pense, vrai ou non. Il a simplement l’impression qu’elle a déjà abandonné, qu’elle a laissé le destin décider de son sort, et que trop faible, elle ne fera rien pour en échapper. Lui aussi pensait qu’il n’avait pas le choix à un moment. On lui avait bien fait comprendre qu’il était comme ça, né comme ça, et que quoi qu’il arrive il ne pourrait jamais rien y changer. C’est ce qu’on lui avait répété pendant des années, il avait même fini par y croire.  Si lui avait pu s’en sortir, alors que l’affaire était bien mal partie, il pensait qu’elle pouvait le faire aussi. Mais lui semblait pouvoir donner de l’espoir, contrairement à elle, c’était précisément ce qu’elle venait de lui dire. « Je sais que ça ne marche pas avec toi. » Son côté bienveillant, apaisant qui marche parfois sur les autres, parce qu’ils ont envie de croire à l’espoir auquel Felix croit tant. « Mais ça ne me coûte rien d’essayer. » Il aurait aimé penser qu’à force elle finirait par le croire, par l’écouter un peu plus. Il pourrait aussi lui raconter son histoire, son histoire dans son intégralité mais il ne le pouvait pas. Pas encore. Mais ce n’est sûrement pas la soirée pour ce genre de discussion, il s’en rend compte maintenant lorsque les paroles de la rousse parviennent à ses oreilles. « Je suis désolé, c’est de ma faute avec mes questions. » Ses questions sur le suicide, sur l’espoir. Mais lorsque Felix a une idée en tête difficile de la déloger, et surtout il a envie d’aider Ruby, alors il lui parait bien difficile de rester-là sans rien dire, de la regarder faire son show quand il sait que tout n’est qu’illusion. « Choisis le sujet de discussion, ou ce que tu veux faire. » Un sujet plus frivole, ou qu’importe ce qu’elle voulait faire. Il lui laisse le choix, il se contenterait de suivre, après tout c’est sa soirée à Ruby. Il imagine qu’elle a envie de s’amuser, de profiter du calme et du luxe de la chambre plutôt que de parler de ses états d’âme avec Felix.
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Message (#) Sujet: Re: taken away to the dark side (08.05 21h56) — Jeu 12 Mai - 4:04

S'inquiéter. Il est joli ce mot et ça la fait sourire, Ruby, alors que ses billes immenses fixées sur Felix pourraient le dévorer. Elle n'a pas vraiment l'habitude de ce sentiment, dans son monde on ne s'inquiète pas, on s'éloigne : c'est plus facile. Les amis qui vont mal sont relégués un peu plus loin, parce qu'ils sont pestiférés pour un monde qui ne se construit que sur des apparences qui se veulent idéales. Une nana larguée est déjà écartée ni vu ni connu parce qu'elle n'est pas drôle et fait déprimer l'assemblée alors une fille qui s'ouvre les veines ? On coupe toute relation bilatérale, direct. On envoie un gentil message qui sent bon l'hypocrisie et les faux bons sentiments d'un milieu superficiel et on attend qu'elle revienne sur le devant de la scène pour entrer à nouveau dans sa danse. Même son mec de l'époque ne s'est pas vraiment inquiété, mais il était si... long à la détente que Ruby ne peut pas l'en blâmer : il fallait déjà qu'il percute que la terre tournait autour du soleil, un sujet qui l'avait vaguement transcendé. Ses parents, eux, s'inquiètent. Ils s'inquiètent de voir l'afflux de fric tarir et leur rêve de grandeur s'effondrer en même temps qu'elle. La première fois, ils ont sorti l'artillerie lourde, la clinique, la confiscation de ses comptes et tout ça et puis la deuxième, ils ne se sont pas vraiment fait du souci, ils ont pigé que Ruby était cassée, brisée au-delà du réparable et qu'il fallait composer avec. Ils ont joué au Dr. Frankenstein, rafistolé à la va-vite des plaies encore béantes, cousu deux trois trucs ensemble en espérant que ça tienne le temps qu'il faudra dans cette émission, pour relancer la machine et rouvrir la pompe à billets. « Si je peux te promettre un truc, un seul, c'est que tu n'as pas besoin de t'inquiéter pour moi. » affirme Ruby en le fixant d'un regard un peu plus grave, un peu moins elle. Elle esquisse un sourire qui se veut rassurant, qui va bien, mais il flanche un peu parce que la vérité c'est que : « C'est gentil et je suis touchée, mais ce serait surtout du temps perdu. » Parce qu'il est trop tard, pour l'inquiétude. Ruby, c'est un vase qu'on a explosé au sol un nombre incalculable de fois. A chaque fois, on a regretté et on a recollé les morceaux mais avec de moins en moins d'entrain, d'application, et finalement le vase termine à la poubelle parce qu'il a perdu tout intérêt esthétique et on le remplace par un autre. C'est ça qu'elle aimerait dire à Felix, mais c'est trop négatif donc elle le tait et se contente de lui retourner la question. Elle ne croit pas que ça soit son genre, le suicide, mais elle ne se targue pas de le connaître, c'est juste son intuition souvent foireuse qui s'exprime pour elle. Mais là où Ruby a l'air instable, inconséquente, Felix ressemble à un roc, un homme bienveillant, une éponge émotionnelle toujours d'humeur égale qui est là à chaque fois que tu vacilles pour te rattraper, le genre personnage de fiction, en fait. Mais pas suicidaire. « Non, toi tu mourras vieux. Assez pour avoir la peau brunie par le soleil et plein de rides d'expression au coin des yeux, vivre dans un coin reculé mais sympa et être toujours entouré d'une famille nombreuse et envahissante. » Ouais. Elle, elle est faite pour s'éteindre jeune, c'est ainsi, mais Felix, il est fait pour devenir grand-père, le genre qui aurait exactement le même regard doux et profond et toujours des petits-enfants sur les genoux, profondément gentil et plutôt serein dans sa grande baraque du Montana ou de l'Arizona. C'est très clair dans l'un de ses films mentaux irréalistes et Ruby n'a aucun mal à l'imaginer plus âgé, Felix, d'une vieillesse gracieuse et assumée. Alors qu'elle, non, il n'y a rien qui vient et Ruby réalise qu'elle ne s'est absolument jamais rêvée vieille, ou même projetée dix ans plus tard : elle en est tout bonnement incapable, parce qu'elle sait qu'il n'y aura rien. Sa peinture entre les mains, elle écoute Felix lui confier qu'il n'a rien peint d'autre que ça, elle et sa chevelure flamboyante au milieu d'un univers terne, noir et blanc. Elle devrait être flattée, c'est un peu un rêve de vie de devenir la muse d'un artiste, d'inspirer des trucs, peu importe ce que c'est tant qu'elle est la seule, l'unique, à produire un tel effet. Mais il y a des moments un peu plus vrais où ça n'a plus grande importance et même si elle est touchée, elle reste dans la retenue, plus calme qu'à son arrivée parce que c'est l'effet que lui, lui fait : à ses côtés, son personnage a du mal à exister, à respirer, à trouver sa place bruyante et colorée. En échange, dans un merci silencieux, Ruby lui livre certaines pièces d'une histoire qu'il a entrevue sans la comprendre puisqu'elle était incapable de la prononcer et qu'il a eu la décence de ne pas réclamer, livrant des bribes de la sienne à la place. Et puis c'est plus facile de parler ici, loin du château, loin de son ambiance électrique et bruyante, les yeux plongés sur la peinture au lieu de sur Felix pour battre des cils. « Ce jour-là, ça faisait deux mois. Je n'avais rien dormi de la nuit, j'étais triste, en colère et je ne comprenais pas trop ce que je fichais ici au lieu d'être ailleurs. » Où ? Bonne question mais pas ici, en tout cas, à verrouiller sans cesse des émotions qui mériteraient de poindre et à prétendre en permanence. Que ça va, qu'elle est drôle, qu'elle rêve de cinéma et de gloire et toutes ces conneries surfaites. « J'ai perdu ma soeur. » ajoute Ruby d'une voix étonnamment claire, limpide, plus calme qu'elle ne l'aurait pensée. Oui parce que jusque là, elle a bien conscience d'être brouillon, mais tout est si sévèrement muselé, caché derrière un rôle excessif et exagéré, que s'arracher le coeur pour le poser entre des doigts inconnus n'est pas si facile. « On était très différentes, on se comprenait rarement et on s'entendait parfois difficilement, mais on était très proches. » Personne n'arrivait à le comprendre, parce que Ruby prenait toute la place. Mais elle avait beau être égocentrique, un peu égoïste et complètement névrosée, elle aimait Cammie plus que n'importe quel fiancé, plus que n'importe quoi. Elle le montrait mal, c'est tout, et maintenant il était trop tard pour lui dire au revoir. Ruby relève ses opales un peu nostalgiques de la peinture et les repose délicatement sur Felix avec un air neutre, distant, qui lui correspond assez mal. Elle est là et pourtant elle est un peu ailleurs, dans des souvenirs qui ne sont pas nécessairement tristes. Ils le sont, oui, mais seulement parce que l'un des rôles principaux s'est fait la malle trop loin pour qu'elle puisse la retrouver. « Il te manque quoi, pour trouver l'inspiration ici ? » C'est quoi sa came, à part les filles en larmes ? C'est mignon, comme moteur, mais elle est certaine qu'il peut trouver mieux ici. Elle hoche simplement la tête pour acter leur deal tacite et puis préfère reporter toute son attention sur sa coupe de champagne plutôt que sur ce que ses lèvres sont en train de dévoiler presque d'elles-mêmes. Felix inspire confiance et la proximité physique ne fait que renforcer ce sentiment, alors elle parle et ça coule tout seul finalement parce que Ruby en a marre. Le poids est trop lourd, c'est un peu un fardeau alors elle essaye de le diviser à chaque confidence voilée qu'elle distille. Elle choisit souvent ses interlocuteurs en fonction de critères qui lui sont propres, sauf lorsqu'elle ne calcule pas. Mais c'est rare, Ruby qui est plutôt du genre spontanée n'a jamais autant calculé que dans ce jeu même si ce n'est pas pour manipuler. La question de Felix lui arrache un léger rire éraillé et presque ingénu. Lui pardonner... c'est saugrenu comme idée. « Je n'ai rien fait de mal. » répond Ruby en cherchant le regard de Felix, qu'elle sonde longuement. « Je n'ai rien fait, c'est le problème, mais je n'étais pas vraiment en état de me révolter. » Elle a subi la fatalité d'un destin contrarié et elle pense que son rare entourage, celui qui est resté, celui qui n'est pas que de la poudre aux yeux et un carnet d'adresses grassement rempli, comprendra. Si ce n'est pas le cas, ce n'est pas grave. « La plupart comprendront, je pense. Et ceux qui m'en voudront vraiment avec des raisons de le faire... c'est parce que ce serait à eux de se faire pardonner. Mais moi, je ne pardonne pas. J'aimerais bien, mais dans ce cas précis je ne peux pas. » Son timbre qui ronronne se fait beaucoup plus dur, parce que ce constat, c'est la vérité. Elle n'est pas ici pour rechercher l'absolution d'un péché originel et encore moins pour l'offrir à ceux qui sont concernés, dehors. Si elle est là, malgré ce qu'elle dit, ce qu'elle montre, c'est surtout pour les dénoncer. Mais elle s'éloigne, Ruby, elle se dérobe à Felix et à cette conversation pour rejoindre le lit, la quintessence du luxe et du surfait en espérant s'ancrer à nouveau dans la scène, dans le scénario de son esprit fertile qui veut qu'ici, ce soit son rencard. Un rencard parfait non pas de comédie romantique qu'elle n'a jamais aimé, mais de drame romantique. Alors là niveau drame, ils sont pas mal entre le suicide et les secrets de famille mais pour le côté romance... on peut repasser. Le lit ne lui est pas d'un grand secours et pourtant Ruby essaie, façon ravalement de façade mental, elle essaye de redevenir elle-même, ce personnage si bien façonné qu'il a fini par la supplanter mais le costume est un peu étroit, comme s'il se réduisait au contact de Felix et le renfiler est dur. Elle pourrait boire plus de champagne, jusqu'à sentir ses neurones pétiller et ses mots glisser aisément, plus légers, plus enivrants, mais elle n'en a pas envie. Ruby boit moins que ce qu'elle veut bien faire croire, elle ne se drogue plus non plus. Felix évoque d'ailleurs ses activités et elle finit par poser la question qui traîne entre eux depuis le début, celle qu'elle refuse de poser, comme une gosse capricieuse qui ne veut rien savoir : « La prison... ça a un lien avec ton secret, non ? Est-ce qu'il va changer les choses, bouleverser tes affinités et tout ce qu'on attend d'une bonne télé-réalité ? » demande Ruby avec une certaine lucidité un peu craintive. Elle est du milieu donc un film ou une émission de télé... c'est la même chose, c'est le paradis des illusions et ils sont tous là pour jouer un rôle. A la fin, il faut faire chialer la ménagère de moins de cinquante ans. Soit parce qu'on a un secret tragique, soit parce qu'il fait mal, soit parce qu'il apprend une belle leçon et montre que l'humain peut changer, évoluer, se bonifier et tout ce en quoi elle a du mal à croire. Felix a l'air d'avoir réussi, lui, à dépasser... ce qu'il a dépassé et dont elle n'a pas idée. Mais il est sans doute plus évolué que beaucoup ici, elle incluse, il n'y a qu'à voir le portrait qu'il dresse d'elle en deux secondes, lui tirant un sourire amusé. Piteux, mais amusé quand même parce que c'est exactement ça, Ruby frôle la schizophrénie, elle a toujours été un peu bipolaire, à osciller entre des grandes périodes d'hystérie collective, où elle peut tout faire, tout voir, tout accomplir et d'autres où elle se sent tirée en bas par une force invisible qui l'attrape et la noie, où tout est noir et perdu d'avance. Elle essaye d'exprimer ce qu'elle ressent mais il ne comprend pas. C'est facile et elle est faible. Le visage de Ruby s'assombrit un peu et elle esquisse une moue qui la fait se renfermer un peu. « Ma vie ne m'appartient plus. » Mais Felix fait pareil, en recentrant sur elle un constat qu'elle dresse pourtant sur lui, presque un compliment, elle qui en fait peu. Elle esquisse un sourire enjôleur avant de couler un regard pénétrant sur sa silhouette qu'elle détaille sans détour. Il croit vraiment que ça ne marche, pas Felix ? C'est vrai, il ne lui redonne pas espoir, parce que Ruby ne peut pas s'en encombrer et prendre le risque de se casser une nouvelle fois la gueule. Mais il y a définitivement quelque chose. « Ce n'est pas parce que tu ne me redonnes pas espoir que c'est vain. Il y a quelque chose, regarde. » Regarde-moi. D'un geste, Ruby montre sa silhouette toute apprêtée à Felix, sa jolie robe, sa crinière en cascade et puis son visage qui n'a plus qu'un maquillage sophistiqué pour essayer de recoller les morceaux d'un masque qui se fissure toujours trop vite avec lui. Elle a essayé, de minauder, de glisser des sous-entendus et tout le reste mais Felix n'est pas réceptif. Lui, il a des yeux rayon-lasers qui perforent tout et posent les bonnes questions, associés à une voix, un visage, des gestes qui inspirent confiance et donnent envie d'y répondre, même si c'est se tirer une balle dans le pied. « Plus je passe de temps avec toi et moins j'arrive à être Ruby. Enfin, moi-même mais on se comprend, j'ai l'impression que ce qui marche sur les autres ne fonctionne pas du tout sur toi. » Il a raison de continuer d'essayer, parce qu'il sait bien que Ruby n'est qu'une façade. Même si la soirée qu'elle envisageait à l'origine lui plaisait tout autant. Elle voulait lui plaire, comme à sa désastreuse habitude, se faire jolie, battre des cils et minauder un peu en buvant du champagne et en attendant que Felix capte ses signaux même pas digne d'un porno, vu le manque de subtilité. « T'es toujours en train de t'excuser. » commente Ruby de sa petite voix sarcastique. « T'as pas à être désolé. » glisse-t-elle dans un sourire doux. « Sauf si tu restes avec moi parce que t'imagines que je suis une cause perdue à sauver comme ces animaux à moitié crevés que des gens ramassent en pensant qu'il suffit de vouloir pour pouvoir. Ils ne savent pas du tout ce qu'ils font et la bestiole crève de toute façon, et peut-être même qu'elle souffre beaucoup plus que si on l'avait laissée tranquille à agoniser, au final. » Ruby se lève, minuscule sans ses talons, et vient se planter devant Felix, pour bien qu'il comprenne. Elle n'est pas certaine qu'il le fera, elle ne peut pas être trop... littérale, mais elle essaye, en le regardant droit dans les yeux, même si ça va lui filer un torticolis. « Je t'aime bien, je n'ai pas envie que tu sois déçu. » C'est vrai qu'elle l'aime bien. Il est gentil, il est doux et surtout, il est l'un des rares à s'intéresser à elle pour de vrai, à lui poser des questions sans qu'elles ne soient guidées par une curiosité un peu malsaine ou une ironie grinçante. Ruby a conscience d'être une blague aux yeux de beaucoup ici, elle en joue, elle en surjoue même et ça l'arrange. Mais Felix la prend au sérieux malgré tout et ça lui plaît. C'est parfois éprouvant, mais ça lui plaît parce que c'est aussi reposant, quelque part, de ne plus s'asphyxier derrière Ruby et ses grands gestes, ses phrases alambiquées et ses minauderies incessantes. Et il sera immanquablement déçu, s'il voit en elle ce besoin de la sauver d'elle-même et de l'aider : parce qu'il est trop tard pour ça. Et elle ne va pas si mal. Ruby reste silencieuse, à réfléchir en vain parce que cette soirée lui paraît tellement surréaliste qu'elle n'a plus aucun repère. Elle n'a aucune idée de ce qu'elle pourrait vouloir faire, tant ça semblerait dérisoire, vraiment tombé de nulle part, comme un cheveu sur la soupe. A moins qu'ils ne décident de philosopher pour continuer sur leur brave lancée à mille lieues du truc. Ruby esquisse quand même une moue pensive pour la forme avant de faire un truc qu'elle ne fait jamais : passer son tour. Elle adore être une dictatrice en culotte courte, mener son petit monde à la baguette (mais à l'aide d'une carotte, pas du bâton) et être ce leader lumineux et coloré que les gens s'imaginent. Mais là, Ruby est vidée, physiquement vidée, comme si elle avait du puiser au coeur d'elle-même pour dire certaines choses, donc elle se contente d'hausser délicatement les épaules. « Je crois que j'ai le cerveau à plat pour le restant de la soirée... Faut que tu t'y colles. Et de préférence, avec un truc qui n'exige pas de parler pendant des heures. » Elle, ne pas parler pendant des heures. Mais hé, Ruby vient de ne faire que ça et très franchement, ça ne lui réussit pas très bien parce qu'elle se met délibérément en danger et se sent mal par-dessus le marché. Elle aimerait bien se raccrocher au train Ruby pour le reste de la soirée et se laisser porter dans le sillage de Felix. Ils peuvent danser, manger, dormir, prendre un bain, sortir, mater une connerie à la télé ou se regarder dans le blanc des yeux, vraiment, tout lui va. Tant qu'il reste là.

Spoiler:


Dernière édition par Ruby le Dim 19 Juin - 18:12, édité 1 fois
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Message (#) Sujet: Re: taken away to the dark side (08.05 21h56) — Jeu 12 Mai - 18:20

Felix ne sait pas tellement gérer une telle situation, ce qu’il est censé dire ou faire. Ce qu’il veut savoir, ce dont il veut être sûr maintenant c’est que tout aille bien, qu’il n’y a aucun souci à se faire. Il s’inquiète facilement, pour des broutilles la plupart du temps. Mais ce n’est pas rien cette fois, ce n’est pas une information qu’il peut ignorer et faire comme si ces mots n’étaient jamais sortis de la bouche de Ruby. Elle lui promet qu’il n’a pas besoin de s’inquiéter pour elle. Il a envie de l’écouter, de la croire. Mais pour qu’il ne s’inquiète pas il faudrait effacer toute cette conversation. Il ne dira rien pourtant, se contentant d’esquisser un léger sourire. Ruby elle a toute la vie devant, elle est trop jeune pour mourir, trop jeune pour décider que sa vie ne vaut plus rien et que rien de mieux ne viendra la sortir de sa tourmente. Felix, lui n’a jamais eu de telles pensées. Sa vie, il n’y tient pas particulièrement. Il se contente d’exister, de faire ce qu’il peut pour aider les autres, pour que sa vie ait un minimum de sens. Mais si on lui annonçait qu’il vivait ses derniers jours sur Terre, il serait un peu contrarié, tout au plus. Il n’y a pas grand-chose à quoi il tient dans ce monde, et pas grand monde non plus. Un sourire vient étirer ses lèvres lorsque Ruby dresse son portrait de vieillard. Ce n’est pas comme ça qu’il imagine finir sa vie lui. « Je ne veux pas d’enfants. » Ainsi elle pouvait retirer la famille nombreuse de son image mentale. Il n’est pas fait pour rester au même endroit. Il est nomade, a besoin de bouger pour exister, pour se sentir libre. Chose qu’il ne pourrait pas faire avec des enfants. C’est purement égoïste, mais c’est pour la même raison qu’il ne s’attache pas aux autres, il fait en sorte de ne devenir indispensable pour personne. Il laisse une bonne impression. Un garçon que l’on serait ravi de revoir s’il passait dans le coin, mais qui ne va pas nous manquer s’il ne revient jamais. C’est cette personne-là qu’il veut être. Il ne veut pas qu’on pense à lui quand il n’est pas là. Peu importe l’âge auquel il mourra, tant que ce n’est pas lui qui en décide. Quant à sa peinture, elle est sans doute peu flatteuse pour Ruby, parce qu’elle n’est pas représentée sous son meilleur jour. Mais c’est plus poignant, plus parlant que les simagrées qu’elle peut parfois mettre en place pour plaire aux autres. Il ne sait toujours pas ce qui avait causé son chagrin. Il n’avait pas demandé, et il ne demanderait pas. Mais elle venait de le faire d’elle-même. Ses prunelles se rivent sur la rousse, pour scruter les siennes, pour voir quelle émotion prédomine à ce moment-là chez la jeune femme. Felix reste silencieux quelques secondes. C’est une peine qu’il ne peut imaginer, un chagrin que chacun vit différemment. « Je suis désolé. » commence-t-il par dire. Parce qu’il croit que c’est ce qu’il est usage de dire. Et il le pense vraiment. Il parvient mieux à comprendre, désormais. Il comprend son chagrin, son visage criant le désespoir. Felix a envie de lui demander comment. Comment elle est morte. Mais c’est sans doute de la curiosité mal placée, quelque chose qui ne regarde que Ruby, et qui ranimerait sans doute des souvenirs encore trop douloureux. « Tu te sens comment maintenant ? » Certainement pas mieux, mais pas autant désemparée que la Ruby de sa peinture. « Si jamais t’as besoin de parler de ta sœur, je peux écouter. » Ce n’est pas nouveau, presque une information qu’il n’a pas besoin de formuler à voix haute. Il regarde la jeune femme encore quelques secondes, essayant de trouver les mots justes, de trouver quoi lui dire en plus. Quelque chose pour la rassurer, pour lui dire que c’est une douleur qui s’estompe avec le temps, mais lui n’en est pas sûr. Et Felix il n’a pas envie de balancer des paroles en l’air. Il n’a pas envie de réconforter les gens à tout prix, de leur faire croire en quelque chose qui possiblement n’arrivera jamais. La douleur sera certainement moins vive, mais rien ne dit qu’elle disparaîtra à jamais. Sa mort aura laissé une empreinte dans la vie de Ruby qu’elle ne pourra sans doute jamais effacer. Lui n’a jamais connu ça. Il a une sœur, et un neveu maintenant à qui il tient. Les personnes qui sont importantes dans sa vie, le sont par droit du sang, parce qu’ils sont de la même famille. Et encore, s’il le pouvait il effacerait toute donné le liant encore à ses parents, qui sont encore bien en vie. « Un moment. » C’est ce qui lui manque pour trouver l’inspiration. C’est aussi bête que cela. Il n’a besoin de rien de plus. Un moment authentique, pur. « Et ma liberté. » Aussi. Un petit peu. Ici il n’a pas les idées claires, elles sont embuées par ce désir de sortir d’ici, se balader dans la forêt, pour simplement revenir dans l’enceinte du château après. Mais il a l’impression d’être bridé, que son esprit ne fonctionne plus correctement maintenant qu’on lui impose d’être enfermé une nouvelle fois. Le domaine est grand, il vit avec d’autres candidats, mais ils sont surveillés et ici il n’a pas l’impression de maitriser tout ce qu’il fait. Ruby elle lui parle de colère, de mettre ses proches en colère. Immédiatement Felix relie cela au pardon. Si les gens sont en colère c’est que l’on a généralement quelque chose à se faire pardonner. Mais de ce qu’il comprend, Felix a l’impression que ce sont plutôt les proches de Ruby qui ont quelque chose à se faire pardonner. Il ne sait pas si c’est lié avec sa sœur, autre chose. Il ne demandera pas. Il lui en a déjà bien trop demandé pour la soirée. Elle s’est livrée à lui bien plus qu’il ne l’avait espéré. « Ca va changer beaucoup de choses pour toi à l’extérieur ? » Il commence à y voir plus clair, mais il est encore un peu perdu. Il n’a pas toutes les cartes en main et ça le trouble, parce qu’il lui manque une information capitale sur la vie de Ruby. Ce n’est pas tant par curiosité mais plutôt pour comprendre comment elle en est arrivée là, ce qui fait d’elle cette personne. Il a l’impression que ses parents, ou quelqu’un de son entourage n’est pas étranger à cette raison, mais encore une fois, ce ne sont que des suppositions. Et ces suppositions il les garde dans sa tête, parce qu’il n’a pas envie d’embêter Ruby plus que de raison, ou bien de lui faire penser qu’il en a après son secret. Parce que c’est faux, il le cherche oui, mais pas pour aller le buzzer, pour essayer de la comprendre, de faire en sorte que toutes les pièces du puzzle puisse s’assembler. Son secret à lui, il est sans doute un peu moins lourd à porter. Parce qu’il est en paix avec celui-ci, et que presque indirectement il n’a pas grand-chose à faire avec celui-ci. Il hoche légèrement la tête lorsqu’elle lui demande si c’est en rapport avec la prison. Avec ce qu’il a fait pour en arriver. Pas les faits, les faits on s’en moque. Felix il pourrait donner une copie de son casier judiciaire, ça ne mènerait à rien, et ça n’avancerait personne. Mais comment il en était arrivé-là, c’est une autre question. C’est ce qu’on avait fait de lui, ce qu’on l’avait convaincu qu’il était. Oui, bien sûr il était né comme ça, il avait bien voulu le croire. Mais ça n’a plus d’importance, parce qu’il a envie d’oublier, qu’il a réussi à mettre son passé derrière lui. « Je ne pense pas que ça va changer grand-chose. Vous savez déjà presque tout. » Enfin pas Ruby. Elle ne lui a jamais rien demandé sur la prison, sur son passé. Ça lui va, parce qu’on lui en parle trop. Il a parfois l’impression que c’est ce qui le définit, la seule chose que l’on retient de lui. Depuis il a retrouvé de l’espoir, contrairement à la jeune femme. Il aimerait la secouer, l’aider aussi, mais lorsqu’elle lui dit quelque chose, il a toujours l’impression que ses paroles sont erronées parce qu’il manque une information dans sa base de données. Une information capitale. « Et tu ne peux pas la récupérer ? » Lorsque que Ruby lui dit que sa vie ne lui appartient plus, bien sûr, les raisons restent floues, et sur ça il ne peut la questionner. Ce qu’il veut savoir surtout, c’est si elle pourrait éventuellement avoir les moyens de s’en sortir. Il ne lui souhaite que le meilleur. Avec les autres c’est plus facile. C’est plus facile de les calmer, de leur redonner espoir, parce qu’ils sont plus dociles que Ruby, qui semble avoir perdu toute envie de vivre. Mais ce n’est pas vain selon elle. Il regarde, il regarde Ruby dans sa belle robe blanche, mais il ne sait pas ce qu’il doit voir jusqu’à ce qu’elle ouvre la bouche. « Parce que je sais que ce n’est qu’une façade. Une vie que tu as empruntée. Je suis passé par-là. Et je préfère m’adresser à la vraie Ruby. » Alors il la pousse un peu, il la pousse à se dévoiler, à abandonner ses manières, parce que oui ça ne prend pas avec lui. Il sait, il voit. Il a été comme ça, il s’est trop longtemps persuadé d’être quelqu’un d’autre, et revenir à la personne qu’il est vraiment, n’a pas été un travail de tout repos. Mais quelque part ça lui fait plaisir qu’elle puisse abandonner ses minauderies avec lui, qu’elle accepte de se dévoiler un peu. C’est tout ce qui lui faut à Felix, il ne demande pas grand-chose. Mais il se sent un peu bête maintenant. Bête de poser toutes ces questions alors que ce soir ils ont accès à la suite prestige. Une suite dans laquelle beaucoup de candidats n’ont pas accès. Ils devraient rire, sourire, plutôt que de parler de sujets aussi profonds. « Oui mais j’imagine que ce n’est pas la soirée dont tu rêvais. » Moins de discussions, plus de calme, de tranquillité, pas de questions trop personnelles. Il avait un peu fait le contraire, lui qui est d’ordinaire peu bavard, préférant ne pas ouvrir la bouche si ce n’est pas nécessaire. Il écoute son petit discours, sa comparaison avec les animaux, la regardant dans les yeux. Il a l’impression qu’il y a quelque chose d’autre qu’il est censé comprendre, sans mettre le doigt dessus. Peut-être. « Je t’aime bien Ruby, je fais pas ça par pitié. Ou parce que je me dis qu’il faut que je te sauve à tout prix. Je ne connais pas toute ton histoire, et je ne prétends pas être le mieux placer pour t’aider à t’en sortir. » Il ne voit pas Ruby comme une cause perdue, un projet personnel qui ferait bien dans son escarcelle et qui l’aiderait à se sentir mieux. Non, s’il est là c’est parce qu’il est sincère, parce que tout ça l’intéresse vraiment. « C’est difficile de me décevoir. Et je ne pense pas que tu vas le faire. » Felix il sait ce que sait de décevoir les autres. Lui il a appris à pardonner, à ne pas établir de standards trop haut. Il sait apprécier les autres avec leurs défauts, leur passé, quels qu’ils soient. Mais il se fait un peu tard pour ce genre de confidence, et Ruby n’a certainement pas payé 5000 livres pour passer une soirée entière à parler de ses états d’âme. Felix lui propose de faire ce qu’elle veut. Il se dit que c’est quelque chose qui doit lui plaire de pouvoir décider de tout, de prendre les décisions, mais elle lui renvoie sa proposition. C’est à lui de trouver quoi tant qu’il ne faut pas trop parler. En voilà une demande surprenante de la part de Ruby, elle qui est d’ordinaire si bavarde. Mais ça lui va. Il lui faut juste le temps de quelques minutes pour trouver. Ses yeux se tournent quelques secondes vers l’écran plat et viennent se reporter sur la rousse. « On peut regarder un film si tu veux. » Elle n’aura pas besoin de parler, de réfléchir. Elle pourra oublier toutes ses pensées pour se concentrer sur une fiction, dont l’histoire n’a rien à voir avec la sienne, et s’endormir quand elle le veut. L’américain ôte ses chaussures. Des chaussures qu’il a fait l’effort de porter pour une fois. Une fois pieds nu, il allume la télévision sans trop savoir quel est le film qui va s’afficher. Puis il vient s’assoir précautionneusement sur le lit, essayant de ne pas prendre trop de place pour que Ruby puisse s’installer aussi confortablement qu’elle le souhaite.


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