let's get it started.

Aryel, il n’a pas vraiment compris ce qui prenait à Stella. Elle est passée lui parler d’un petit rassemblement entre candidats au cours de l’après-midi et il ne sait même pas s’il lui a répondu ou s’il s’est contenté de glisser un vague regard sceptique dans sa direction. Il n’a peut-être pas eu le temps. Elle est un peu étoile filante en ce moment avec lui. Il la mate quand elle glisse dans son environnement, mais ses passages se veulent toujours éclair, sans jamais s’attarder quand ils sont seuls. Il n’a pas vraiment envie d’y aller. Ce n’est pas son truc les réunions, même en petit comité. Ou alors il faut de la musique. Beaucoup de musique pour combler les silences quand il a que dalle à dire à ses interlocuteurs et bien entendu une certaine dose d’alcool ou de cocaïne pour parvenir à entrer dans la danse. Parce que lui, il n’a jamais vraiment le cœur à la fête sans aide artificiel pour se mettre dans l’état d’esprit adéquat. Aryel, il est là, installé sur la terrasse en sentant le tabac piquant glisser dans sa gorge. Il jette un coup d’œil à l’horloge qui se trouve dans le salon au travers de la baie vitrée. Il l’imagine entrain d’attendre. Anxieuse. Stressée. Comme pour un premier rendez-vous, comme pour un entretien d'embauche à vérifier sa tenue, à demander s’ils vont venir, à réarranger la pièce pour que tout soit parfait. Stella, c’est une bombe à retardement. Il la sent cliqueter entre ses doigts quand il l’effleure, à toujours donner l’impression d’attendre le doigt qui viendra appuyer sur le mauvais bouton et la faire exploser. L’île-bis, ce n’est pas comme dans le jeu. Ils ne sont plus candidats, ils ne sont plus censés faire semblant de s’intéresser les uns aux autres s’ils n’en ressentent pas l’envie. Il tire une dernière fois sur sa clope, avant de l’écraser au sol et de se lever. Dans le meilleur des cas, peut-être qu’ils ne seront que deux. Qu’Aryel pourra la récupérer à la petite cuillère si personne n’a daigné faire le déplacement et tenter naïvement de réanimer leur connexion qui s’est quelque peu essoufflée. Ce ne sera sans doute pas le cas. Les autres éliminés, ils ne sont pas comme lui. Ils apprécient ce genre d’évènement. Alors que lui, on peut parfaitement comprendre pourquoi l’australien s’est fait montrer la porte par ses petits camarades au sein de l’aventure. Lui, parfois, il ne veut pas jouer, il ne veut pas faire l’effort de se plier aux usages, aux conversations qui ne lui provoquent rien mis à part cette gêne qu’on peut ressentir quand on se force à essayer d’animer une conversation. Aryel, il n’a jamais été un très bon candidat, alors qu’il n’est pas venu chercher une quelconque forme d’expérience humaine via sa participation à l’émission. Il débarque dans la salle de projection, en même temps que quelques autres personnes, laissant ses prunelles glisser sur le petit buffet improvisé par Stella jusqu’au carré de chair dénudée que le décolleté de sa robe dévoile. Lui, il n’a pas fait le moindre effort vestimentaire. Un pull, un jeans, rien de bien habillé. De toute façon, il ne comptait pas se pointer à la base, alors on ferait mieux de se réjouir de sa présence qui est un minimum qu’il a daigné leur accorder. « Ce n’est jamais trop fort. » il précise en retenant un sourire, alors que son regard croise celui de la jeune femme. Aryel, il a juste envie de s’échauffer grâce à un subtil mélange d’alcool et de fatigue alors qu’il dort très mal depuis qu’il est arrivé sur l’île bis. S’assommer, doucement, silencieusement. Son corps, il accepte des doses infinies de liqueurs de mauvaises qualités sans broncher. Alors, un punch plus corsé que d’habitude, à part le faire sourire encore un peu plus, ça ne peut pas lui faire de mal. Il se sert un verre de sa préparation alcoolisée, en même temps que son regard file dans la pièce en attendant que quelqu’un réagisse à la proposition de Stella de se lancer dans un jeu. Un peu de nerfs. Ici, il est le plus vieux. Le presque quarantenaire dépassé depuis bien longtemps parce qui peut exister dans le genre, parce qu’il n’a plus besoin de prétexte pour se bourrer la gueule et apprécier le goût du rhum qui coule dans sa gorge. « Il n’y en a pas un qui nous permettrait de nous renseigner sur ce qui se passe entre Heidi et sa colocataire dans le dortoir des filles de son université ? » Genre petites expériences lesbiennes typiques pour les jeunes femmes de son âge selon le modèle qui est gravé dans sa boîte crânienne de professionnel des films de culs. « Je le trouve très bien, moi. » il glisse à Stella après avoir trempé ses lèvres dans le verre de punch avec lequel il aurait même eu la main plus lourde en alcool s’il avait été chargé de le préparer.