w/Ruby - 17/05 à 21h53

@Ruby

Jusqu’à maintenant, cette suite n’était qu’un avantage peu intéressant pour le jeu. Mais après une nuit cauchemardesque à revivre des souvenirs douloureux et dont on se réveille les poings serrés et une journée sans grand intérêt, Mason y voit l’occasion de se ressourcer. Les traits tirés, le paparazzi quitte le château dans la soirée pour retrouver cette chambre isolée et tout confort. Au moins, personne ne pourra le faire chier ici. Et personne non plus ne lui posera les questions qui dérangent et qui donnent envie de frapper un grand coup. Oui, il y a des jours comme ça où Mason sent toute la rage endormie en lui se réveiller avec violence dans ses veines. Elle lui donne non seulement mal au crâne mais surtout des envies de meurtre. Il y a des tas de gens qu’il voudrait rayer de la surface de la terre, à commencer ceux par qui le mal est arrivé et arrivera toujours. Mais il se calme en se rappelant le statut qu’on lui a offert et l’avantage certain dont il peut en tirer. Ça l’apaise toujours, et ça lui donne la sensation d’être enfin utile à quelque chose au lieu de rester comme un con impuissant dans son coin, à se morfondre sur un passé qu’il ne pourra jamais changer. Sitôt la porte de la suite refermée sur lui, Mason s’y adosse et prend le temps de respirer un bon coup avant de commencer les festivités. Il retire ses chaussures puis jette ses vêtements dans l’un des fauteuils de la chambre avant de gagner la salle de bains. Il fait couler l’eau dans l’immense baignoire, y ajoute le bain moussant qui traîne sur le rebord, et regarde les bulles de savon remplir l’espace. Finalement, il s’y glisse et ferme les yeux, cherchant dans cet instant de solitude et de bien-être l’apaisement nécessaire. Le temps s’effile, les minutes deviennent rapidement la moitié d’une heure, la chaleur s’évapore. De l’eau maintenant froide, le paparazzi s’extirpe avec lassitude avant de mettre sur son dos un peignoir. C’est très cliché, mais ça ira très bien. Il regagne finalement la chambre, enfile son caleçon et se laisse tomber sans retenue sur le moelleux matelas. Les yeux rivés au plafond, Mason finit par sentir la fatigue le gagner et c’est presque avec satisfaction qu’il accueille Morphée. Enfin, il y croyait jusqu’à ce que la rouquine maléfique n’entre brutalement dans la suite. Il se redresse et lui offre un sourire mauvais. « Ça y est, tu te sens prête à être la vedette de ma nouvelle sex tape ? » qu’il lui demande en sondant son regard, et surtout peu soucieux de réanimer les étincelles du passé. Ses idées noires ont été balayées d’un coup d’un seul par la venue de l’actrice, et c’est bien là la seule chose positive à tirer de cette rencontre fortuite.

Cette semaine, Ruby ne s'est pas encore rendue dans SA suite. Pas une seule fois. Elle ignore si c'est le fait d'avoir retrouvé Connie rien que pour elle qui la contraint à un lit superposé de gamine ou si c'est le scepticisme de Felix qui a finalement déteint sur elle mais en vérité, Ruby n'y a absolument pas pensé. Elle n'en a pas eu envie. Mais comme il ne faudrait pas que le monde pense qu'elle n'est pas tout à fait cette jolie fille matérialiste pour qui un sac à main griffé vaut plus qu'un rein, Ruby prépare sagement ses affaires pour rejoindre les lieux et les envahir de sa présence sucrée et bruyante. Enfin "bruyante" parce qu'au fil des semaines, elle se calme. Genre, vraiment. La preuve ? Elle n'a pas pété un câble, un seul. Elle a parfois été au bord du précipice, elle a souvent ressenti l'envie de balancer un énorme coup de pied dans la fourmilière mais rien n'y fait : elle se pondère d'elle-même et si elle paraît encore un peu complètement bipolaire, tout est plus ou moins sous contrôle, à croire que la clinique a réellement eu une utilité et ça, ce n'était pas gagné. Il est déjà tard lorsque Ruby pénètre dans l'hôtel comme si elle était chez elle, ses talons mordant férocement la moquette moelleuse sous l'oeil torve du réceptionniste un peu hostile face à ses coups de fil incessants pour avoir de nouveaux draps, un repas, du bain moussant qui sent bon... et le reste. Tout sourire, l'actrice pile tout net dans l'embrasure devant la scène d'horreur qui se joue juste pour ses yeux : Mason à moitié nu, en train de semer sur son lit et ses draps tous les germes dégueulasses qui le composent. Mais... dans quel monde a-t-il accès à cette suite ?! Et surtout combien de fois a-t-elle dormi dans des draps supposément propres mais en réalité souillés par des secrétions ennemies ? Le visage affable de Ruby ne met qu'une demi-seconde à revêtir une expression coutumière en sa présence, irritée, agacée, avec un petit je-ne-sais-quoi animal qui suinte la haine et la colère. Ouais, la haine, carrément. Et le masque supposément intimidant qu'elle porte n'est pas prêt de fondre comme neige au soleil, à la vue de sa réplique tout à fait déplacée. Ruby mime un index nauséeux dans sa gorge et dépose ses affaires au bord du lit avant de s'y installer tranquillement, colonisant déjà un oreiller. Si Mason croit qu'il va rester là, il se fourre le doigt dans l'oeil et c'est ce qu'indiquent ses grands yeux clairs qui jettent des éclairs, des tsunamis et des tremblements de terre. « T'as que de la gueule Mason. » énonce-t-elle, presque tranquille. Elle aussi et encore plus lorsqu'il s'agit de lui puisqu'ils se repoussent bien plus qu'ils ne s'attirent et bien que Mason ne soit pas laid, loin de là, Ruby n'a pas et n'aura jamais envie de lui, c'est comme ça, point final. Et l'inverse est vrai, ces choses-là se sentent. « Et tu ne saurais pas me gérer. » ajoute-t-elle de son timbre caressant, y laissant tout de même fuiter une provocation, accentuée par un sourire faussement ingénu. Ruby darde sur lui son regard, pour mieux prononcer sa sentence. « Du coup, comme tu ne me baiseras manifestement pas, je compte sur toi pour dégager le plancher. J'ai payé cette suite 5 000 livres, elle est à moi et tu n'y es pas invité. » Et c'est sans appel, va-t-en Mason, Ruby n'y a convié que Felix.

Allongé de tout son soûl au beau milieu de l’énorme matelas, le paparazzi n’a aucune intention de bouger. Jusqu’à preuve du contraire, il est le premier à avoir investi la suite et ce n’est sans doute pas pour les beaux yeux de la rouquine qu’il sacrifiera cette initiative réjouissante. Car oui, elle l’était et le restera, quand bien même l’actrice lui inflige sa présence détestable. Il ignore royalement son dégoût ainsi que ses yeux transformés en revolver, et laisse plutôt échapper un soupir de satisfaction. Son corps est ancré dans le lit qui prend sa forme et lui donne la sensation agréable d’être couché sur un nuage. Il croise ses bras derrière sa nuque pour montrer à la candidate que son plaisir n’est aucunement entaché par sa compagnie. S’il était fatigué il y a encore quelques instants, il n’en est désormais plus rien : au contraire, il sent un regain d’énergie le gagner. C’est le mépris qui s’exprime à travers ses forces retrouvées, il en est convaincu. « Tu ne devrais pas en être aussi sûre. » qu’il laisse échapper de ses lèvres, de cette voix voluptueuse qu’il offre volontiers à ses proies. L’envie n’est pas là, le désir non plus, mais il entre dans le jeu sans trop se poser de questions. Il l’aura le dernier mot, comme à son ordinaire, et Ruby ne sera jamais l’exception qui confirme la règle. Il croise ses jambes, puis les décroise bien vite pour revenir sa position initiale, créant ainsi un courant d’air frais titillant la peau blanche de l’actrice. « Arrête ou c’est moi qui vais vite devenir ingérable. » qu’il rétorque du tac-au-tac, un sourire insolent illuminant son visage. Il se redresse légèrement, en profite pour caler au mieux l’oreiller dans son dos, et contemple de toute sa prestance la silhouette de la rouquine installée au bout du lit. Elle n’a pas bougé mais si elle a un peu de jugeote, ne tardera pas à le faire avant qu’il ne soit trop tard. Elle perd un temps précieux et brasse de l’air pour pas grand-chose avec son petit numéro de reine capricieuse. La flèche n’atteint pas la cible mais arrache tout de même un éclat de rire acéré au paparazzi. « Détrompe-toi, je suis ici comme chez moi. » qu’il commence, sur un ton aussi doux à l’entente qu’agressif aux oreilles de la rouquine. « Je n’ai pas eu besoin de claquer un seul centime pour me voir offrir cette suite et que tu le veuilles ou non, j’ai bien l’intention de faire honneur à la générosité de mon bienfaiteur. » C’est d’une belle ironie, mais là est tout l’intérêt de la réflexion : si Ruby a dû compter sur elle-même pour parvenir à ses fins, lui n’a même pas eu besoin de claquer des doigts. Et c’est d’autant plus jouissif quand on connaît l’identité de ce fameux « bienfaiteur » aussi peu généreux soit-il en vérité. Mason garde bien ancré sur sa bouche ce sourire provocant tandis que ses paupières se ferment de satisfaction, ignorant ainsi royalement la jeune femme. Elle n’a jamais compté, et ça n’est pas prêt de changer.

Franchement, Ruby est docile, sympa et tout (en toute objectivité un peu biaisée) mais là, le spectacle de Mason étalé de tout son long sur son lit lui donne des envies assez... animales. Genre, celle de grimper à califourchon sur lui et de non pas s'empaler sur sa queue mais de l'étouffer avec un oreiller. Elle se contient bien sûr, parce qu'elle est civilisée et surtout incertaine quant à l'issue d'un combat à mort avec son gabarit à lui et le sien. D'accord, elle est tout à fait convaincue que c'est elle qui finira complètement morte et Ruby ne s'est pas faite asse belle pour ça, on ne déconne pas avec le décès, il faut se préparer et faire en sorte de faciliter le travail du thanatopracteur parce qu'elle, elle n'a pas du tout confiance en un mec dont le job est de maquiller des macchabés et pas des stars de cinéma. Elle choisit de l'emmerder jusqu'au bout, dans l'espoir (vain, mais Ruby est parfois très optimiste, malgré tout) qu'il batte en retraite et se casse. Et c'est quand même injuste, parce que les gens qu'elle aime fréquenter ici, genre pour de vrai, ils ont tous envie de partir quand elle commence à parler beaucoup, à minauder, alors que lui, on dirait que ça l'excite juste parce qu'il sait qu'il l'emmerde au moins autant qu'elle lui pourrit la vie. C'est le genre de relation perdant-perdant et Ruby en est bien consciente mais la vérité, c'est qu'elle a du mal à se freiner quand elle traîne près de Mason, parce qu'il attise tous ses mauvais côtés. Un chien adulte et un chat adulte, ensemble, ça fera forcément des étincelles, à moins qu'ils n'aient été élevés dans le même foyer depuis l'enfance et bien eux c'est pareil, voire en pire parce que le chien a passé son temps à essayer de la bouffer en aboyant comme un tordu auprès de qui voulait ou non l'entendre. « J'en suis certaine, t'es un sale clébard minuscule, t'aboies mais tu mords pas. » Ruby joue l'exacte même partition que lui, elle choisit son timbre le plus sucré juste pour l'emmerder, consciente qu'il a l'effet d'ongles sur un tableau noir pour Mason. Parce que sa voix pseudo-voluptueuse, elle la fait grincer des dents alors l'inverse doit être vrai sinon le dé est pipé et Ruby va balancer le plateau à travers la pièce. En tout cas, elle s'installe en colonisant doucement mais sûrement son espace vital parce que c'est chez elle et du bout du lit, Ruby glisse vers près de la moitié, innocemment, après avoir retiré ses escarpins et éprouvé l'envie de faire bouffer à Mason son sourire insolent de merde. Déjà, elle saurait le gérer sans problème surtout dans les scénarios un peu glauques qu'elle est en train d'élaborer mentalement pour l'humilier (enfin elle ne juge pas, mais bon...) où le paparazzi est un gros soumis avec un fort penchant pour les laisses et les sextoys enfoncés bien profonds où il faut. De deux, il n'a aucune raison de devenir ingérable parce qu'elle va le calmer direct. Ruby sait bien qu'il a un vague problème avec le consentement, mais pas elle. « T'en as pas envie et moi non plus alors arrête de te foutre de ma gueule, veux-tu. » tranche-t-elle sans appel façon maîtresse SM (oui, elle est encore un peu dans son film mental, mais elle s'en extirpe parce qu'il est trop dégueulasse pour ses chastes pensées). Mason se marre comme un bouffon et Ruby ne peut empêcher ses traits d'afficher la surprise, la stupeur. Non, mais non, c'est impossible, aucune nana saine d'esprit n'irait offrir son accès à cet abruti fini amateur de manipulations à moins d'être niquée complet du ciboulot. Et de toute manière, quand elle s'est offert son accès, Ruby n'a pas vu son nom dans la liste. Malheureusement, même si elle aime bien jouer à la fille plus stupide qu'elle ne l'est en réalité, elle comprend bien vite qui est son soit-disant bienfaiteur et là, elle voit rouge. Putain de traître irlandais. « Attends... Connie ?! » Ruby essaye de taire le goût amer de la trahison qui suinte dans ses propos. Il savait combien cette pièce était importante pour elle, il le savait et pourtant il a choisi délibérément de l'offrir à cet abruti fini. Il va falloir revoir très sérieusement la définition des mots "alliés" et "équipe" là. « Connie est gay ?! Et un gay avec des goûts discutables, de surcroît. » Elle n'y croit pas une seule seconde mais si ça peut l'embarrasser et lui faire regretter son choix déplorable, allons-y gaiement. « Ca expliquerait beaucoup de choses... » Ruby jette un regard soupçonneux à Mason et le dévisage longuement, comme si elle espérait lire sur son visage les signes d'une libération sexuelle façon grosse baise entre mecs. « Heureusement que je fais changer les draps deux fois par jour, par principe. » note-t-elle, un sourire  narquois au coin des lèvres. Samson, cette rumeur-là elle va te parvenir sur un plateau d'argent !

« Tes convictions font plaisir à voir. » qu’il annonce de cette voix trop doucereuse pour être vraie. La comparaison de la rouquine glisse sur lui sans même égratigner un millimètre de sa peau. Il sent l’agacement derrière les mots, le doute derrière le jeu. Et ça l’amuse complètement. Il est même prêt à lui offrir cette manche tant il a pitié de la pauvre petite chose fragile qu’elle est. Non seulement il l’écrase de toute sa carrure musclée mais il la domine par son côté foncièrement mauvais. Il a toutes les armes et toutes les cartes en main pour se sortir victorieux de cette joute verbale, et pire encore. Car il n’a aucune limite. Et son unique peur, l’échec, ne cesse de le pousser à aller toujours plus loin. Ruby n’a au fond aucune chance et elle en est consciente. Il le sait, ça se voit. Il la laisse plus par pitié et amusement qu’autre chose croire qu’elle peut récupérer son pseudo-territoire. Il ne la lâche pas du regard quand elle retire ses escarpins et étend ses jambes. Il pourrait donner un angle nouveau aux siennes pour se rapprocher de la rouquine, mais il n’a pas envie de se rabaisser à un tel niveau. Il est capable de bien mieux, mais encore faudrait-il qu’il en ait envie. D’ailleurs, voilà que l’actrice parle de désir. Elle n’a pas tort, il ne va pas se mentir, mais ce n’est pas ça qui va l’arrêter en si bon chemin. Il a déjà fait pire, Mason, pour parvenir à ses fins et s’il doit aujourd’hui encore donner de sa personne, il le fera volontiers. Ça fait longtemps que ses bonnes manières ont laissé place à une profonde immoralité. « Je n’oserais pas. » Tout comme il n’oserait pas débiner l’Irlandais pour sa grande générosité. Ou pas. Parce qu’au fond c’est une réelle satisfaction qui l’envahit quand la jeune femme prend conscience de l’identité de son bienfaiteur. S’il y a bien quelqu’un qui peut l’atteindre de plein fouet, c’est bien le type du lac. Et finalement, c’est pas si mal de l’avoir sous la main, s’il peut lui être utile à anéantir la trop grande confiance de la rouquine. Le paparazzi ne répond rien quand elle donne le prénom de l’Irlandais, et s’enfonce au contraire dans ce silence aussi glacial que détestable. Il pousse même le vice plus loin en laissant ses paupières se fermer, ignorant ainsi royalement les allusions tordues de l’actrice qui pensent pouvoir énerver aussi bien l’un que l’autre. Ce n’est que lorsqu’elle fait allusion à sa maniaquerie (ou sa faculté étonnante de faire des caprices pour tout et n’importe quoi, en digne pantin du show-biz) que Mason rouvre les yeux. Sans un mot, il quitte le matelas non par abdication mais parce qu’il entend bien profiter de ces fameux draps bien propres. Il les soulève, puis se glisse sous eux non sans un soupir de satisfaction s’échappant de ses lèvres. Il balade ses pieds jusqu’à atteindre le corps de Ruby et savoure l’instant que celui-ci se crispe au contact du sien, même si un tissu hors de prix les sépare. « Qu’est-ce que t’attends pour retrouver ton plus fidèle ami ? J’suis sûr que vous avez plein de choses à vous dire. Et d’ailleurs, j’suis persuadé qu’il meurt d’envie de te raconter toutes les folies qu’on a faites de nos corps. Par contre, j’ai bien peur que ton chaste esprit ne supporte les détails. » Autrement dit, casse-toi, fous-moi la paix, et va te plaindre ailleurs. Mieux encore, étouffe-toi avec tes idées puériles et tes raccourcis bidons. Car clairement, qu’elle lance ou non cette rumeur merdique à son égard ne le perturbe aucunement. Caméra à l’appui, il ne s’est rien passé entre lui et Coinneach. Par contre, si elle obstine à le faire souffrir de sa présence, il n’est pas sûr que les choses se passent aussi bien pour son cas. « Tu devrais savoir qui et comment je suis, depuis le temps. » qu’il souffle entre ses lèvres, tandis qu’un sourire provocant en chatouille le coin.