(15H18 ; 22/07) bored af

Dans la salle d’attente, il n’y avait pas beaucoup de choses à faire. A vrai dire, vraiment peu. Dès les premiers jours, je tournais en rond et peut-être comme plusieurs autres candidats. On restait dans la salle d'attente, on traînait près du distributeur, on allait dans les toilettes un peu plus longtemps que d'habitude, ou on restait carrément dans notre sac de couchage. Je sais que je l'ai fais... Plusieurs fois. Mais nous devions tenir le coup, pour la saison 8 de Thrown Dice, pour nous-même et aussi pour les autres. C’était un travail d’équipe on peut dire. « Combien que j’attrape cinq M&Ms à la suite avec ma bouche ? » Dis-je à Isodore en lui balancant le paquet que je venais de prendre dans le distributeur. Je voyais Leroy et Ezio arriver, et décida de les inclure dans le petit jeu. « Vous voulez essayer ? » J’attrapais un M&M au vol et le mangeais. Ce que j’aimais les sucreries.

A force de tourner en rond dans la salle d'attente, qui n'avait rien de circulaire mais peu importe, il s'était mis à penser à son boulot. Il était en vacances techniquement même s'il avait dû retourner chez lui parce que la saison avait été annulée, mais il se sentait souvent un peu coupable de prendre des jours de congés même si c'était pour passer du temps avec sa fille. C'est qu'il avait parfois l'impression que toute l'Australie allait prendre feu et que des tas de personnes allaient mourir s'il n'était pas là pour les sauver. Il avait un peu la complexe du héros par moment, n'ayant pas été capable de garder son Elise en vie, inconsciemment il en avait déduit qu'il devait secourir tous les autres, pour compenser. Mais ce n'est pas comme ça que les choses fonctionnent, on ne pouvait pas sauver tout le monde, il le savait, et qu'il soit là ou pas, ça ne changeait pas grand chose, un autre serait là pour assurer. Lui il était là à tourner en rond en pensant à des trucs qui ne pouvaient que d'avantages lui plomber le moral. Les mains dans les poches, il se rapprochait du distributeur où se trouvait déjà Gatsby et Isidore. Le premier l’apostrophe, lui et Ezio dont il se rend compte de la présence quand il se retourne. Le jeune homme leur demande s'ils veulent essayer. « Allez. » Qu'il répond en haussant les épaules. Il n'avait rien de mieux à faire. Il s'était permis de piocher dans la paquet et avait lancé une bille en l'air. Elle avait rebondit par terre et glissé derrière la distributeur. La lose. « Merde. Bon c'était un coup de chauffe. » Qu'il dit en essayant de passer la main entre la machine et le mur. Mais il n'y arrive pas et abandonne finalement en soufflant. Tant pis.

Isidore s'est toujours targué d'avoir une super mémoire des lieux. Il connaît le château comme sa poche et ça depuis le troisième ou le quatrième jour. Impressionnant non ? Mais la salle d'attente, le coin couchage, les toilettes et la salle du distributeur ? Il lui a fallu trois minutes pour en découvrir les mystères et croyez-le ils ne sont pas nombreux. Alors quand il entre dans la dernière de ces pièces et qu'il découvre un numéro de cirque une réinvention du numéro des otaries avec les poissons dont les acteurs sont Gatsby et Leroy il est surpris. Enfin quelque chose de nouveau à regarder. Gatsby semble fier de son exploit et Isi ne peut que le ramener sur terre. « J'aurais été impressionné si tu avais réussi à attraper cinq M&M's d'un coup. Mais un par un c'est juste une preuve de consistance. Un peu d'entraînement est suffisant. » Bon ok, cinq d'un coup ça semble un peu compliqué, peut-être même impossible, mais ça serait drôle de le voir essayer. Isi pioche un M&M's du paquet, un bleu ou un vert aucune autre couleur ne lui plaît. Parce que oui ils ont des goûts légèrement différents quoiqu'en disent les gens. Et le fourre dans sa bouche. Isi ne joue pas avec la nourriture. Ça non.

C’était pas facile d’être dans cette aventure, vraiment. Ca prenait du temps et puis, ça pouvait être très éprouvant aussi, mais je restais. Parce que ça en valais la peine, parce qu’il y avait plus de bons côtés à ça que de mauvais côtés et surtout parce que je l’avais promis à ma sœur. Elle s’était dit que ça me changerait les idées, que je changerais de décors. Après avoir grandi à Greystones et avoir passé une bonne partie de ma vie d’adulte là-bas, je devais me changer les idées. Même si j’avais vu Londres, Dublin et pleins d’autres villes, elle me poussait à faire plus. Elle ne voulait pas que je déprime, pourtant je ne déprimais pas. Au contraire, je vivais ma vie au jour le jour. Mes ses jours-ci, mon quotidien ressemblait de plus en plus à une dépression. En tout cas l’idée que je me fais d’une dépression. « Fait le toi alors. » dis-je à Isodore. Il m’enlevait un peu le plaisir que je sortais de ce petit jeu débile, moi qui croyait avoir réussi à trouver un truc pour passer le temps. Retour au point de départ. Il n’y avait que Leroy qui me soutenait un peu et Ezio nous rappelait que nous n’avions pas beaucoup de nourriture. « Ouais, tu as raison… Je ferais mieux de tout garder pour moi. » Pas de M&Ms pour vous les gars, désolé. « On tourne en rond ici… Tout ce qu’on peut faire c’est… Penser. » Ouais, tout ce qu’on peut faire c’est réfléchir. Réfléchir à notre stratégie de jeu (si on en a une), aux autres candidats, mais à nos vies à l’extérieur surtout. « Vous pensez beaucoup à vos proches ? »

Oui, ils s'emmerdaient tous tellement que certains s'abaissaient à jour avec de la nourriture, quoi que les sucreries n'étaient pas les aliments les plus nourrissants qui soient. M'enfin Ezio n'avait pas tout à faire tort, ce n'était pas la peine de risquer de perdre le peu qu'ils avaient. Ce qui avait décidé Gatsby a garder tous ses M&Ms pour lui du coup. «  Hm, j'aime même pas ça de toute façon. » Bon, si il aimait bien, mais ce n'était pas non plus ce qu'il préférait, il pouvait s'en passer pendant le reste de sa vie que ça ne changerait rien. Et puis au pire Leroy n'aura qu'à se prendre un truc au distributeur, si le jeune homme était sérieux et que l'australien voulait quand même avoir quelque chose à se mettre sous la dent en les jetant en l'air pour essayer de les rattraper s'il en avait envie parce qu'il faisait encore ce qu'il voulait avec ce qu'il achetait même s'il avait déjà dû répété un million de fois à sa fille qu'on ne jouait pas avec la nourriture. Enfin bref. Gatsby avait changé de sujet pour dire qu'on tournait en rond ici, mais il n'y avait pas forcément besoin de le dire d'après le pompier, tout le monde s'en rendait bien compte. Et puis ils n'avaient rien à faire que de penser ici, en effet, et c'était bien un des buts de la manœuvres du maître, les observer pendant la semaine pour décider de la suite de la saison et en même que les candidats réfléchissent à leur envie de continuer l'aventure et à leur investissement. Mais bien sûr, avec tout le temps pour penser qu'ils avaient, il était presque obligé que leurs pensées dérivent vers d'autres choses, comme les proches, pour ceux qui en avaient. « Oui. » Avait sobrement répondu Leroy. « Je peux pas m'empêcher de penser à ma fille et à mes parents, en espérant qu'elle est bien sage et qu'elle ne les fait pas tourner en bourrique, parce qu'elle est douée, elle est tellement adorable qu'ils lui passent tout. » Lui aussi, tout le monde en fait, parce qu'elle n'avait plus de maman, et parce qu'elle se débrouillait toujours pour avoir l'air trop mignonne, on ne pouvait pas lui dire non, ou alors pas longtemps. « Et vous ? » Il ne savait rien de leur famille à chacun, ce serait peut-être l'occasion d'en apprendre plus, hm.