Waiting for the end. (20/07, 16h25)

- raph -

On s'occupe comme on peu, ici. C'est-à-dire, comme des merdes. Parce que non seulement on est cloîtrés comme des imbéciles dans la même pièce toute la journée, mais en plus, à part mesure la vitesse à laquelle les strapontins remontent et en faire une étude statistique, y'a pas des masses de trucs à faire. Donc j'essaie d'être aussi productive que possible, malgré les ressources plus que limitées à ma disposition. Après avoir dessiné un tatouage tribal sur l'épaule de Shannon, après m'être battue avec le distributeur pour qu'il décoince ma barre de chocolat, après être allée aux toilettes plus de fois que nécessaire, je suis là, au milieu de la salle d'attente, mon sac de couchage sur les genoux. Et, mentalement, je me félicite d'avoir le bon réflexion de toujours, TOUJOURS, conserver au moins un feutre ou deux sur moi. Je crois que je me sauve littéralement la raison, pour le coup. Parce que oui, ça doit faire une bonne heure que je suis courbée sur le tissu, un feutre rouge coincé derrière l'oreille droite, un indélébile noir derrière l'oreille gauche, et un stylo argenté dans la main. En chantonnant tout bas une suite indéfinie de notes, je griffonne, tâchant d'esquisser quelques décoration sur mon sac de couchage. Je ne peux utiliser quasiment que l'argenté, puisque la toile est foncée et que mes deux autres feutres ne se voient quasiment pas dessus, mais je me contente, de toute façon, d'aligner des traits courbes ça et là. Rien de très beau, ni de très complexe. Pas vraiment de l'art. Plutôt des gribouillis élaborés. J'ai quasiment fait tout le tour du rebord lorsqu'on prend place à côté de moi. Je redresse brièvement la tête et distingue Raphaëlle. « Je dessine dessus pour le reconnaître » j'explique, même si n'importe quelle distraction d'ordinaire étrange doit paraître normale, dans le contexte dans lequel on est plongés. Je finis par reposer mon stylo pour redresser l'échine, lier les mains, tendre les bras vers le plafond et m'étirer doucement. J'ai l'odeur de l'encre plein le nez et des paillettes argentées qui pétillent devant mes yeux. Je crois que j'ai besoin d'une pause. « Tu me le dédicaces ? » je propose alors timidement en tournant vers Raphaëlle un sourire. Oh pas vraiment une dédicace, juste une petite trace, un dessin, peu importe.

Dormir dans ses conditions ne me dérange pas plus que ça. ça me rappelle même des souvenirs, des bons comme des mauvais, ma mémoire n'est pas sélective, elle aime m'en mettre plein la figure et me laisse me débrouiller pour tout dépatouiller, pour enlever le brouillard et garder la luminosité! Lorsque ce genre de chose arrive, mon mode solitaire se met alors à fonctionner. Les sujets fréquents sont: mon présent en comparaison de mon passé. Ma carapace étant impénétrable, parce que j'ai tout fait pour qu'on ne me découvre pas si facilement. Personne ne peut m'atteindre lorsque je suis sujette à ce genre de crise, bien que le mot employé est fort. Deuxième jour dans cet espace et je redeviens peu à peu un robot. Ce n'est pas une bonne idée, je ne dois pas me renfermer. Je décide alors de chercher un peu de compagnie auprès de Shanice. Je regarde vaguement ce qu'elle dessine. Son explication me fait sourire. "Tu as bien raison, on ne sait jamais on peut se les faire voler!" dis-je en la taquinant un peu. Je me penche alors un peu plus pour voir son oeuvre. C'est à ce moment où elle décide de faire une pause. "Pourquoi pas." dis-je en lui empruntant son stylo. Je commence alors à dessiner un sigle. Qui ressemble à ce que renfermait mon pendentif. J'écris alors un merci. En français. Car Shanice m'a aidé. Shanice à été là pour moi. "Tu sais.. Si tu as besoin de parler, d'angoisse ou même de joie. De peur.. bref de tout! Je suis là! Je sais garder des secrets." dis-je en acquiesçant mes propos. Mon corps a quelques marques.