smoke on the water (closet) ♢ 23.07 à 14h29

Assis sur le sol, relativement propre, des chiottes Isidore fume une clope en faisant attention de souffler en direction de la fenêtre et de cendrer dans la cuvette. Youpi ! Il est en train de devenir un grand délinquant. Qu'on lui fasse un procès tient ! Il manquerait plus qu'on l'engueule de prendre une pause clope histoire de ne pas tout casser dans la salle d'attente. La production les torture qu'on les laisse au moins fumer, fallait prévoir un espace pour s'ils veulent pas que les fumeurs fassent un mini-aqua dans les toilettes. Quand il voit Judas débarquer il ferme les yeux. Ils se connaissent vraiment pas eux deux, ils ont bien sûr eu l'occasion de discuter de temps en temps, d'échanger des banalités, mais Judas n'a jamais attiré Isi. C'est qu'il y a un truc qu'il trouve dérangeant chez ce mec, peut-être son amour pour le rap ? Ou tout simplement le fait qu'il n'a pas une tête de gentil ? Allez savoir. « T'en veux une ? » qu'il propose sans détour, une branche d'olivier combustible, un calumet de la paix. Isidore n'est vraiment pas en état pour une conversation prise de tête et si Judas lui casse les couilles, il finira par manger l'émail de la cuvette. Là au moins la prod aura une bonne raison de virer Isi.

C’était bientôt la fin de cet enfer, encore deux jours, et c’est bon quoi qu’il arrive on devrait quitter cette salle. J’en peux plus de croiser toujours les mêmes gens, d’être avec eux h24, de vouloir m’isoler et pourtant d’avoir quand même cinq personnes autour. Bref. Je me dirige vers les toilettes, c’est Isidore. Il est assis par terre à fumer une clope. Au bout de plus de trois semaines de jeu, je ne lui avais pas adressé le moindre mot. Ptet qu’on est pas fait pour s’entendre, je sais pas, je m’en fous en fait. Il me demande néanmoins si je voulais une clope. « Ouais je veux bien, merci. » Moi dire non pour une clope, c’est pas près d’arriver. Néanmoins ça fait un peu bizarre tout ça. Fumer une clope dans les chiottes, j’ai l’impression de retourner au collège, en 6ème, 5ème. Mais tu me diras ici c’est chaud de trouver un endroit où fumer. « Bon sinon content de te barrer d’ici samedi ? » lui demandai-je, car oui, perso moi j’étais bien content de me barrer d’ici dans deux jours, en espérant ne plus jamais y mettre les pieds

Judas sous ses airs de gros durs c'est peut-être un mec cool, Isi ne juge pas, il ne le connaît pas. C'est juste qu'il ne fait pas nécessairement la meilleure des premières impressions avec sa gueule de badboy, son attitude de dur et tout ce qui allait avec. Alors quand il lui demande tout bêtement s'il est content de se faire la malle de la salle d'attente Isi est surpris. Il s'attendait pas à ça. « J'ai jamais eu autant envie de sortir d'une pièce que celle-là. » avoue-t-il en tirant une longue latte sur sa cigarette. Ce qu'il a hâte de pouvoir courir, juste courir même pas nager ou manger. Avoir la liberté de pouvoir faire quelques pas sans être heurté par un mur. « Y a rien qui m'attende dehors, mais au moins j'aurais l'espace de respirer tranquille. » Les rues de Toulouse semblent tout de suite plus attrayantes en comparaison avec le trou dans lequel on a enfermé les vingt-deux rat de laboratoire télévisuel. Isi regarde l'heure et décrète : « Encore cinquante-trois heures avant qu'on soit fixé. » Plus que cinquante-trois heures à tenir. Il pouvait le faire, ça devenait invivable mais il fallait qu'il continue à tenir le coup, s'il pouvait dormir quinze heures ça serait bien. Mais le sommeil n'a pas été là depuis une nuit déjà, c'est probablement pas pour ce soir non plus.

Le mec a l’air surpris quand je lui pose une simple question. Depuis le début de l’aventure c’est comme ça et je commençais à sérieusement envisager une chirurgie esthétique pour pourquoi pas paraitre plus gentil de visage. Bref. Il me confirma qu’il état pressé de sortir de cette pièce et je le comprenais. Deux jours à tenir encore alors que chaque jour qui passe le nombre de candidats rétrécit. Tant mieux.. si l’aventure venait à continuer bien sûr.. « La même, rien m’attend, mais au moins samedi on sera plus tous enfermé au même endroit dans si peu d’espace. » Là c’est juste l’horreur, il y a pas cinq minutes où tu peux te permettre de rester seul, il y aura toujours quelqu’un à moins de cinq mètres de toi, et pour un mec comme moi qui aime bien s’isoler c’est lourd. Cinquante-trois heures, c’est ce qu’il avait compté, j’allais pas vérifier, mais c’était plus bien long maintenant et tant mieux. « Même si dans tous les cas on quitte ce lieu, j’espère quand même que ce sera pour revenir dans le château. » Ouais car au final ça me ferait chier de quitter l’aventure comme ça, je trouve ça dommage. Je me fous de as mal de choses dans la vie, mais là j’espérais vraiment que l’aventure continuerait. Sinon c’est sûr je vais devoir retourner dans mon quotidien et devoir de nouveau supporter mon con de patron.