smoking is forbiden (mo, 20/07 à 1h00)

Maintenant qu'ils venaient tous de passer une journée entière enfermés ici Mo pouvait décemment dire qu'il s'était fait une bonne opinion de ce à quoi ressemblait leur semaine, et le moins que l'on puisse dire c'était qu'il était dubitatif. Dubitatif parce qu'il ne voyait toujours pas où voulait en venir William, et en quoi au juste ils étaient censés prouver leur motivation si on ne leur donnait pas d'autre alternative que de tourner en rond comme des lions dans une cage ? Il essayait dans la mesure du possible de garder ses états d'âme pour lui, parce qu'il n'avait aucune envie d'importuner les autres, mais cela ne l'empêchait pas pour autant de ruminer un peu dans son coin ... Et il ne savait même pas trop contre quoi, en fin de compte. Ce n'était pas un sentiment habituel pour lui, Mo était rarement amer, tout comme il était rarement de mauvaise humeur. Et pour le moment en l'occurrence, il n'était surtout absolument pas fatigué ; Comment pourrait-il l'être alors qu'il avait passé sa journée à ne naviguer qu'entre deux pièces, le pic d'intérêt du jour ayant été le moment où il avait choisi les madeleines plutôt que les biscuits secs dans le distributeur. Il ne bâillait pas de fatigue, il bâillait surtout d'ennui, et fixant le plafond de la pièce un bras coincé derrière sa nuque il savait pertinemment que le sommeil ne viendrait pas. Et puis il avait trop chaud dans ce sac de couchage, mais trop froid lorsqu'il se mettait au-dessus ... Ugh. Quelque part à sa droite il avait cru percevoir un mouvement, il ne savait pas trop, et puis finalement une paire de jambes étaient passée à côté de lui et avait retenu son attention, assez pour qu'il roule sur le côté et relève la tête juste à temps pour apercevoir Iris ouvrir la fenêtre du fond et s'y pencher comme on chercherait l'air depuis le hublot d'un paquebot. Et elle avait raison, le souci ici c'était qu'ils manquaient cruellement d'air ... chose qui n'irait sans doute pas en s'arrangeant s'ils passaient une semaine ici, comme dans un sous-marin. Décidant de se lever à son tour il avait tenté de se faire silencieux tandis qu'il rejoignait la jeune femme à la fenêtre, posant une main sur son épaule pour signaler sa présence « Hey. » D'ordinaire la fumée de cigarette l'aurait probablement dérangé un peu, même s'il n'aurait rien dit, mais pour l'instant il avait tellement envie d'un peu d'air frais que cela ne lui faisait ni chaud ni froid qu'il soit mêlé à l'odeur du tabac. « Pas assez fatiguée ? » De toute évidence ce n'était pas le bruit ambiant qui l'empêchait de dormir. En revanche il pouvait comprendre que quelqu'un d'aussi actif qu'Iris puisse avoir du mal à trouver le sommeil après avoir comme les autres passé la journée entière à se tourner les pouces. « C'est qu'une semaine, tu sais. Je suis sûr que William sera un peu moins furieux la semaine prochaine. » Elle lui avait semblé assez dépitée la veille, lorsqu'ils avaient du quitter le salon pour rejoindre cette salle après le speech du maitre des lieux. Et si cela l'avait un peu marqué c'était parce qu'Iris ne lui faisait pas l'effet d'une personne qui boudait, qui se résignait, qui se laissait abattre ... C'était une sportive, après tout.

Cela semblait être une angoisse récurrente chez bon nombre de candidats en fin de compte, cette possibilité de devoir tous rentrer chez eux à la fin de la semaine, et si Mo avait vraiment du mal à comprendre ce qu'il y aurait de si horrible à retrouver leurs petites vies et leurs habitudes il avait décidé cette fois-ci de ne pas faire de réflexion à ce sujet. Parce que de la part d'Iris il imaginait forcément un raisonnement de sportive et qu'il se disait par conséquent que ce n'était pas tant le fait de rentrer chez elle que le fait de rentrer bredouille, qui lui poserait souci. Rentrer sur forfait c'était presque pire que de rentrer sur défaite, selon lui. Alors en cela il pouvait comprendre le regard dépité de la jeune femme tandis qu'elle se saisissait de son éternel feutre pour écrire à même son bras les questions qui lui passaient actuellement par la tête. Et si, et si. Il avait haussé les épaules, avec l'air résigné du gars qui se savait sans aucune emprise sur la situation et sur ce qu'il adviendrait. « Je sais pas ... ça serait quand même vraiment trop con. » Une réflexion ô combien intelligente et qui faisait assurément avancer la situation. Mais il ne voyait pas trop quoi répondre d'autre, ils étaient tous là, métaphoriquement pendus aux lèvres de William et à son bon vouloir, et à part attendre et voir venir il n'y avait pas grand chose à faire. « Je suis pas venu là pour ça, et je pense que toi non plus. » Pour repartir de cette façon, sans que ce soit en suivant le cours du jeu. Et sans avoir pu profiter pleinement de ce que cette émission était supposée lui apporter. Toujours penché à la fenêtre, il se demandait ce qui se passerait si l'un ou l'autre décidait d'enjamber pour sortir ; Après tout ils étaient au rez-de-chaussée, la seule chose qui les empêchait de le faire c'était la peur de la sanction qui leur pendrait au nez ... Sûr qu'on les mettrait dehors cette fois-ci, pour de bon. « Je suis sûr que tu étais le genre ado rebelle qui faisait le mur. » qu'il avait fait remarquer d'un ton amusé, pour changer un peu de sujet. Il disait ça un peu pour la titiller, il n'était même pas certain que ce soit vrai, quoi qu'il l'imaginait assez bien se contorsionnant pour s'évader par la fenêtre de sa chambre en tentant de ne pas faire de bruit, après avoir arrangé les oreilles sous sa couette de manière à tromper un œil peu averti. Et puis surtout Iris avait typiquement l'air de la nana contrariante, qui disait noir si on lui disait blanc juste pour le principe ... C'était ce qui amusait Mo, chez elle, entre autres choses.