i'd rather go blind, 22/07 - 01h18

w/kendra

Ne pas bénéficier de douche, voilà le vrai calvaire de la semaine. Jan parvient très bien à dormir dans un sac de couchage, son dos le supporte très bien, tout comme son estomac supporte très bien d’être nourri à base de barres de chocolat et de thé froid citron, puisqu’il s’agit-là de son régime alimentaire de base, donc ça lui fait pas un grand changement. Non, le pire, c’est vraiment de ne pas pouvoir avoir accès à une vraie douche et de devoir se contenter d’un maigre lavabo. Déjà que Jan a de la peine avec les douches mises à disposition dans le château, vu qu’il est pas à l’aise avec son corps ni avec la nudité, se laver à la vue de tout le monde lui déplait fortement, raison pour laquelle il ne se déshabille jamais totalement. Mais au moins, il peut faire vite dans une douche, ce qui n’est pas le cas d’un lavabo qui demande tout de même un peu plus de temps et éventuellement d’agilité, notamment pour se laver les cheveux. Alors on ne peut pas dire que Jan soit ravi que les lavabos représentent leur seule source d’eau pour se nettoyer, à ça non. Mais comme il tient à son hygiène corporelle malgré les conditions, il a trouvé des parades pour se rendre jusqu’ici une fois par jour, soit en début de matinée, soit au milieu de la nuit. Et c’est la seconde option qui l’emporte aujourd’hui, puisque le voilà peu après une heure du matin, torse nu devant le lavabo. Il a juste pris la peine d’enlever son t-shirt dans l’immédiat, trop inquiet à l’idée que quelqu’un débarque. Et le voilà qui s’apprête à se nettoyer, quand son regard croise une mouche traînant près du lavabo, avec qui il engage la conversation tandis qu’il attend que l’eau soit à la bonne température. « Tu sais, j’aimerais vraiment être comme toi, ou alors un scarabée, n’importe quoi, pour me baigner dans ce lavabo, parce que toi tu te rends pas compte de ce que je vis, je rêve d’une douche chaque fois que je ferme les yeux, tu trouves ça normal, toi ? » Qu’il questionne l’insecte tandis qu’il savonne un gant de toilettes, avant de faire sa toilette. Ce n’est qu’une dizaine de minutes après qu’il est surpris par l’entrée d’une autre personne, qui s’avère être Kendra. Cherchant du regard son t-shirt, Jan abandonne cependant bien vite l’idée de s’habiller… parce qu’il n’y arrivera pas, tout simplement. Alors il faut qu’il parle de tout et de rien plutôt que de se laisser submerger par la gêne. « Ah Kendra ! Dis-moi, t’aurais pas ton carnet à croquis avec toi ? Et des crayons ? Parce que je m’ennuie vraiment trop, donc si tu as une feuille en trop moi je la veux bien, vraiment, tu me sauverais. » Il n’a pas vraiment besoin de réfléchir à un sujet de conversation, vu qu’il s’ennuie tellement et qu’il prend tout ce qu’on peut lui donner pour s’occuper. Et puis, réalisant que sa demande est peut-être malhonnête – c’est le matériel à Kendra après tout – il se reprend bien vite. « Ou alors si je peux juste feuilleter ton carnet pour apprécier tes dessins, ça me va aussi. » Il dit en tournant légèrement la tête vers elle, un sourire aux lèvres. Elle dessine bien, apprécier ce qu’elle fait serait déjà une manière de s’occuper.

Il pensait qu’en squattant le lavabo des toilettes il aurait la paix pour faire sa toilette, or c’est mal connaître les lieux et la notion d’intimité qui n’existe pas. En temps normal, ça ne le dérange pas, c’est le premier à fuir la solitude, mais la douche – ou plutôt ce qui s’apparente à une douche en cette semaine dépourvue du moindre confort – c’est un moment sacré qu’il aime passer seul. Mais ce n’est pas lui qui va demander à Kendra de faire demi-tour, d’autant qu’il apprécie la jeune femme. Et même si ce n’était pas le cas, il déteste être contrariant, alors s’il y en a un qui doit quitter les lieux, ce sera lui. « C’est pas pour toi. » Qu’il murmure pour lui en se recroquevillant sur lui-même à défaut de pouvoir enfiler son haut. Il a jamais été très à l’aise avec tout ce qui concerne l’intimité, peut-être parce qu’il n’y a jamais été confronté directement et que ça lui est assez inconnu. Alors quand elle retire son haut, Jan se contente de se tourner un peu et d’éviter soigneusement de poser ses yeux sur Kendra, et ce, jusqu’à ce qu’il quitte la pièce ou qu’elle se rhabille. Ça ne l’empêche pas de poursuivre leur conversation, d’autant plus qu’il a une demande à formuler, demande bien vite acceptée par la jeune femme, lui dessinant un sourire aux lèvres. « Je veux bien, alors, parce qu’il y a pas grand-chose à faire ici à part regarder les murs et manger, donc t’imagine pas comme une feuille et un crayon ça peut me faire plaisir et surtout me sauver, vraiment. » Nul doute qu’il fera bon usage du matériel qu’elle lui prêtera, ou donnera dans le cas de la feuille, car c’est véritablement quelque chose qui pourra lui changer les idées, même si la semaine est déjà un peu avancée, c’est justement ça qui l’aidera à tenir jusqu’à samedi. « En tout cas, c’est vraiment gentil, merci Kendra. » Il n’aurait jamais osé lui piquer son matériel ni vu, ni connu, et il avait peur d’essuyer un refus, alors il ne peut lui en être que reconnaissant. Quant à la possibilité de feuilleter son carnet de dessin, là-aussi la réponse est positive. « Oh avec plaisir alors, si ça t’embête pas ! Je viendrais vers toi dans la journée, là c’est pas trop l’heure pour ça quand même. » Qu’il réalise en pensant aux masses endormies qui squattent la salle d’attente, il se voit mal feuilleter le carnet dans la quasi-obscurité. Et allumer la lumière pour prendre le risque de déranger tout le monde n’est pas une solution envisageable. De plus, Jan ayant cette tendance à parler pour rien, nul doute qu’il commentera chaque dessin, faut qu’il trouve un moment où sa voix se mêlera à celles des autres. Kendra lui annonce par la suite qu’elle a presque terminé sa fille-loup, faisant ainsi référence au dessin dont il a pu avoir un aperçu il y a deux semaines. Aperçu qui lui avait beaucoup plu, au point où il avait émis l’envie de voir l’œuvre une fois terminée. « Oh c’est vrai ? Tu me diras quand il sera vraiment terminé, pas vrai ? Parce que ça tient toujours, j’ai envie de voir le dessin fini. » Il avoue en affichant un sourire. Raison de plus pour espérer que l’aventure continue ; afin qu’elle puisse terminer ce dessin et qu’il puisse le voir une fois finalisé. « Tiens, d’ailleurs, comment ça se fait que tu dormes pas ? Je peux te le demander ou ça se fait pas ? » Il ne se rend pas toujours compte de son indiscrétion, et comme il ne veut jamais déranger, il préfère qu’elle le lui dise si c’est le cas. Mais c’est vrai que ça le surprend qu’elle soit réveillée, bien que l’heure ne soit pas si tardive que ça, pour certains.