say something ◊ adan (02/04)

Revenir au sein de Thrown Dice me procure un véritable plaisir, à vrai dire, j'ai l'impression de n'avoir jamais quitté les lieux et des dizaines de souvenirs me reviennent sans arrêt en tête. D'ici une semaine, tout sera terminé. Je vais devoir reprendre ma vie et d'un certain côté, je n'en ai aucune envie. Je fais le tour du château, me rappelant d'un souvenir distinct à chaque endroit passé au sein du jeu. Pourtant, il y a une pièce que je n'ai jamais visité et que j'aimerais voir au moins une fois avant de quitter le jeu. Je monte alors jusqu'au dernier étage du château où se trouve le repère des tourtereaux. C'est bizarre, cet endroit ne m'a jamais intéressé jusqu'à là, tout les candidats qui y gagnaient l'accès ne m'ont jamais donné vraiment envie, pourtant à cet instant j'ai vraiment hâte de découvrir la pièce. A peine ai-je ouvert la porte que mon regard ne s'attarde pas sur les lieux qui semblent pourtant magnifique, mais seule la créature blonde face à moi attire mon regard. Elle me salue d'un ton neutre, comme si rien n'avait changé. Je m'avance alors vers elle pour finir par m'asseoir sur le lit. « Pourquoi tu t'adresses à moi comme si on était deux parfait inconnus ? » Je la fixe alors sans expression, je cherche juste après son regard pour pouvoir y lire son expression. Son bonsoir me semblait si loin, si différent de ce qu'on était habituellement à deux.

Adan ne semblait pas franchement heureux de m’entendre le saluer ainsi, comme un vulgaire candidat. A sa place, j’aurai réagi pareil mais je ne savais pas comment m’y prendre. Je l’avais vu, derrière mon écran, lors d’une conversation avec Hiroo qui m’avait pas mal chamboulée, et le fait de ne pas avoir de ses nouvelles après avoir passer presque 24 h / 24 à ses côtés m’avait fait de la peine. Enormément de peine même, mais j’essayais de ne pas le montrer. « Je pensais que tu m’avais oubliée, rayée de ta mémoire. » Balançais-je alors, presque triste. Je l’avais pris ainsi, et peut être aurais-je dû faire le premier pas lors de sa sortie, voir même l’attendre mais je n’en avais pas eu le courage. En soit, j’étais heureuse de le retrouver dans cette pièce même si je me fichais pas mal de ce qu’elle représentait. Le simple fait de le voir, toujours aussi charmeur et ténébreux me faisait craquer, me rendais toute étrange alors que je lui en voulais. C’était comme-ci je ne pouvais pas lui en vouloir, je n’y arrivais pas. La rancune était pourtant l’un de mes défauts, mais pas avec lui. « Je suis contente de te revoir, je n’y croyais plus. » Lançais-je alors, d’un ton plus radouci, plus chaleureux.

Je ne pensais pas que Thaïs m'en aurait voulu de ne pas avoir cherché un quelconque contact avec elle après ma sortie. C'est vrai que passer deux longues semaines loin d'une femme que j'ai côtoyé chaque jour fut difficile, je peux comprendre qu'elle le prends mal, mais j'avais mes raisons. « Jamais ... Je ne pourrais jamais t'oublier Thaïs. » J'ai dû mal à lui dire clairement ce que je pense, j'essaye de ne pas paraître aussi distant, mais c'est compliqué, je n'ai plus eu à dire ce que j'avais sur le cœur à une femme depuis si longtemps. Ma défunte épouse lisait en moi comme dans un livre ouvert, alors j'avais rarement besoin de parler de sentiment avec elle à vrai dire, tandis qu'avec Thaïs, j'ai besoin de m'exprimer, de lui dire clairement les choses comme elles sont. « A vrai dire, durant cette semaine que j'ai passé à l'extérieur, j'avais besoin d'être loin de toi. » Toujours assis sur le lit, je baisse la tête comme si je n'assumais pas de la regarder droit dans les yeux. « J'avais besoin de savoir si ta présence me manquerait vraiment. » Je prends mon courage à deux mains et décide de me lever pour avancer jusqu'à elle, tandis qu'on est très proche l'un de l'autre, je rentre en collision avec son regard et finit par lui caresser la joue. « Thaïs ... Je pense que je suis en train de tomber amoureux, mais ça m'effraie. » Oui, j'ai peur. Peur de ne plus savoir aimer, peur de la faire souffrir et peur de ne pas savoir gérer. Je reste alors silencieux, posant mon front contre le sien sans trop savoir comment vraiment lui exprimer mes sentiments qui se sont développés au fil du temps. Je reste don c inerte, fixer sur ses yeux qui me paraissent encore plus beau qu'avant.

Je me sentis rougir lorsqu’il m’avoua ne jamais pouvoir m’oublier. Ce sentiment, je le ressentais moi aussi, étrangement. Pas un seul jour n’était passé sans que je pense à lui, sans que je regarde la télévision ou les replays de l’émission pour revoir les moments que nous avions vécu et le reste. Je connais Adan, et je sais à quel point cette simple révélation est un sacré effort pour lui. Il n’est pas du genre à se confier, j’arrivais parfois à le rendre différent mais il restait un homme ayant énormément souffert et restant distant avec les autres. « Jamais je ne le pourrais moi non plus. » Dis-je alors, en souriant. Je retrouvais peu à peu ce cher Adan qui me faisait tant craquer, cet homme que j’avais appris à connaître au fur et à mesure du temps. Puis, je sentis dans son regard qu’il s’apprêtait à me confier quelque chose, quelque chose de bien plus important. Il avait eut besoin de prendre ses distances, pour voir si je lui manquais réellement. Je pouvais le comprendre, non je le comprenais même et j’y voyais un peu plus clair désormais. Je n’eu le temps de dire quoi que ce soit qu’il continua sur sa lancée. Et là, mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Il venait de m’avouer qu’il tombait amoureux de moi et j’étais littéralement pétrifiée, incapable de dire quoi que ce soit. J’étais à la fois surprise et heureuse et je ne savais pas quoi dire. Lorsqu’il s’approcha pour déposer son front contre le mien, un frisson me parcouru. Je pris alors une grande inspiration. « Je.. Je comprends, moi aussi ça m’effraie. » Confiais-je à mon tour. J’étais presque en cavale, je n’avais pas une vie des plus simples et je me demandais bien comment une histoire d’amour pouvait survivre à tout ça. « Tu m’as tellement manqué Adan. » Dis-je alors, en souriant. Puis, après une courte hésitation, je décidais de l’embrasser. Tendrement. Je ne voulais pas le brusquer, mais j’en avais tellement envie depuis si longtemps. Je me reculais ensuite, presque désolée pour ce geste et le regardais, sans trop savoir comment aborder toutes ses choses qui me tracassaient.

Avouer mes sentiments de cette manière n'était pas dans mes plans, mais je ne peux pas faire semblant que tout est normal entre Thaïs et moi, alors que tout à changé depuis ses deux semaines de séparation. Je lui livre alors de manière maladroite mes sentiments et contrairement à ce que je pensais, elle ne semble pas réticente. Elle me dit alors qu'elle aussi ressent certaines craintes et je sais que c'est directement liée à son secret qui ne l'est plus et qui à eu pour effet de me surprendre. Imaginer qu'une fille aussi douce et gentille que Thaïs puisse être accusé et poursuivi pour des choses qu'elle n'a pas fait, je trouve ça tellement dur. Je la fixe droit dans les yeux, tandis que pour la première fois depuis longtemps un sourire heureux et tellement sincère s'installe sur mes lèvres. Un sourire interrompu par les lèvres de Thaïs qui prennent possession des miennes dans un baiser tendre et tout en retenu. Rendre ce baiser à Thaïs me terrifie. Embrasser Hiroo ou un autre candidat sans arrière pensée ne m'a jamais dérangé, mais savoir que ce baiser signifie beaucoup plus, j'ai presque peur de me lancer, d'ailleurs c'est bien la jeune femme qui a fait le premier pas. Je me rends vite compte qu'elle essaye de ne pas me brusquer, mais je ne peux pas jouer le lâche plus longtemps, après tout je suis un homme et je dois me comporter comme telle. Alors qu'elle recule son visage, je ne réfléchis pas et j'attrape entre mes mains ses joues et je lui offre alors un baiser plus passionnée. Je finis par reculer et je repose de nouveau mon front sur le sien. « Je veux en comprendre plus sur toi, sur ce que tu as dû cacher pendant tout ce jeu. » Je parle bien évidemment de son secret, je veux savoir pourquoi son père lui à fait une telle chose. Je ne peux comprendre qu'un parent puisse faire ça à sa fille.

Jamais je n’aurais pensé vivre une histoire au sein du jeu, et encore moins tomber amoureuse aussi facilement. Mais Adan était totalement le genre d’homme que j’aimais et malgré son passé douloureux qui me faisait peur, je ne pouvais pas – ou plus – me passer de lui. C’était ainsi. Je restais tout de même assez distante après mon baiser, ne sachant pas vraiment comme il réagirait et je fus surprise de voir qu’après quelques secondes, il me rendit ce baiser de façon plus fascinante, plus passionnée. J’en étais toute émoustillée, j’avais chaud et je souriais comme une gamine. Mais j’étais heureuse et voilà tout ce qui comptait pour moi. Adan voulu en savoir plus ensuite sur ce secret que j’avais révélé lundi soir, qui avait certainement dû l’étonner. « Tu dois te dire qu’une émission n’est pas la meilleure façon de fuir. » Lançais-je alors, avant de reprendre. « Je voulais dénoncer mon père, montrer au monde quel homme horrible il est. Le business passe avant tout pour lui, même avant sa propre famille. » Une larme coula le long de ma joue, que je m’empressais d’essuyer. « Tu sais, je pensais vraiment que j'avais de l'importance à ses yeux. Mais malgré cela, je crois qu’il avait peur que je lui prenne sa place et il m'a prouvé que je n'avais aucune importance dans son entreprise, dans son coeur. » J’avais perdu tout ce que j’avais, je n’osais même pas rentrer en Grèce étant donné la situation. Mais je gardais cet espoir, ce large espoir que la situation s’inverse et que mon père se retrouve derrière les barreaux. Mais les gens n’ont que faire des dires d’une jeune femme de 22 ans…